Lecture analytique « Zone » - Alcools , Guillaume Apollinaire
Commentaire de texte : Lecture analytique « Zone » - Alcools , Guillaume Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar faulek • 22 Mai 2017 • Commentaire de texte • 1 400 Mots (6 Pages) • 2 169 Vues
Lecture analytique n°1 : « Zone » - Alcools , Guillaume Apollinaire
Question : comment ce poème allie-t-il nouveauté créatrice et tradition pour transfigurer la réalité quotidienne ?
Introduction
-> Guillaume Apollinaire est une des figures de l’avant-garde artistique du début du XXe siècle. Ami du peintre Picasso, du poète Max Jacob, il cherche dans son œuvre de nouvelles voies d’expression poétique, à l’instar des artistes de son temps. Il crée de nouvelles formes poétiques : les poèmes simultanés, les poèmes-conversation ou les calligrammes, par exemple.
-> En 1913 paraît Alcools, recueil de poèmes écrit sur une dizaine d’années, il surprend par l’absence de ponctuation, l’originalité des images, la diversité des formes. Différents thèmes parcourent le recueil : l’éloge de la modernité, la poésie du quotidien, la mélancolie, l’amour blessé, l’ivresse, la ville pour n’en citer que quelques-uns.
-> Le titre du poème « Zone » renvoie à la bande de terrains vagues qui entourait Paris, lieu de la marginalité sociale comme la poésie d’Apollinaire est en marge de la poésie traditionnelle. Le poème, écrit en 1911, fut d’abord intitulé « Cri ». C’est le récit d’une déambulation tout à la fois dans la ville et dans les souvenirs du poète. Poème liminaire du recueil, il annonce certains de ses thèmes et place le recueil sous le signe de la modernité et d’une esthétique nouvelle, ce qui apparaît dès les 24 premiers vers.
Lecture
-> reprise de la question et annonce du plan : Nous verrons donc comment le poème allie nouveauté créatrice et tradition pour transfigurer la réalité quotidienne en nous intéressant tout d’abord à la revendication de nouveauté qui parcourt le poème, puis aux éléments qui sont cependant en continuité avec la tradition. Enfin nous analyserons comment ces deux aspects transfigurent la réalité quotidienne.
I – La revendication de nouveauté :
- Dans la forme
• L’organisation du texte rompt avec la tradition. En effet, ce n’est pas une forme fixe et il n’y a pas de structure strophique régulière : 3 monostiches, puis un tercet, puis un huitain, puis un dizain.
• Il n’y a pas de ponctuation ce qui force le lecteur à trouver son propre rythme, à être acteur du sens à donner .
• Les vers sont des vers libres de longueur variée. Certains sont très longs et se rapprochent ainsi de la prose : « Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut » v. 11, 15 syllabes. • Il n’y a pas toujours de rimes, mais des assonances : « christianisme »/ « Pie X ». Les rimes pauvres
sont dominantes : « gémit »/ « midi » ! l’ensemble de ces procédés confère une impression de liberté et de modernité
- Le refus de la tradition
• Le rejet de l’ancien est fortement marqué : « À la fin tu es las de ce monde ancien » et « Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine » alors que le nouveau est mis en valeur « J’aime la grâce de cette rue industrielle »
• Paradoxalement, ce premier poème s’annonce comme une fin « À la fin tu es las … », contrairement à ce que l’on attendrait
• Le présent employé très majoritairement ancre le texte dans l’actualité, la modernité
- La présence forte de la modernité
• Dès le deuxième vers, la tour Eiffel est célébrée : construite pour l’exposition universelle de 1889, elle est encore très nouvelle et c’est bien sa modernité qui séduit Apollinaire. D’autre part, la personnification et la métaphore filée renouvelle l’image traditionnelle de la bergère. Enfin on peut souligner que ce monument inspire aussi un peintre comme Delaunay
• Les lieux de la modernité sont aussi évoqués : « hangars de Port-aviation », « rue industrielle » • Ainsi que le monde industriel et professionnel « Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-
dactylographes » • Ainsi que les nouveaux supports textuels : « les prospectus les catalogues les affiches », « livraisons à
vingt-cinq centimes »
! les termes accompagnant ces éléments de la modernité leur confèrent un caractère poétique : cf la personnification de la tour Eiffel, « « les prospectus les catalogues les affiches » qui « chantent tout hauté, l’évocation de la littérature : « Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux »
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