Parfum exotique, Baudelaire

Parfum exotique, Baudelaire

INTRO :

Les Fleurs du mal de Baudelaire, recueil publié en 1857, contient de nombreux poèmes sur le thème du voyage, dont le sonnet "Parfum exotique" fait partie. Placé dans la partie "Spleen et idéal", les alexandrins du poète évoquent un voyage onirique, inspiré par l'odeur de la femme aimée – qui était, selon toute évidence, son amante Jeanne Duval, métisse venant d'un pays que les biographes n'ont pas su identifier avec exactitude.

I) Structure

A. Ponctuation.

• 2 quatrains = 1 phrase.
  2 tercets = 1 phrase.
  Dans les quatrains, on voit les détails : des hommes, des femmes, arbres, fruits. Dans les tercets, on a une vision plus éloignée, on va vers le lointain : voile, mat, mariniers.
• Les liaisons sont fortes entre chaque quatrain et chaque tercet : « ; » entre les quatrains et « , » entre les tercets. « je vois » dans le 1er quatrain a des COD dans le 2nd quatrain.

B. Syntaxe.

• Quatrain commence par « quand... » (temporelle) + principale « je vois » + relatives « qu'... » « où... » « dont... ».
  Tercet : principale « je vois... » + temporelle « pendant... » + relative « qui... ».
  Les temporelles donnent le contexte qui permet la vision intérieure : contexte = fermer les yeux donc les principales suppriment le contexte présent.
• Les principales sont l'évocation et les relatives les précisions.
• Synthèse : l'évocation suggérée par le sens (parfum suggère odorat) passe par la disposition du contexte présent pour accéder à un idéal.

I/ Un poème intime

→ Utilisation du « je » et s’adresse directement à F. en la tutoyant= sonnet + intimiste. Cette femme, évoquée dans le 1er quatrain du poème, pourrait être l'amante du poète, comme le suggèrent de nombreux indices indiquant l'intimité entre le poète et la femme.

→ Plusieurs conditions rendent ce cadre intime : Chaleur, Soir (moment propice à l’endormissement), Automne (saison propice à la nostalgie)

→ CL chaleur peut être compris comme évocation de la chaleur amoureuse , sensuelle.

→ F. semble être dénudée lors de cette première évocation, puisque le poète évoque au 2ème vers "ton sein chaleureux" : ce "sein" symbolise l'intimité du couple avec une connotation presque érotique, mais a ussi la maternité et le bonheur de l’enfance, ce qui n'est pas étonnant dans la poésie baudelairienne, où la femme aimée peut souvent évoquer des liens familiaux (cf. Le premier vers de "l'Invitation au voyage" : "Mon enfant, ma sœur").

 → Alors qu’on pourrait croire qu’il s’agit d’un poème d’amour avec les 1ers vers, B. va donner livre cours à la rêverie d’un paysage idéal.

II/ Un monde sensuel

On relève la présence des 5 sens dans ce sonnet :

• L’odorat= +++ puisqu’il donne même son titre au sonnet. C en effet le parfum de F. qui guide le poète.
• La vue « je vois »
• Le gout « fruits savoureux »
• Le toucher « m’enfle la narine »

→ On relève aussi la présence des 4 élements :

• Feu
• Eau « port »
• Terre « rivages »
• Air

III/ Un voyage onirique

1. Tableau exotique

→ Caractéristiques de l’exotisme (cher à B.) :

• Mer « rivages » « vague marine »
• Soleil « éblouissent » « charmants climats »
• Nature abondante -> sujet du vrb « donne » + substantifs au pluriel= générosité
• Langueur tropicale : cette générosité permet à l’homme de rester oisif.  « l'île paresseuse »  évoque des ailleurs exotiques (possiblement autobiographiques, puisque Baudelaire a fait un voyage qui l'a mené aux îles Maurice et de la Réunion)
• Nudité : ne suggère pas l’érotisme mais l’innocence 

→ Enjambement v 5 et 6 suggère la plénitude, l'évidence du don de la nature. Les arbres et les fruits sont visiblement différents de ceux auxquels le poète est accoutumé : "des arbres singuliers" souligne cette différence.

→ L’exotisme se remarque avec la description des habitants de l’île :

• Les hommes sont découverts et possèdent un corps athlétique contrairement aux gras bourgeois euro. 
• Les femmes sont plus franches que ce à quoi il a été accoutumé : "Des femmes dont l'oeil par sa franchise étonne".

→ Assonance en « eu » souligne la langueur et « i » « a » l’éblouissement et l’éclat du paysage.

B. Un jardin d’Eden pour Baudelaire

→ Poème construit un lieu utopique dont le caractère est introduit dans  la 1ère strophe « rivages heureux » « qu’éblouissent le feux d’un soleil monotone » -> hyperbole des rayons éblouissant le soleil et antithèse avec la monotonie.

→ Tous les éléments de l’île possèdent une connotation méliorative

→ Description d’un nouveau jardin où personne L, Hommes nus, nature fournit nourriture facilement, amour/bonheur existent

C. Un rêve

→ Sensation olfactive sert de point de départ au voyage intérieur de B.

→ Des début, le poète nous prévient du caractère onirique de sa vision « yeux fermés » « esprit voyage » « je vois dérouler » → Voyage est donc aussi spitrituel

• 1er  quatrain = celui de l'endormissement, du début du rêve. Il est suggéré par l'insistant pléonasme "les deux yeux fermés" du vers 1, mais aussi par le terme "soir", ou encore "automne", saison qui pourrait être une métaphore de l'endormissement des sens.
• 2ème  quatrain = celui de la vision du lieu rêvé, vision paradisiaque, comme le suggère l'impression d'abondance : des vers 6 à 8, un parallélisme syntaxique présent en anaphore, constitue également une énumération de tout ce qu'on trouve sur l'île : "Des arbres ... des fruits / Des hommes (...) / Et des femmes". L'usage systématique du pluriel contraste avec l'épithète "singuliers", au vers 6, qui vient souligner de manière comique que tous ces éléments sont uniques, exceptionnels.

→ C’est rêve amoureux provoqué / F. mais c’est aussi elle qui le continue « guidé… »

→ Rêve est constitué par l’environnement paradisiaque mais aussi  par le moment d’intimité partagé.

→ Description de cette rêverie conduit à la définition du bonheur

→ Bonheur conjugue immobilité et mouvement.

→ Tous les sens / synesthésie participent à son bien-être

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