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RIMBAUD, "Le dormeur du val"

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Par   •  25 Septembre 2019  •  Commentaire de texte  •  1 498 Mots (6 Pages)  •  670 Vues

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RIMBAUD, Le dormeur du val

Introduction :

C’est un des sonnets les plus célèbres de Rimbaud en raison de son coup de théâtre final : le personnage central du poème qui semble profiter d’un endroit idyllique pour faire une sieste est en réalité mort. Le titre déjà associe  les deux éléments principaux du poème et annonce l’euphémisme qui va parcourir tout le texte : le sommeil est l’atténuation de la mort. Le substantif « dort/meurt » contient d’ailleurs phonétiquement cette ambiguïté.  Tout le sonnet est écrit en vue du dernier vers, voire des dix dernières syllabes. Grâce à l’habileté de son écriture, le poète parvient à masquer la vérité jusqu’à la chute grâce à un savant équilibre entre éléments inquiétants et éléments rassurants.

Problématique : Comment Rimbaud parvient-il à transformer une scène macabre en un tableau vivant et esthétique ?

L’étude suivra la composition du texte qui s’ouvre d’abord sur une vision d’ensemble du cadre naturel avant de donner à voir de plus en plus précisément le soldat jusqu’au gros plan final des impacts de balle qui donne un nouveau sens au sonnet.

I) Présentation élogieuse du val (quatrain 1)

Le sonnet s’ouvre sur une nature à tout point de vue enchanteresse qui est donnée à voir au lecteur dans une longue phrase construite autour du présentatif « c’est » (v.1 et 4).

La périphrase « trou de verdure » désigne le val mentionné dans le titre et suggère un lieu clos, au calme, à l’abri du danger. Au départ, le terme, bien que peu poétique, est connoté positivement, mais rétrospectivement, il se charge d’un autre sens : il rappelle les « trous rouges » marquant la mort du soldat et il évoque davantage une tombe, une fosse qu’un lieu protecteur.

Cependant, la présentation élogieuse du lieu qui suit masque ce premier indice car il est associé à :

- la vie (nature personnifiée : « chante », « fière » ; présence de la terre, eau, feu)

- la joie (la métaphore du chant ; l’adverbe « follement » ; l’adjectif « petit »)

- la couleur et la lumière (rejet de « argent » et « luit » ; le soleil ; le vert ; la métaphore enfantine « mousse de rayons » : le val est inondé de lumière)

En vérité la beauté, la gaieté et la tranquillité  qui se dégagent de ce tableau est un trompe-l’œil. Dans ce cadre idyllique, le lecteur ne peut concevoir que se cache l’horreur, il est en quelque sorte conditionné dès le début du poème pour ne pas percevoir la cruelle vérité, d’autant plus que l’euphémisme du titre (« dormeur ») associe le lieu à un repos paisible et non à la violence et à la mort. La nature est une invitation au bonheur (voir le poème « Sensations ») et l’homme fait la guerre au lieu d’en profiter.

II) L’évocation du dormeur dans la nature : entre sérénité et inquiétude (v.5 à 14)

A) Vision de loin (Quatrain 2)

De ce paysage plein de vie, le regard passe maintenant à l’humain pour une présentation progressive. Le terme de « soldat » peut surprendre car l’univers de la guerre semblait loin. L’adjectif postposé « jeune » laisse croire qu’il a toute la vie devant lui. A la seconde lecture, on comprend que Rimbaud dénonce en fait la société qui envoie la jeunesse à la mort.

Rimbaud livre un portrait ambigu du soldat.  De prime abord, il semble se reposer :                          - « dort » renvoie au sommeil évoqué dans le titre et le rejet met en valeur l’action. L’herbe devient d’ailleurs, grâce à une métaphore, « un lit vert » confortable. Le soldat semble profiter de ce coin paradisiaque pour prendre su bon temps.  Le val est toujours aussi coloré et lumineux (métaphore « lumière pleut »).

- la tête nue symbolise chez Rimbaud la liberté (voir « Sensation ») et rime avec « nue » désignant les cieux laissant penser qu’il est heureux, dans ses rêves.

Mais certains indices sont troublants :

- la préposition « dans »  présente à chaque vers montre en fait qu’il est peu à peu enterré, rappelant ainsi le « trou » initial. Ce val est sa fosse.

- le lieu n’est pas si propice pour la sieste : trop lumineux (métaphore « lumière pleut », lumière presqu’irréelle) alors qu’il est tête nue ;  trop humide avec le participe présent « baignant » qui suggère d’ailleurs la présence de sang (le cresson est bleu).

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