Le personnage de Jocaste, chez Sophocle et Pasolini.

LE PERSONNAGE DE JOCASTE, CHEZ SOPHOCLE ET PASOLINI

Comment est représentée Jocaste dans la pièce de Sophocle et le film de Pasolini ?

→ Quel est son rôle ? Quelles relations entretient-elle avec Œdipe ? Qu'est-ce

qui caractérise son suicide ? (...)

Jocaste fait sa première apparition dans la pièce, dans le deuxième épisode, lors d'une dispute entre Œdipe et Créon. Elle tente alors de mettre un terme à leur querelle et possède ainsi un rôle de médiatrice. Elle veut calmer et rassurer Œdipe. Il est vrai que chez Sophocle, Jocaste a souvent un rôle de confidente à qui Œdipe confie ses angoisses : « Quel confident plus précieux pourrais-je donc avoir que toi, au milieu d’une telle épreuve ? ». Au départ de Créon, elle sert de modératrice face à la colère d’œdipe, puis de messagère : elle rapporte en effet un exemple d’oracle mensonger pour tranquilliser son époux mais provoque ainsi l’effet inverse. Elle devient donc ici témoin du passé (inconnu d’Œdipe). Mais à la fin du deuxième épisode, les époux sont sur un pied d’égalité, dans la peur, le doute et l’attente d’un autre témoin qui éclaircirait le mystère du meurtre passé.

Le personnage de Jocaste a aussi un rôle qui lui accorde une certaine puissance dans le mythe. Elle incarne notamment le pouvoir religieux : un épisode le montre en débutant par l'entrée en scène de la reine qui, dans la première tirade, s'adresse au Dieu Apollon : « C'est donc toi, Apollon, puisque te voici tout proche, que je viens supplier ». Pourtant, paradoxalement, elle évoque ouvertement à plusieurs reprises, ses doutes à l'égard de la prophétie : « Tu vois à quel point les prophéties sont des mensonges ». Mais le rôle de Jocaste lui confère aussi un pouvoir politique (qui est surtout souligné chez Sophocle, plus que chez Pasolini), principalement par son titre de reine de Thèbes.

Or, dans le film de Pasolini, Jocaste apparaît pour la première pour la première fois, sortant du palais dans une sorte de brouette. C'est alors qu'elle rencontre Œdipe, et plusieurs gros-plans sur leurs deux visages, filment les regards ambigus qu'ils échangent. Edipo-Re annone en effet dès le début de la « partie antique/centrale », l'ambivalence de la relation entre Oedipe et Jocaste. La relation amoureuse entre les deux personnages est plus étrange dans Edipo-Re que chez Sophocle.

C'est un personnage très énigmatique qui est présenté dans le film : on ne sais jamais clairement ce qu'elle pense, ce qu'elle sait, ce qu'elle comprend, et il est souvent difficile de le deviner. De même, elle a parfois des réactions curieuses, étranges, notamment lorsqu'elle sourit et laisse échapper un petit rire nerveux en entendant les paroles de Tirésias qui révèlent à Oedipe qu'il est lui-même l'assassin de son père et l'époux de sa mère. A l'inverse, dans la pièce Sophocle, c'est Œdipe qui a un sourire ambigu en entendant la vérité, « un sourire timide et monstrueux, à peine esquissé », « mi-idiot, mi-rusé ; car il

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