Les contemplations : Aurore
Fiche : Les contemplations : Aurore. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ggwld • 5 Octobre 2022 • Fiche • 1 092 Mots (5 Pages) • 273 Vues
« ELLE ÉTAIT DÉCHAUSSÉE, ELLE ÉTAIT DÉCOIFFÉE »
INTRODUCTION :
Le poème que nous allons étudier ici se trouve dans le premier livre du recueil Les contemplations : Aurore. Il a été écrit en 1853. C'est un des rares poèmes du recueil ou la douleur n'est pas témoignée. Le poème évoque un souvenir de jeunesse : le bonheur d'une rencontre amoureuse éphémère.
LIRE LE TEXTE.
Qu'est-ce qui donne à ce poème un aspect merveilleux ?
Nous verrons dans un premier temps l'invitation bucolique [I] (ligne 1 à 4), puis dans un second temps, nous étudierons l'acceptation de l'invitation de la part de la jeune fille [II] (ligne 5 à 16)
I.
- Aspect naturel et sauvage avec le côté négligé : elle est « déchaussée » , « décoiffée » (V.) → cela donne un côté intime et donc sensuel : au XXème siècle, c’est une aberration pour la société. Une femme éduquée devrait au mieux porter un chapeau, au pire être un minimum coiffé et elle ne pouvait en aucun cas montrer ses chevilles.
- Si on sépare le premier vers en deux hémistiches, on a « Elle était déchaussée » et « Elle était décoiffée » on a donc la même construction de phrase, même verbe, même pronom, ce qui garde cet aspect mystérieux, car c’est la seule chose que l’on connaît sur cette femme.
(RYTHME BINAIRE)
- Les pieds nus » (V. 2) renvoie au premier vers (« déchaussée »), avec cet aspect de nature, avec une évocation très stylisée d'un décor champêtre au bord d'un ruisseau : « jonc » (V.2), « rive » (V.9), « eau » (V. 13).
(RYTHME TERNAIRE et donc un rythme qui ralentit le texte, qui donne donc de plus en plus de suspens)
- Éruption du poète dès le 3ème vers avec le pronom « moi ». Au milieu de cette évocation très stylisée, une apparition : « je crus voir une fée ». Métaphore forte qui renvoie à la beauté de la jeune fille en plein milieu de la beauté de la nature. « Passais » imparfait donne un aspect assez lent, il est en pleine admiration, et il la contemple. Le verbe « cru » est conjugué au passé simple et amène un événement qui semble irréel, ce qui témoigne de son amour.
- (V. 4) Discours direct et première invitation dans les champs, lieux bucoliques propices à la rencontre des amants : « champs » (V.4), « arbres profonds » (V.8), « au fond des bois » (V.12). La nature parait douce : « l'eau caressait doucement le rivage ». Il fait donc une invitation dans un cadre totalement tranquille, qui invite au romantisme.
- (V. 5) début de strophe avec « Elle » → répétition anaphorique de ce pronom : ‘elle’ est donc importante. « Elle me regarda de ce regard suprême » : hyperbole et regard réciproqué car dans le V.3, c'est le narrateur qui la regarde avec insistance→ Elle répond à l'invitation par un regard sans aucun mot, on peut imaginer le bruit de la nature avec l'eau, personne ne parle, c’est un nouveau moyen de ressentir l’apaisement et la dimension idylique de la scène.
- Regard très important tout au long du poème : champ lexical du regard : « voir » (V. 3) , « regarda » et « regard » (V. 5) , « regarda » (v. 10), « je vis » (V. 14) ...
- « Regard suprême » : regard amoureux et direct, regard franc, non voilé ou timide de la femme civilisée. Cette est différente et semble irréelle.
- (V. 6) Première évocation du couple grâce au pronom « nous ». Utilisation du présent de vérité général en début de vers, pour appuyer le fait que la jeune fille est magnifique. On suppose qu'elle est sur le point d'accepter son invitation.
- (V.8) Parallélisme de construction avec le 4ème vers. Il finit ses deux premières strophes de la même manière grâce à du discours direct et à la question « Veux-tu ... ». C’est presque, mais écrite différemment. Dans la question de la première strophe, le pronom utilisé est « tu » alors que dans la deuxième strophe c'est « nous ». Une nouvelle fois , cela évoque le couple, il y a donc une gradation. On est de plus en plus convaincu que la jeune fille va le suivre, et on a l’impression qu’une relation prend forme. Fin de la seconde strophe, marque une pause et un suspens.
- La 3ème strophe débute avec le même pronom que le début des deux autres strophes antérieures : « Elle — anaphorique. « Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive » Alors qu’au 2ème vers on nous indique que la jeune femme est assise, elle essuie maintenant ses pieds, elle s'est donc probablement levée pour s'essuyer les pieds, ce qui nous laisse entendre qu'elle va le suivre. On remarque d'ailleurs qu'elle n'a toujours pas prononcé un seul mot, elle a réussi à répondre grâce au regard.
- (V. 10) Elle le regarde de nouveau sans lui adresser la parole, on comprend qu'elle accepte presque explicitement l'invitation.
- (V. 11) Alors que tout s’accélérait, le vers « la belle folâtre alors devint pensive » marque une pause qui est marqué par la réflexion de la jeune fille. On remarque d'ailleurs qu'il y a une antithèse : folâtre signifie inconsciente et insouciante, ce qui est le contraire de « pensive ».
- (V. 12) Interjection lyrique qui exprime la joie et ponctuation émotive, elle laisse place aux sentiments.
- (V. 13) Il y a encore une phrase exclamative, parallélisme avec le vers antérieur « comme », on ressent une nouvelle fois la joie, l’excitation, et l’empressement. Personnification de l'eau qui caresse.
- (V. 14) Passé simple marque la fin de la pause. La jeune fille vient enfin à lui.
- (V. 15) La jeune fille n'est jamais évoquée sans la nature ( « sauvage », « effarée » ... )
Dernier vers renvoie explicitement au premier vers du poème « Cheveux dans ses yeux » → « elle était décoiffée ”.
CONCLUSION :
Pour conclure, on peut constater que Victor Hugo n'évoque jamais la jeune fille sans évoquer la nature. Le lecteur en lisant le poème visualise un paradis grâce à tous les éléments évoqués : l'eau, la verdure, le silence, les oiseaux. La jeune fille semble en harmonie avec la nature, comme un ange. De plus, ce poème se détache des autres puisqu'il est l'un des rare qui n'évoque pas la mort ou la douleur amoureuse.
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