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Le gout moderne pour la vitesse

Dissertation : Le gout moderne pour la vitesse. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Février 2021  •  Dissertation  •  741 Mots (3 Pages)  •  505 Vues

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"Pensez-vous que la vitesse soit un critère indispensable pour définir les sociétés modernes ?"

Indéniablement, la vitesse fait partie intégrante de nos vies occidentales. Synonyme de performance et de rentabilité, elle fait loi et dicte notre rapport à la vie au point de devenir une course perdue contre le temps. En cela, "la vitesse (représente) un critère indispensable pour définir les sociétés modernes". Pourtant, nous constatons aujourd'hui une volonté de recul face à cette tyrannie de la vitesse qui menace finalement la stabilité de la société elle-même. Des modes de vie alternatifs émergent en effet et prônent un retour à la lenteur, au sein même de nos sociétés actuelles en mal de sérénité et d'apaisement. Ainsi, en quoi la vitesse est-elle un critère indispensable dès lors que nous acceptons d'adopter des normes "hors-normes", faisant de nous des complices d'une société essoufflée et à bout de course ? Nous envisagerons donne dans un premier temps la vitesse comme un critère de la modernité pour aborder dans un second temps la volonté de s'affranchir de cet impératif moderne, de ce "critère indispensable" illusoire et anxiogène.

La vitesse incarne un critère de la modernité, au point d'en devenir obsessionnelle. Qu'elle s'incarne dans des automobiles de plus en plus puissantes et performantes comme l'évoque Françoise Sagan dans Avec mon meilleur souvenir, dangereuses et paradoxalement admirées et convoitées ou qu'elle suscite le sentiment d'être vivant et en pleine possession de ses moyens, cette dernière est en tous les cas une obsession moderne. D'ailleurs, Roland Barthes dans Mythologies évoque la rapidité, matérialisée dans la DS de Citroën, comme une nouvelle religion, ayant supplanté toute forme de spiritualité au profit de la performance et de la prouesse dont chaque individu serait capable... Être performant serait devenu notre profession de foi. Même à l'échelle des nouvelles technologies toujours plus rapides ou encore des entreprises qui doivent en permanence s'adapter, plus personne "n'est à l'abri de tomber de son piédestal, de perdre des parts de marché, d'être durement ébranlé par de petits challengers". Le dernier film de Ken Loach "Sorry we missed you" pointe d'ailleurs cette dérive, Ricky chauffeur-livreur "indépendant" devenant en quelques sortes son propre esclavagiste, dans une ubérisation permanente de sa vie, où les temps de repos sont gommés au profit du temps de travail, indécent et dangereux. C’est le constat saisissant que dresse Philippe Soullier dans son article "La vitesse, compétence clé au travail". Dès lors, si le fait d'être efficace et compétent permet de demeurer dans la course à la rentabilité, "critère indispensable pour définir les sociétés modernes", nous pouvons nous demander de façon légitime si cette course à la vitesse n'est pas dangereuse, anxiogène et finalement vaine.

En effet, ces constats sociétaux nous invitent à prendre du recul et à reconsidérer nos priorités, pour éviter notamment des phénomènes de burn out. Dans Les Temps modernes de Chaplin, Charlot dérègle certes la cadence infernale de la gigantesque usine dans laquelle son rôle est de resserrer des boulons mais en s'affranchissant de cette norme imposée, il maintient son humanité, sa part de rêve et d'idéal propre à chaque individu. En effet, en combinant la lenteur, ou l'immobilité, avec le tempo trépidant de la vie moderne, de nouvelles façons de vivre à un rythme plus personnel deviennent possible. Parvenu à un équilibre, l'individu peut de la sorte redécouvrir le monde et apprécier une nouvelle vie pleinement épanouie. La chanson "Pierre" de Barbara, à la tonalité musicale monocorde qui imite les goûtes de pluie, évoque un quotidien certes dérisoire mais empreint de beauté. Elle y évoque l'attente du retour de son amant, Pierre, dans un tempo lent et apaisant qui rappelle le rythme tranquille de la vie et des beautés qu'elle recèle : la pluie, le froid, le foyer, et l'amour. Dès lors, nous pouvons parler d'une forme de résistance au diktat imposé par les sociétés modernes qui peuvent encore s'incarner par la marche, les pèlerinages, la méditation et qui permettent de se recentrer sur soi-même et ses priorités, Enfin, dans "La Mort aux trousses" d'Hitckock, le paisible publicitaire new-yorkais Roger O. Thornhill perd toute forme de quiétude en étant pris pour un autre, ce qui nous questionne sur les risques d'une vie frénétique, certes trépidante mais o combien anxiogène...

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