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Molière : le malade imaginaire ( Acte I scène 5 )

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Par   •  15 Mars 2022  •  Commentaire de texte  •  1 609 Mots (7 Pages)  •  5 248 Vues

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Lecture linéaire, Le malade imaginaire de Molière, 1673.

, Acte I, scène 5 (extrait)

Introduction : Illustre dramaturge et écrivain français, Molière, fut aussi comédien, chef de troupe et metteur en scène. Dernière comédie de Molière, Le Malade imaginaire (1673) est une comédie-ballet qui met en scène un bourgeois hypocondriaque, Argan, qui veut à tout prix que sa fille, Angélique, épouse un médecin. Or, celle-ci est amoureuse de Cléante. L’insolente servante, Toinette, prend ici le parti de la jeune fille contre son père, provoquant une discussion qui tourne vite, en cette fin de scène 5 de l’acte I, à la dispute.

Nous nous demanderons quels sont les mécanismes et les enjeux de ce passage farcesque.

2 mouvements : l’affrontement comique d’égal à égal (l.1 à l.6), la dispute farcesque qui soulève le thème du mariage forcé (l. 7 à 25)

farce→ Genre théâtral médiéval qui met en scène des personnages et des situations grotesques et stéréotypés.

  • 1er mouvement : Un affrontement comique d’égal à égal (l.1 à l.6)

L1-2 : 

« Le mari que je dis » met tout de suite en place le thème du mariage forcé, décidé par Argan qui affirme son autorité : « que je dis ».

Utilisation des pronoms : « je » du maître face au « moi, je » de la servante → Toinette affirme son individualité et s’oppose de manière frontale à Argan.

Elle n'a pas peur de lui→ Comique de situation + Comique de mots → Toinette reprend les mots utilisés par Argan (adv : absolument, maître, servante, « je lui commande » / « je lui défends »). Ces parallélismes créent un effet comique car Toinette n’a pas le pouvoir de faire ce qu’elle dit et son audace amuse.

« Et moi » en tête de phrase souligne qu’elle s’impose.

L3-4 :

Réaction d’Argan→ 2 questions rhétoriques →Il exprime son indignation, et rappelle la hiérarchie sociale = le statut social inférieur de Toinette et son devoir d’obéissance.

Mise en opposition des mots « servante » / « maître ». Toinette est bien perçue par Argan comme une audacieuse et une « coquine », ce qu’elle va prouver par la suite.

L5-6 :

Antithèse → un maître « qui ne songe pas à ce qu’il fait » / « une servante bien sensée ». Toinette riposte ici et justifie son attitude en l’interprétant comme un devoir de protection envers son maître qui n’a plus toute sa tête.

Elle souligne sa sagesse : « servante bien sensée » (Comique de caractère : maître colérique / servante sûre d’elle et insolente).

Elle se place sur le même terrain que son maitre : celui de la généralisation (présent de vérité générale), et reprend ses termes en chiasme, ce qui souligne son opposition : « coquine de servante... devant son maitre » // « un maitre... une servante bien sensée ». (voir cours)

  • 2ème mouvement : Dispute farcesque qui soulève le thème du mariage forcé (l. 7 à 25)

Après la « confrontation d'idées », l'échange se transforme en scène de poursuite farcesque (comique de situation et de gestes) qui met en évidence la supériorité de Toinette.

Gradation ascendante dans l’affrontement et le comique : le maître est de + en + en colère et la servante de + en + insolente. + le maître affirme son autorité, + la servante s’entête à le contredire. Comique très efficace.

L7 à 12 : Les didascalies successives indiquent les jeux de scènes→ le comique de gestes domine.

L7 : Le motif de la bastonnade est typique de la farce : « il faut que je t’assomme » (L7), même si la bastonnade à proprement parler n’a pas lieu (Argan court après Toinette, bâton à la main mais Toinette se sauve, elle lui échappe). « Il faut que je t’assomme » montre toutefois qu’Argan est prêt à une forme de violence. C’est donc comique, mais pas seulement. Argan est en colère, il ne raisonne plus.

L8-9 : Au contraire, Toinette est dans le raisonnement, elle est posée et raisonnable lexique de la raison) : « devoir », « déshonorer ». Elle dit vouloir protéger son maître et être soucieuse de l’honneur de celui-ci.

L10-11 :

 L’anaphore du verbe venir à l’impératif souligne l’énervement d’Argan « viens, viens » : Il est autoritaire, capable de violence (le bâton), il est nerveux et colérique.

« Que je t’apprenne à parler » : il ne supporte pas l’insolence de Toinette et la menace. La didascalie souligne qu’il semble avoir oublié d’être malade avec le verbe de mouvement « court ».

L12-13 :

 « Je m’intéresse » = je veille, je prends soin.

On constate ici que la raison et le devoir « comme je le dois » sont du côté de la servante, à l’opposé de son maître dont elle souligne la « folie » (L13). Toinette se place encore une fois du côté du devoir et de la raison.

L14 à25 :

 Passage marqué par la vivacité de son rythme et la brièveté des répliques. Dialogue vif + répliques courtes, qui créent une accélération du rythme, propre à la farce.

L14-16-18 :

3 répliques successives d’Argan très courtes (accélération du rythme typique de la farce) qui se réduisent à des injures typiques aussi de la farce (comique de mots): Chienne ! (L14) ; Pendarde ! (L16) ; Carogne ! L18) → vocabulaire familier d’Argan qui perd la face et le contrôle, il n’a plus d’arguments face à une servante qui continue, elle, à discuter et qui garde le monopole de la parole.

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