Le théâtre se démode-t-il ?

Les pièces de théâtre sont un moyen pour l’Homme de se divertir. Ainsi celles-ci ont rencontré un franc succès du XVIIe au XIXe siècle car elles favorisaient les sorties en public et offraient un moyen d’évasion. Pourtant, de nos jours, les jeunes semblent se désintéresser de cet art. Il est donc légitime de se demander si le théâtre est toujours un art apprécié. Nous pouvons nous interroger sur les raisons poussant les jeunes à fuir le théâtre et au contraire nous demander pourquoi certaines personnes se rendent toujours à des représentations théâtrales.

Certes de nombreux éléments laissent à croire que le théâtre n’attire plus autant les jeunes qu’auparavant.

Premièrement le théâtre est un art étudié au court de la scolarité d’un individu et représente donc, une corvée pour ce dernier. En effet, dans son œuvre Comme un roman, Penac tente d’expliquer le désamour des jeunes pour la littérature. Il montre que l’acharnement de la part des parents sur l’enfant pour que celui-ci lise font de la lecture une activité repoussante. Dans son roman les parents lui interdisent la télévision s’il ne lit pas. Ils définissent par conséquent la télévision comme une activité plus plaisante que la lecture puisqu’elle est présentée comme récompense. Ainsi une majorité des jeunes ne ressent pas l’envie de se rendre à une représentation théâtrale car il ne s’agirait pas que de la mise en scène d’une œuvre écrite pour laquelle ils ne ressentent pas d’attirance.

Par conséquent, le répertoire théâtral des jeunes se retrouve majoritairement constitué de pièces étudiées en classe, donc classiques. Or ces dernières mettent en scène des époques et des personnages auxquels les jeunes ne peuvent s’identifier. Ils se sentent donc moins concernés. Par exemple, dans L’île des esclaves, Marivaux dénonce l’esclavage au XVIIIe siècle en représentant plusieurs pairs de maîtres et d’esclaves dont les rôles ont été échangés. L’esclavage étant aboli aujourd’hui, les jeunes peuvent ne pas comprendre l’intérêt d’assister à une pièce telle que celle-ci. Ainsi, à cause de l’étude de plusieurs pièces traitant de sujets n’étant plus d’actualité, les jeunes peuvent associer une connotation ennuyeuse au théâtre.

De plus, les jeunes seront peu attirés par les pièces classiques car celles-ci requièrent des connaissances sur le cadre spatio temporel de la pièce afin de pouvoir comprendre les liens unissant chaque personnage et leur comportement. En effet, dans Phèdre de Racine, l’intrigue a lieu en Grèce durant l’Antiquité et met en scène des personnages issus de la mythologie tels que Phèdre, Hippolyte et Thésée. Or le spectateur aura besoin de connaissances sur le sujet pour comprendre que si Phèdre, qui est mariée à Thésée, est amoureuse d’Hippolyte, son beau-fils, c’est parce qu’elle a été maudite par Vénus. Cependant, au cours de la représentation, le spectateur ne dispose d’aucun moyen de s’informer. Ainsi à la peur de l’ennui s’ajoute celle de ne pas comprendre.

Enfin, les jeunes ont tendance à aimer « l’action » car habitués à regarder des films d’action puisqu’il s’agit des plus commercialisés. Toutefois certaines pièces, comme celles de l’absurde, ne proposent pas d’action mais seulement une réflexion sur le monde. Par exemple, dans la pièce de Samuel Beckett En attendant Godot, le dramaturge souhaite illustrer la désillusion de la population d’après-guerre. Pour se faire il crée une pièce où « rien ne se passe, personne n’arrive, personne ne part, c’est horrible » comme l’explique un de ses personnages au cours de la pièce. Les jeunes auront donc du mal à s’intéresser à une pièce où il ne se passe rien et où les personnages ne font que se répéter comme dans En attendant Godot où les sujets de conversation dans l’acte I et l’acte II sont presque identiques. Ainsi les jeunes préfèreront assister à la projection d’un film d’action qui, grâce au suspens créé, réussira à les tenir en haleine tout du long plutôt que d’aller au théâtre.

Le théâtre

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