Portrait de Mlle de Chartres
Commentaire de texte : Portrait de Mlle de Chartres. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mile • 10 Décembre 2017 • Commentaire de texte • 2 032 Mots (9 Pages) • 4 022 Vues
LA n°1 : le portrait de Mlle de Chartres
Introduction : sur cours.
Problématique : en quoi ce portrait est-il annonciateur d’un destin tragique ?
I) Une héroïne idéalisée dans le goût classique
a) Une apparition retardée et mystérieuse
● Le personnage principal est annoncé dans un passage narratif au passé simple de façon anonyme. Après bien des périphrases, son identité n’est révélée qu’à la fin du texte l.29 : « la grande beauté de Mlle de Chartres ». ». C’est donc une présentation retardeé, progressive et dramatisée (effet théâtral) ce qui a pour double effet d’accentuer le caractère exceptionnel de l’héroïne et d’installer du suspens.
● Le portrait physique est très peu détaillé. Il demeure abstrait. Beauté suggérée et non décrite : « ses traits étaient réguliers » (l.31). Loin de tendre au réalisme, la narratrice nous fait imaginer l’héroïne. L’abstraction du portrait et l’art de la suggestion participent à l’idéalisation de la princesse : elle est tellement belle qu’elle ne peut être décrite. Le flou de son apparition ressemble à une vision (« il parut » l.1). C’est une révélation tellement éclatante que l’apparition l’emporte sur la précision (beauté aveuglante). Le portrait physique ne démarre qu’à la ligne 30 et apparait toujours aussi peu détaillé, à la manière des romans héroïques.
b) Une apparence physique parfaite
● Portrait physique à la fin est conforme aux canons de la beauté classique : la « blancheur de son teint » (l.30) est un signe de noblesse, « les traits réguliers » (l.31) traduisent l’idée d’harmonie chère au classicisme et « les cheveux blonds » sont associés à l’or et au soleil. Beauté idéalisée et stéréotypée (cliché)
● Les dénominations insistent sur sa beauté qui devient le critère constitutif de l’identité de l’héroïne (champ lexical de la beauté) : « une beauté à la Cour » (l.1). En effet, elle est nommée à travers cette métonymie et non grâce à son nom de famille.
● Le lexique est hyperbolique à travers des adjectifs (« la grande beauté » l.29) et l’usage de tournures superlatives (« un éclat que l’on n’a jamais vu qu’à elle » l.31). Le lexique est mélioratif grâce à des adjectifs (« une bauté parfaite » l.2). Jugement valorisant de la narratrice : « avec raison » (l.30)+ pronom indéfini (« tout le monde » l.1), déterminant (« tous ses traits » l. 31) = lexique valorisant d’où un portrait subjectif qui est en fait un éloge.
c) Une origine sociale élevée
La narratrice insiste sur son identité sociale : la noblesse (l.4). Les dénominations (« cette héritière » l. 24) et les tournures hyperboliques mettent en valeur l’excellence de sa situation (l.4 : une des plus grandes héritières+ l.24 : superlatif, l.26 « extrêmement glorieuse »). Sa lignée est tellement renommée qu’aucune proposition de mariage ne satisfait Mme de Chartres.
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Transition : ce portrait, loin de tout réalisme, ne poursuit pas un but référentiel : le lecteur ne peut pas se représenter l’héroïne dans sa tête. Il sert à la différencier des humains et à faire rêver le lecteur : c’est un éloge. Mais à cette idéalisation s’ajoute l’idée d’une exception : elle est parfaite et radicalement étrangère à la société dans laquelle elle s’apprête à entrer.
II) Une jeune femme exceptionnelle
a) Une entrée dans le monde remarquée
● Mlle de Chartres apparaît d’autant plus exceptionnelle et distinguée qu’elle se fait remarquer dans un lieu d’exception : la cour (« elle donna de l’admiration dans un lieu où l’on était si accoutumé à voir de belles personnes » l.3). L’adverbe d’intensité « si » souligne le caractère banal de la beauté à la Cour et l’altérité que représente l’héroïne : sa beauté est d’un genre radicalement autre, neuve, exotique.
● Elle détonne à la Cour puisqu’elle provoque à la fois l’admiration et la surprise. Admirer quelqu’un signifie, d’après l’étymologie latine (« admiror ») à la fois l’émerveillement et l’étonnement. La surprise du Vidame de Chartres est accentuée par la répétition du mot « surpris » (l.29).
= point de vue interne de la Cour et du Vidame du début à la ligne 3 puis de la ligne 28 à la fin.
● Elle est isolée dès le départ puisqu’aucun parti ne semble acceptable selon sa mère (l.27). Celle-ci ambitionne pour sa fille un mariage exceptionnel.
b) Une éducation hors du commun
● Une mère exceptionnelle : le récit effectue un retour en arrière (une analepse) à partir de la ligne 5 jusqu’à la ligne 28. Ce passage est dominé par la figure de Mme de Chartres. L’énumération de ses qualités l.6 la met en valeur. Après le deuil de son mari, elle choisit de se retirer de la Cour pour s’occuper de l’éducation de sa fille. Elle apparaît comme une femme de haut rang et une veuve dévouée (sacrifice d’elle-même : abandon de la vie mondaine). Les verbes « travailler » et « cultiver » l.10 évoquent l’idée d’un sacerdoce, d’une tâche longue et minutieuse.
● L’idéal de l’honnête femme : programme éducatif fondé sur la vertu (l.10). Il s’agit d’inculquer des valeurs grâce à un système d’oppositions : hommes libertins/honnête femme (l.16/17), vie faite d’infidélités (l.17)/vie conjugale, vie malheureuse car passionnée/vie heureuse car paisible (l.18). L’enseignement condamne la passion amoureuse et blâme la malhonnêteté des hommes (l.16 critique renforcée par l’énumération) : le bonheur provient d’un amour réciproque dans le cadre du mariage (l.23). Enfin, la maîtrise des sentiments afin de garder le contrôle de soi est essentielle : la passion est une tendance naturelle auquelle on ne peut résister qu’au prix d’une constante lutte contre soi (l.21). L’honnête femme se caractérise par la victoire de la raison sur la passion grâce à une éternelle viligance vis-à-vis des hommes (corrompus) et soi-même (corrompue).
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