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Les Fleurs du Mal, Baudelaire

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Par   •  22 Mai 2022  •  Analyse sectorielle  •  2 389 Mots (10 Pages)  •  363 Vues

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Objet d’étude

La poésie du XIXème au XXIème siècle

Séquence 1

Les Fleurs du Mal, Baudelaire

Lecture linéaire 1 : Une charogne

Recueil : Les Fleurs du Mal

Auteur : Charles Baudelaire 

Date : 1857

Eléments de contextualisation pour l’introduction

Présentation de l’auteur : Charles Baudelaire est né en 1821 et n'a que six ans lorsque son père meurt. Sa mère se remarie un an plus tard avec le général Aupick. Il refuse cette union et sera toujours en opposition avec ce militaire et son autorité. Il choisit délibérément une vie de bohème. Sa famille, qui n'apprécie guère la vie dissolue du jeune homme, le pousse à embarquer en 1841 à bord d'un paquebot pour les Indes. Baudelaire rentre à Paris en 1842 et dépense sans compter l'héritage qu'il a reçu de son père. Sa famille le place sous tutelle judiciaire, il est contraint de travailler pour subvenir à ses besoins et devient journaliste et critique d'art. Il commence à écrire certains poèmes des Fleurs du mal. En 1847, Baudelaire découvre l'écrivain américain Edgar Allan Poe dont il partage la conception de l'art. Il traduit de nombreuses œuvres de l'auteur.  En juillet 1857, Charles Baudelaire publie son œuvre majeure : Les Fleurs du Mal. Plusieurs poèmes ont été inspirés de ses amantes : Jeanne Duval et Marie Daubrun. Croulant sous les dettes, Baudelaire part en Belgique en 1864, date à laquelle le poète commence à avoir de sérieux problèmes de santé (syphilis, perte de la parole…). Il meurt le 31 août 1867, à l'âge de 46 ans.

Présentation du recueil : Les Fleurs du mal est un recueil de poème écrit par Charles Baudelaire et publié en 1857. Il est composé de 100 poèmes répartis en 5 sections (Spleen et Idéal, le vin, les fleurs du mal, la révolte et la mort. Ces sections sont un peu comme les 5 actes de la tragédie humaine. Cette première édition est condamnée «pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». Une nouvelle édition est produite en 1861, d'où sont supprimées six poèmes conformément au jugement prononcé. La seconde édition contient 126 poèmes et une section de plus : « tableaux parisiens ». Le recueil ne se finit plus avec la mort des artistes mais avec le thème du voyage. Dans Les Fleurs du Mal, Baudelaire met en lumière la dualité entre la violence et la volupté, le bien et le mal, la laideur et la beauté, l'enfer et le ciel...

Présentation du poème : Ce poème est l’un des plus célèbres de Baudelaire en 1857 qui a largement contribué au succès des Fleurs du Mal, à tel point qu’il se plaignait qu’on l’appelle « le prince des charognes ». Ce sont surtout les aspects provocateurs et parodiques qui ont marqué les esprits. Ce poème de 12 quatrains composés d’alexandrins et d’octosyllabes ainsi que de rimes croisées se trouve dans la section spleen et idéal. Dans ce poème, Charles Baudelaire s’adresse à Jeanne Duval, sa muse.

Problématique : Une illustration du titre alliant beauté et laideur

Lecture du texte

Lecture linéaire :

Etude du Titre : Une charogne 

  • Groupe nominal
  • Titre surprenant pour un poème
  • Utilisation de l’article indéfini « une » permettant une universalisation du poème.

Strophe 1 :

Vers 1 : Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,

  • Il s’adresse à Jeanne Duval avec le pronom « vous », mais aussi avec le pronom personnel complément « nous » englobant Jeanne Duval et Charles Baudelaire
  • Il utilise le mot « objet », un terme imprécis permettant de laisser du suspense et de poser le texte peu à peu
  • L’expression « mon âme » renvoie à Jeanne Duval

Vers 2 : Ce beau matin d’été si doux : 

  • Les deux premiers vers ont une tonalité lyrique et amoureuse..
  • Baudelaire utilise un vocabulaire agréable et mélioratif avec l’adjectif qualificatif « doux ».
  • Les deux points « : » à la fin du vers indiquent que nous allons découvrir de quel objet Baudelaire nous parle dans les deux premiers vers.

Vers 3 : Au détour d’un sentier une charogne infâme

  • Le début du vers « Au détour d’un sentier » retarde encore le moment de découvrir de quel objet il est question, il évoque une promenade .
  • On a un contraste avec l’objet dont nous parle Baudelaire et qui va être cité juste après : « une charogne », ces deux mots sont comme une chute.

Vers 4 : Sur un lit semé de cailloux, =>

  • « Sur un lit » personnifie la charogne en lui donnant une caractéristique humaine (le fait d’être sur un lit).
  • Le mot « lit » peut faire penser à la mort.
  • Le participe passé « semé » fait référence à la vie et est en opposition avec le nom « cailloux ».

Strophe 2 :

Vers 5 : Les jambes en l’air, comme une femme lubrique, 

  • L’expression « jambes en l’air » renvoie à une posture érotique et provoquante.
  • Le terme « femme lubrique » personnifie la charogne tout en évoquant une prostituée (symbole d’une sexualité débridé).

Vers 6 : Brûlante et suant les poisons, 

  • Les participes présents « brûlante » et « suant » évoquent une femme ayant un rapport sexuel.
  • Le mot « poison » décrit le cadavre et peut renvoyer à la puissance nocive moralement et physiquement (MST) de la femme.

Vers 7 : Ouvrait d’une façon d’une façon nonchalante et cynique 

  • Le verbe à l’imparfait « ouvrait » est le verbe de la proposition principale, son sujet est  « charogne » (vers 3), ce verbe est un verbe d’action qui donne une impression de vie.
  • Le double complément circonstanciel de manière « d’une façon nonchalante et cynique » poursuit la comparaison avec la femme débridée.
  • Le mot « cynique » signifie un refus de se conformer aux règles morales tout en l’assumant, ce mot renvoie à l’immoralité.

Vers 8 : Son ventre plein d’exhalaisons. 

  • Le mot « ventre » désigne les organes féminins
  • Le terme « exhalaisons » renvoie aux odeurs, aux effluves dues à la putréfaction, ce mot peut aussi faire référence aux odeurs lors des rapports sexuels.

Strophe 3 :

Vers 9 : Le soleil rayonnait sur cette pourriture, 

  • On retrouve le champ lexical de la chaleur avec les termes « soleil » et « rayonnait ».

Vers 10 : Comme afin de la cuire à point, 

  • On retrouve également ici le camp lexical de la chaleur avec les termes « cuire » et « à point ».
  • L’expression « cuire à point » est aussi une référence à la cuisine.

Vers 11 : Et de rendre au centuple à la grande Nature 

  • L’expression « la rendre » exprime l’idée qu’il faut rende à la nature tout ce qu’elle nous a donné.
  • L’hyperbole « au centuple » accentue cette idée.
  • Le mot « Nature » est une allégorie (avec la majuscule) et est mis en valeur avec l’adjectif « grande », on trouve ici une référence à Rimbaud et à sa poésie lyrique.

Vers 12 : Tout ce qu’ensemble elle avait joint. 

  • Les mots « ensemble » et « joint » créent un effet d’harmonie avec la Nature.

Strophe 4 :

Vers 13 : Et le ciel regardait la carcasse superbe 

  • La conjonction de coordination « et » crée un lien entre le ciel et le soleil.
  • Le verbe « regardait » personnifie le ciel.
  • On trouve également un oxymore dans l’expression « carcasse superbe ».

Vers 14 : Comme une fleur, s’épanouir ; 

  • Le mot « fleur » fait référence au titre du recueil : Les Fleurs du Mal.
  • Le verbe pronominal « s’épanouir » complète la fleur qui s’ouvre complètement.

Vers 15 : - La puanteur était si forte, que sur l’herbe 

  • Les deux tirets « - » qui encadrent les vers 15 et 16 indiquent que ces vers sont un commentaire de Baudelaire.

Vers 16 : Vous crûtes vous évanouir ; - 

  • Le sujet « vous » est comparé à la fleur dans le vers 14 « comme une fleur ».
  • Les verbes « épanouir » et « évanouir » aux vers 14 et 16 sont des paronymes (mots qui se ressemblent avec un sens différents, ici les sens de ces mots sont complètement opposés).

Strophe 5 :

Vers 17 : Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, 

  • Le verbe « bourdonnaient » met en éveil le sens de l’ouïe.
  • L’expression « ventre putride » est une métonymie de la charogne, le terme putride fait référence à la décomposition, à la pourriture.
  • Ce vers est la proposition principale de la phrase qui s’étend sur toute la strophe n°5.

Vers 18 : D’où sortaient de noirs bataillons 

  • L’expression « noirs bataillons » est une métaphore militaire qui désigne les larves.
  • Ce vers est une proposition subordonnée relative qui complète le nom « ventre » du vers précédent.

Vers 19 : De larves qui coulaient comme un épais liquide 

  • Les termes « épais liquide » permettent ici une description qui se veut répugnante.
  • Dans cette strophe, les vers se suivent avec des enjambements, donnant l’impression que ça coule, en rapport avec l’ « épais liquide ».

Vers 20 : Le long de ces vivants haillons.

  • Le mot « haillons » désigne de vieux vêtements en lambeaux..

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Non obligatoire :

Strophe 6 :

Vers 21 : Tout cela descendait, montait comme une vague, 

Vers 22 : Ou s’élançait en pétillant ; 

Vers 23 : On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague, 

Vers 24 : Vivait en se multipliant. 

Strophe 7 :

Vers 25 : Et ce monde rendait une étrange musique, 

Vers 26 : Comme l’eau courante et le vent, 

Vers 27 : Ou le grain qu’un vanneur d’un mouvement rythmique 

Vers 28 : Agite et tourne dans son van

Strophe 8 :

Vers 29 : Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve. 

Vers 30 : Une ébauche lente à venir, 

Vers 31 : Sur la toile oubliée, et que l’artiste achève 

Vers 32 : Seulement par le souvenir. 

Strophe 9 :

Vers 33 : Derrière les rochers une chienne inquiète 

Vers 34 : Nous regardait d’un œil fâché, 

Vers 35 : Epiant le moment de reprendre au squelette 

Vers 36 : Le morceau qu’elle avait lâché. 

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Strophe 10 :

Vers 37 : - Et pourtant vous serez semblable à cette ordure, 

  • Le tiret « - » indique le début du discours direct : dans ce quatrain, Baudelaire s’adresse à Jeanne Duval.
  • Le verbe « serez » au futur annonce que Charles Baudelaire parle de l’avenir de Jeanne Duval.
  • Le mot « semblable » indique une comparaison (inattendue).

Vers 38 : A cette horrible infection, 

  • Ce vers évoque l’avenir annoncé par Baudelaire pour Jeanne Duval.
  • Le message n’est pas seulement pour Jeanne Duval mais aussi pour le lecteur.

Vers 39 : Etoile de mes yeux, soleil de ma nature, *

  • Ce vers, contrairement aux deux premiers évoque l’amour  avec deux périphrases (exagérées) : « Etoile de mes yeux » et « Soleil de ma nature ».
  • On a ici un vocabulaire lyrique et amoureux.
  • Le lyrisme est également présent avec la première personne du singulier « mon ».

Vers 40 : Vous mon ange et ma passion ! 

  • Le lyrisme est aussi dans ce vers avec la première personne « mon » et les mots « ange » et « passion ».
  • Le point d’exclamation « ! » exprime une envolée lyrique, une phrase exclamative amoureuse.

Strophe 11 :

Vers 41 : Oui, telle vous serez, ô la reine des grâces, 

  • Le mot « oui » est un adverbe affirmatif qui est là pour convaincre, confirmer les arguments exprimés au quatrain précédent. Ce n’est pas un mot que l’on s’attend à voir car il est peu poétique et  vient du langage oral.
  • Le lyrisme est présent avec le « ô » lyrique mais aussi avec la périphrase hyperbolique « reine des grâces ».

Vers 42 : Après les derniers sacrements, 

  • Les « derniers sacrements » renvoient à la mort, c’est un euphémisme (atténuation d’un mot pour ne pas choquer).

Vers 43 : Quand vous irez sous l’herbe et les floraisons grasses, 

  • Ce vers est également un euphémisme, le mot « floraisons » permet de lier la mort à la vie.
  • « l’herbe et les floraisons » renvoient à la nature.

Vers 44 : Moisir parmi les ossements. 

  • Ce dernier vers est plus direct, c’est un vers tranchant, la mort est présentée dans toute sa laideur.

Strophe 12 :

Vers 45 : Alors, ô ma beauté, dites à la vermine

  • Le mot « Alors » introduit le dernier quatrain et montre qu’il sera une conclusion.
  • Le lyrisme est présent avec le « ô » lyrique ainsi que le mot « ma beauté ».
  • Baudelaire s’adresse à Jeanne Duval.

Vers 46 : Qui vous mangera de baisers 

  • Ce vers est une proposition subordonnée relative complétant le mot vermine.
  • Baudelaire associe la réalité crue de la mort (manger) avec le lyrisme (baisers), l’amour et la mort se retrouvent à nouveau.

Vers 47 : Que j’ai gardé la forme et l’essence divine 

  • Le mot « forme » renvoie aux poèmes, son amour ne disparaitra pas car il est gravé dans ses poèmes.
  • L’expression « essence divine » signifie la mort du corps mais pas de l’âme, l’adjectif « divine » a une dimension spirituelle.

Vers 48 : De mes amours décomposés ! 

  • L’adjectif « décomposés » renvoie au cadavre en décomposition, il complète le mot amour, associant encore une fois l’amour et la mort.

 Eléments pour conclure

Ce texte provocateur et dérangeant prend le prétexte de la description d’une charogne pour faire en réalité l’art poétique de Baudelaire. Il illustre parfaitement le titre des Fleurs du Mal reliant beauté et laideur. Il est malgré la parodie (parodie du lyrisme, de nombreux éléments lyriques exagérés) aussi un poème lyrique inspiré de sa muse.

Ouverture

Nous pourrions illustrer ce poèmes avec « Les vanités ». Par exemple, « Allégorie de la vie humaine » est une vanité de Philippe de Champaigne. Il a peint un crâne qui représente la mort mais également un sablier comme pour prévenir du temps qui passe ainsi qu’une tulipe, une fleur, qui peut renvoyer au carpe diem (cueille le jour). Ce tableau évoque également le memento mori (avec la mort et le temps qui passe, représenté par le sablier). Il est donc en rapport avec le poème « une charogne » de Charles Baudelaire.

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