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Le mariage de Figaro, acte V, scène 3, Beaumarchais

Commentaire de texte : Le mariage de Figaro, acte V, scène 3, Beaumarchais. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  13 Juin 2017  •  Commentaire de texte  •  2 908 Mots (12 Pages)  •  1 101 Vues

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Objet d’étude :                                                                                      Tiré de Le Mariage de Figaro

Le théâtre et sa représentation         Théâtre (1784)

Du XVIIe siècle à nos jours         Acte V scène 3      

Beaumarchais (1732-1799)         

Enfant déjà, il présente des aptitudes pour ses futures vocations : il invente le personnage de Figaro qu'il met en scène, et l'échappement à double virgule, dispositif d'horlogerie. Il entre ensuite au Secret du Roi, service d'espionnage du Roi, pour lequel il mène quelques missions. Il transforme ensuite sa passion pour l'horlogerie en besoin de rédiger. Il publie ses grandes pièces dramatiques. Il fréquente les milieux intellectuels et fait partie des philosophes des Lumières.

Dans cet extrait, un valet du nom de Figaro effectue un monologue , il croit que sa fiancé Suzanne la trompe avec son maitre le Comte Almaviva. Il transforme ensuite sa passion pour l'horlogerie en besoin de rédiger. Il publie ses grandes pièces dramatiques. Il fréquente les milieux intellectuels et fait partie des philosophes des Lumières.

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Problématique :

I – Un monologue original

A – Entre roman et théâtre

La scène 3 de l’acte 5 est constituée d’un long monologue de Figaro. Cette forme théâtrale est introduite dès la première didascalie à travers l’adjectif :

« seul ».

Néanmoins, ce monologue présente toutes les caractéristiques d’un discours narratif.

En effet, Figaro raconte son parcours et revient sur des éléments passés de l’intrigue : « Après m’avoir obstinément refusé quand je l’en pressais devant sa maîtresse » (référence à la scène 2 de l’acte II), « à l’instant qu’elle me donne sa parole ; au milieu même de la cérémonie… Il riait en lisant, le perfide ! » (acte IV, scène 9). La dimension romanesque de ce monologue se situe à la fois dans le fond et dans la forme.

 Dans la fond tout d’abord car la destinée de Figaro constitue un véritable roman picaresque (« fils de je ne sais pas qui ; volé par des bandits ! élevé dans leurs mœurs »). Le valet énumère les différents métiers qu’il a exercés jusqu’à sa rencontre avec le Comte Almaviva (Le Barbier de Séville): « J’apprends la chimie, la pharmacie, la chirurgie ; […] Las d’attrister des bêtes malades, et pour faire un métier contraire, je me jette à corps perdu dans le théâtre […] j’écris sur la valeur de l’argent […], je taille encore ma plume […] ; je me fais banquier de pharaon […]. Je reprends ma trousse et mon cuir anglais ; […] je vais rasant de ville en ville, et je vis enfin sans souci. Un grand seigneur passe à Séville ; il me reconnaît, je le marie ». Dans le forme ensuite car l’ampleur du récit met en relief les évènements narrés. L’emploi des temps du récit souligne la dimension romanesque du discours :  Présent de narration : « à l’instant, un envoyé… de je ne sais où se plaint que j’offense, dans mes vers, la Sublime Porte », « on me met un jour dans la rue », « je me fais banquier de pharaon ».  Imparfait et passé simple : « Mes joues creusaient ; mon terme était échu ; je voyais de loin arriver l’affreux recors », « il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint. Il ne me restait plus qu’à voler », « il fallut bien périr encore ». Cependant, le présent domine. Le discours, animé et plus vivant, renoue alors avec le théâtre. On retrouve d’ailleurs dans ce discours narratif de nombreux procédés du théâtre : Tout d’abord, la mise en scène et le contenu du récit s’accordent, comme l’indique la didascalie initiale : « FIGARO, seul, se promenant dans l’obscurité, dit du ton le plus sombre ». Puis plus loin dans le discours : « perdu dans la foule obscure », « la nuit est noire en diable », « Las de nourrir un obscur pensionnaire ». La mise en scène concorde avec l’humeur et la sombre destinée de Figaro. Ensuite, le récit est animé de différentes manières par Figaro, à travers :  Sa gestuelle : On remarque que Figaro se lève dès qu’il évoque les événements liés à l’intrigue de la pièce et qu’il s’assied lorsqu’il commente sa destinée : « (Il s’assied sur un banc.) Estil rien de plus bizarre que la destinée ! » « (Il se lève.) Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours », « (Il se rassied.) Las de nourrir un obscur pensionnaire, on me met un jour dans la rue », « Au moment d’épouser ma mère, mes parents m’arrivent à la file (Il se lève en s’échauffant.) On se débat » (cf. acte III, scène 16), « (Il retombe assis.) O bizarre suite d’évènements ! ».

Cette mise en scène souligne l’alternance entre l’intrigue théâtrale et le récit de la vie de Figaro.  Les apostrophes et faux dialogues : « Femme ! femme ! Femme ! », « Suzon, Suzon, Suzon ! », « Non, Monsieur le Comte, vous ne l’aurez pas… vous ne l’aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !… », « On se débat ; c’est vous, c’est lui, c’est moi, c’est toi ; non, ce n’est pas nous ; eh ! mais qui donc ? ».  Les questions oratoires, qui suggèrent la présence d’un interlocuteur (ou d’un public) fictif : « Estil rien de plus bizarre que la destinée ! », « O bizarre suite d’événements ! Comment cela m’estil arrivé ? Pourquoi ces choses et non pas d’autres ? Qui les a fixées sur ma tête ? ». A la fin du monologue, on retourne au présent de l’action théâtrale : « J’entends marcher… On vient. Voici l’instant de la crise. » Figaro, valet de comédie, se transforme dans ce monologue en héros tragique.

B – Entre tragédie et comédie

Cette scène 3 de l’acte 5 se présente comme une parenthèse tragique au sein de la comédie. Le bref champ lexical de l’obscurité : « l’obscurité », « ton le plus sombre », « foule obscure », « la nuit est noire en diable », « obscur pensionnaire » suggère la profondeur du personnage de Figaro. Une dimension pathétique est également présente à travers un champ lexical du tragique et de la souffrance propre à susciter la compassion du lecteur/spectateur : « plaint », « offense », « meurtrissent », « maltraitant », « Mes joues creusaient », « échu », « affreux », « désespoir », « malheur », « périr », « tourments ». Le destin de Figaro est marqué par la fatalité : « volé par des bandits ! Élevé dans leurs mœurs, je m’en dégoûte et veux courir une carrière honnête ; et partout je suis repoussé ! », « il ne me restait plus qu‘à voler », « Forcé de parcourir la route où je suis entré sans le savoir, comme j’en sortirai sans le vouloir ». Cette dernière phrase suggère que le valet n’est pas maître de son destin, ce qui rappelle le statut du héros tragique poussé vers sa destinée déjà toute tracée. Mais les registres pathétique et tragique sont associés au comique à travers l’ironie et l’humour de Figaro. Le valet dénonce ainsi le ridicule de la société et tourne en dérision sa propre situation : « Je voyais de loin arriver l’affreux recors, la plume fichée dans sa perruque », « Las d’attrister des bêtes malades », « et voilà ma comédie flambée, pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire », « on pense à moi pour une place, mais par malheur j’y étais propre : il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint. » Le comique ici est de l’ordre de l’absurde.

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