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Le savetier et le financier, Jean de la Fontaine

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Par   •  17 Novembre 2020  •  Cours  •  1 644 Mots (7 Pages)  •  803 Vues

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INTRO

L’auteur, Jean de La Fontaine, est un poète fabuliste du XVIIème siècle  de grande renommée.  Il a vécu sous  la monarchie absolue de droit divin de Louis XIV. C’était un régime très autoritaire qui pratiquait la censure. La Fontaine prenait donc des risques dans ses fables. Ses principales œuvres sont ses deux recueils de fables, le premier publié en 1668, et le second dix ans après en 1678. Mais il a quand même écrits quelques contes et autres.

« Le Savetier et el Financier » se situe au début du deuxième recueil. C’est la 2ème fable du livre VIII. La fable est de source double, La Fontaine s’est en effet inspiré d’un passage d’une lettre d’Horace et d’une nouvelle de Bonaventure Des Périers. Les vers de la fable sont hétérométriques, l’auteur alterne entre alexandrins et octosyllabes.

LECTURE EXPRESSIVE

Après la lecture de cette fable, il paraît pertinent de s’interroger sur les moyens par lesquels La Fontaine nous fait part de sa conception du bonheur. Nous pouvons déjà diviser le texte en 5 grands mouvements principaux. Dans les vers 1 à 7, on retrouve le portrait des deux personnages opposés : un savetier heureux et un financier austère. Ensuite, du vers 8 au  vers 13, c’est le conflit : le savetier empêche le financier de dormir. Des vers 14 à 36, c’est la proposition du financier. Lors des vers 37 à 47 nous parle des conséquences de la proposition du financier. Dans les vers 48 et 49, c’est la résolution, le retour à la situation initiale.

EXPLICATION LINEAIRE

Le titre annonce une fable humaine et nous oriente vers une fable moraliste ou philosophique. Il est fondé sur une antithèse opposant deux professions. D’un côté on a celle de savetier, une profession manuelle, c’est donc un homme du peuple. De l’autre le financier, profession intellectuelle qui implique un personnage bourgeois. Le titre annonce directement deux visions du monde qui vont s’opposer.

1er mouvement

Le premier mouvement annonce donc le portrait des deux personnages. Le savetier est caractérisé par son chant qui symbolise le bonheur et l’insouciance. L’anaphore du mot merveille aux vers 2 et 3 met en avant la joie de vivre du personnage et l’admiration du fabuliste pour celui-ci. Le rythme régulier de cette partie de la fable souligne le bien-être du personnage. Le portrait du savetier peut être caractérisé de laudatif, l’auteur vante les qualités du personnage.

Ensuite, le portrait du financier commence par le connecteur « au contraire » qui annonce l’opposition entre les deux personnages. L’hyperbole au vers 5 souligne la richesse du personnage et indique un bonheur matériel.  Les deux litotes « chantait peu » et « dormait moins » signifiant que le personnage ne chante pas du tout et ne dort pas non plus dénote du manque de sérénité du personnage. Ce manque de sérénité semble être du a sa richesse, en effet étant tout cousu d’or est ici proposition circonstancielle de cause. Le portrait du financier est donc péjoratif,  l’auteur semble mépriser ce personnage qui fait passer l’argent avant les plaisirs quotidiens.

Les deux portraits dressés par La Fontaine sont donc totalement antithétiques. L’auteur nous pousse à prendre parti pour le savetier qui pourrait nous donner les clés du bonheur.

2ème mvt

Ce deuxième mouvement annonce un conflit entre les deux personnages du vers 8 au vers 13. Ce conflit est révélé par l’antithèse aux vers 8 et 9 entre « sommeillait » et «l’éveillait ». On comprend donc que le savetier empêche le financier de dormir à cause de son chant.  De plus l’allitération en [R] aux vers 12 et 13 révèle la colère du financier qui apparaît aigri. La Fontaine nous dresse ici un portrait caricatural du banquier qui réduit tout à une question d’argent, sauf que le sommeil ne s’achète pas.

3ème mvt

Le troisième mouvement du vers 14 au vers 36 est caractérisé par la proposition de financier.  En effet, cette proposition est mise en valeur par l’emploi du présent de narration au v14 « il fait venir ». Ce présent donne l’impression que la scène se déroule devant nos yeux et la rend plus théâtrale.  Le rejet au v15 « Le Chanteur » révèle le mépris du financier pour le savetier. Ce mépris est confirmé par la dénomination ironique « Sire Grégoire ». L’interrogation directe au v16 démontre que le financier est un personnage inquisiteur et désagréable.

Lors de sa première réponse, le savetier utilise un ton sympathique et naturel reconnaissable avec « Monsieur ». On retrouve un personnage enthousiaste qui utilise le lexique de la bonhommie : « ton rieur »,  « le gaillard ».  Les 4 enjambements qui suivent cherchent à montrer que le savetier est un personnage bavard et naturel qui n’hésite pas à dévoiler sa vie sans aucune méfiance. Les vers 19 à 22 présentent la philosophie de vie du savetier. Il vit de joie et de plaisir au jour le jour, la phrase « Chaque jour amène son pain » montre qu’il profite de l’instant présent. On reconnaît ici la philosophie du CARPE DIEM défendue par Horace. Ce bonheur reste malgré tout raisonnable, le savetier n’a pas d’énormes ambitions : « il suffit qu’à la fin j’attrape le bout de l’année. ». Le personnage ne cherche qu’à subvenir à ses principaux besoins sans trop s’enrichir.

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