Le style dans No et Moi
Dissertation : Le style dans No et Moi. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar OLIVIERTAR • 19 Décembre 2017 • Dissertation • 1 376 Mots (6 Pages) • 4 508 Vues
- Décrivez et commentez le style de l’œuvre que vous avez étudiée.
No et Moi est un roman réaliste de Delphine de Vigan écrit à la première personne, où la narratrice, Lou, une jeune fille surdouée et naïve de 13 ans évoque sa rencontre avec No, une SDF qu’elle pense pouvoir sortir de la rue. Ainsi le lecteur partage la perception et les pensées utopiques de Lou, qui sont en décalage avec le monde réel.
Le roman peut se lire comme un journal intime, où la narratrice nous livre ses pensées et ses soucis à travers un monologue intérieur. ‘Aujourd’hui j’attends la transformation de mon corps, mais je ne suis pas comme les autres filles, je ne parle pas de celles de mon âge…’. Lou, en dévoilant l’intime, embarque ainsi le lecteur dans ses histoires. Le style est direct avec des phrases organisées simplement, sujet – verbe- complément mais d’une grande profondeur: « Les nombres demeurent une abstraction et le zéro ne dit ni l'absence ni le chagrin. » Ces phrases simples mais profondes traduisent la vivacité d’esprit de Lou. Les phrases fonctionnent souvent comme des sentences définitives et sans appel, et ressemblent à des aphorismes :« Parfois le hasard obéit à la nécessité » ou « L’insomnie est la face sombre de l’imagination ». L’utilisation du présent de l’indicatif dans le discours de affirme bien une vérité indiscutable.
De plus, la présence de figures de style comme la synecdoque des « converses en éventail » ou la métaphore « Si on admet que par deux points on peut faire passer une droite et une seule, un jour je dessinerai celle- ci, de lui vers moi ou de moi vers lui »montrent aussi une jeune fille qui s’exprime bien et possède une grande richesse lexicale. Lou digresse aussi souvent en jouant avec les mots: « Je suis insomniaque, un mot qui finit comme maniaque, patraque, hypocondriaque, quelque chose qui se détraque » On peut interpréter ces élucubrations comme une manière d’évacuer la tension et d’échapper à une dure réalité.
Cependant, Lou n’arrive pas à canaliser le flux de ces pensées. Son esprit passe d’une idée à l’autre, va trop vite, même pour elle. De Vigan nous montre ce surplus à travers l’utilisation d’un courant de conscience: « Ouf ! si je pouvais trouver un peu de repos, ne pas penser. Mais se dire qu’on peut ne pas penser, c’est encore penser… ». Malgré la richesse de son vocabulaire, Lou ne parvient donc pas à exprimer ses pensées comme elle le voudrait. Cela est suggéré par la récurrence de l’expression, « et tout » à 25 reprises, qui est la marque de l’inachèvement d’une pensée, d’un trop plein d’émotion et de colère « et tout c’est pour toutes les choses qu’on pourrait ajouter mais qu’on passe sous silence, par paresse, par manque de temps, ou bien parce que ça ne se dit pas ». Cette expression dénote aussi un langage approximatif, celui d’une jeune fille qui, parfois, cherche ses mots, essaie d’être la plus précise possible, mais n’y arrive pas toujours car tout se bouscule dans ses pensées.
Très mature souvent par sa vision du monde et son jeu avec les mots, Lou n’en demeure pas moins enfantine par certains côtés. Lou fait souvent de longues phrases juxtaposées, comme le font les enfants quand ils racontent quelque chose d’important « Alors je me lance, dans le désordre, et tant pis si j’ai l’impression d’être toute nue, tant pis si c’est idiot, quand j’étais petite je cachais sous mon lit une boîte à trésors… ». De plus, l’expression « Panique à Disneyland» évoque une petite fille, par la référence au parc d’attraction. Lou utilise également des expressions familières typiques d’un style adolescent «c’est mort », « elle est grillée » ou encore « le branche grave ». » Le langage utilisé est typique d’une certaine oralité comme le montre les expressions « Tu parles. Il s’en fout. » « Moi ça m’énerve ». Par ailleurs, la répétition de certains débuts de phrases souligne une écriture typiquement enfantine « Quand j’étais petite, je passais des heures devant la glace à essayer de recoller mes oreilles. […]. Quand j’étais petite je voulais être un feu rouge, au plus grand carrefour […] Quand j’étais petite, je regardais ma mère se maquiller devant le miroir… » Ainsi, le langage utilisé par Lou reflète différentes facettes de sa personnalité et les contradictions d’un esprit vif mais mal à l’aise et asocial.
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