Le choeur antique de Sophocle, transposé dans l'oeuvre de Pasolini
Commentaire d'oeuvre : Le choeur antique de Sophocle, transposé dans l'oeuvre de Pasolini. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar soft186 • 7 Mai 2017 • Commentaire d'oeuvre • 802 Mots (4 Pages) • 664 Vues
Comment Pasolini transpose-t-il le choeur antique ?
Alors que le rôle du choeur est essentiel chez ses prédécesseurs comme Eschyle, Sophocle diminue son importance au profit des paroles. Pourtant, le choeur est loin d'avoir disparu de sa pièce et joue malgré tout un rôle prépondérant. Pasolini, lui, ne reprend pas le choeur en tant que tel, même dans la partie de son film qui correspond à la pièce de Sophocle. Comment Pasolini transpose-t-il le choeur antique ? Nous étudierons d'une part la représentation qui est faite du choeur puis le rôle qui lui est attribué dans le film de Pasolini.
Représentation du choeur :
A : Place dans le film
Chez Sophocle : 15 choreutes (coryphée + 14) qui accompagnent les acteurs et rythment les épisodes. Mais pas de choeur en tant que tel chez Pasolini : ni stasimon ni parodos ni komos.
La structure de la pièce ordonnée par les interventions du choeur n'est pas reprise mais le choeur est néanmoins présent, en particulier comme une foule qui accompagne les acteurs.
- Foule qui suit le grand prêtre au début de la partie mythique, elle se rapproche de celle de Sophocle, en dehors du fait qu'il s'agisse d'hommes adultes et non de vieillards.
- Foule, assistant avec inquiétude et parfois désapprobation à la confrontation entre Œdipe et Tirésias et qui en témoigne par des chuchotis indistinctes, renvoie au stasimon de la pièce où le choeur est partagé entre son respect des dieux et son amour pour Œdipe et son désir de le préserver du malheur.
- Notables qui entourent Créon.
- Foule qui assiste à la sortie d’Œdipe à la fin de la pièce et le regarde avancer dans un silence recueilli et douloureux ce qui renvoie à l'exodos où le choeur plaint les douleurs d'Œdipe.
Mais Pasolini insère de nouvelles apparitions du choeur.
Dans la partie mythique : le marché qu'il traverse en se rendant chez la Pythie où la foule qui attend à la porte de Thèbes avant qu'il ne tue le Sphinx et fête sa victoire et son mariage une fois qu'il s'en est débarrassé.
Dans la partie tragédie : le cortège funéraire est un ajout de Pasolini, même s'il peut reprendre le parodos et les lamentations du choeur.
B : Jeu du choeur :
Chez Sophocle : le choeur danse, chante, et parle à travers le coryphée. Il s'exprime dans une langue soutenue.
Chez Pasolini : le choeur ne parle pas, en dehors de murmures incompréhensibles et il n'y a pas de danses. En revanche, on retrouve les chants qui accompagnent les épisodes importants même si les paroles prononcées sont alors proférées dans des langues inconnues ce qui leur donnent un caractère universel et volontairement énigmatique. Les chants roumains et les lamentations des pleureuses qui accompagnent le cortège funèbre et la présentation de la peste à Thèbes.
Rôle du choeur
A : Conseiller
Chez Sophocle, le choeur, s'il ne peut pas prendre part personnellement à l'action, peut néanmoins orienter les réflexions des personnages, comme quand le choeur convainc Œdipe de ne pas faire de mal à Créon.
Ce rôle est peu présent dans le film de Pasolini. On le retrouve cependant en partie avec le messager qui pourrait faire figure de coryphée. En effet, il est chargé d'annoncer l'arrivée des personnages (le messager conduit Œdipe jusqu'à Tirésias, annonce Créon, conduit Tirésias), de donner son opinion sur les événement qui arrivent (la désapprobation du messager lors de la querelle entre Œdipe et Tirésias est marquée par le morceau qu'il joue à la flûte, le thème du destin, qui pourrait signifier à la fois que le messager cherche à apaiser le conflit et qu'il condamne et juge Œdipe en montrant qu'à cause de sa violence et de son hybris, il justifie le destin qui lui est réservé).
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