L’expression du désir dans le poème Jours de fièvre de Sabine Sicaud
Dissertation : L’expression du désir dans le poème Jours de fièvre de Sabine Sicaud. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar salmalaar • 30 Mars 2022 • Dissertation • 1 254 Mots (6 Pages) • 430 Vues
Commentaire composé
« L’expression du désir dans le poème Jours de fièvre de Sabine Sicaud »
Introduction
Sujet amené
Sabine Sicaud est une poète française du vingtième siècle, morte à l’âge de quinze ans en 1928. On ignore la date de rédaction exacte de son poème intitulé « Jours de fièvre », mais on sait qu’il fut probablement écrit entre 1927 et 1928, soit pendant la quinzième année de Sabine, alors qu’elle était atteinte d’ostéomyélite (infection des os).
Sujet posé
Elle y exprime sa soif causée par la fièvre et supplie qu’on lui apporte de l’eau. Le sentiment général du poème est celui d’un désir : désir de l’eau, désir d’étancher sa soif. Dans le cadre de ce commentaire, nous nous pencherons sur les modalités d’expression de ce désir.
Sujet divisé
Notre analyse portera d’abord sur la caractérisation de l’eau dans le poème. Nous nous intéressons ensuite au langage de l’extrême et au discours hyperbolique, qui viennent accentuer l’intensité du désir. Pour finir, nous verrons l’importance thématique de la répétition.
Analyse
Axe 1 : la caractérisation de l’eau
La locutrice emploie quelques procédés intéressants pour décrire l’eau. Pour commencer, elle lui attribue des caractéristiques qui empruntent au champ lexical du précieux : « argent », « étincellement », « cristal », « irisées », « perle », « brillant », « jade ». Elle va également personnifier l’eau : l’eau « rit », elle est « gaie », elle « danse au plafond » et « se complaît dans la glace ». Ces premiers éléments de personnification sont d’autant plus pertinents qu’ils prêtent à l’eau des traits typiquement « féminins » (danser, se regarder dans un miroir) et évoquent l’image d’une jeune fille heureuse et en santé. Cela contraste évidemment avec la locutrice, une jeune fille malade. Les thèmes implicites de la santé et de la maladie nous mènent naturellement à un troisième aspect de la caractérisation de l’eau dans le poème : l’eau est synonyme de pureté. « Elle est blanche, elle est bleue à force d’être fraîche », nous dit la locutrice. Elle est transparente, et « si froide, nette, claire ». Elle émet des « bruits clairs ». Les mulets viennent y laver leurs sabots. L’eau et la fraîcheur sont constamment associées à la propreté, à ce qui brille, à ce qui est clair, alors que la locutrice est « souillée » par la maladie. En somme, l’eau est associée à des objets désirables, de grande valeur (argent, pierres précieuses), et elle incarne tout ce que la locutrice désire être : heureuse, valide et physiquement saine.
Axe 2 : Le langage de l’extrême et le discours hyperbolique
Pour sa part, le langage de l’extrême vient souligner l’intensité du désir de la locutrice. Son expression la plus évidente est celle créée par l’antithèse entre « Toute l’eau, toute l’eau du ciel et de la terre » et le « brasier » qui « consume » la locutrice. Les deux extrêmes sont ceux du déluge et de la sécheresse, de l’eau « glacée » et des « doigts brûlants de fièvre ». Chaque extrême accentue son opposé. L’autrice emploie aussi un procédé de gradation dans son délire, évoquant des quantités d’eau de plus en plus importantes. Cela débute par le ruissellement doux d’une source. Ensuite, plutôt que de « ruisseler », elle « [j]aillit », puis « déferle », puis tombe en cascades; elle « mugit », elle « débord[e] ». La cruche d’eau devient le Niagara, le Niagara devient « toute l’eau du ciel et de la terre ». Ces gradations, qui transmettent au lecteur une (fausse) impression d’abondance, expriment aussi la soif de plus en plus grande – le désir de plus en plus intense – de la locutrice. Sa situation rappelle celle du personnage mythique de Tantale : elle est assoiffée et entourée par une eau fraîche, pure et abondante qu’elle ne peut pas atteindre. Incessamment, l’eau se dérobe à ses « doigts tendus ». Elle « fuit », elle « court », elle lui « échappe toujours ».
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