Le Spleen LXXV : Pluviôse, irrité contre la ville entière, Baudelaire (1857)
Fiche de lecture : Le Spleen LXXV : Pluviôse, irrité contre la ville entière, Baudelaire (1857). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lucille_lhye • 19 Avril 2018 • Fiche de lecture • 1 211 Mots (5 Pages) • 10 363 Vues
Le Spleen LXXV : Pluviôse, irrité contre la ville entière, Baudelaire (1857)
Objet d’étude : Poésie et quête du sens Œuvre intégrale : Les fleurs du mal (1857)
Groupement : La mélancolie, source d’inspiration ou dégoût, génie ou folie
Auteur : Charles Baudelaire (1821-1867) Epoque : XIXe siècle
Genre littéraire : Symbolisme
INTRODUCTION :
Charles Baudelaire est né en 1821 et mort en 1867. C’est un écrivain français très célèbre. Il commence à se faire connaître en traduisant les œuvres de Edgar Poe. Il devient très connu à partir de la parution des Fleurs du Mal en 1857. C’était un homme rebelle et dépensier. Il a inventé le spleen baudelairien qui est une profonde tristesse, un mal de vivre, isolement, solitude et la sensation d’étouffement. Le mot « spleen » est emprunté à un mot anglais qui veut dire « rate » puis par extension « humeur noire ». Le poème 75 est le premier d’une série de 4 poèmes qui portent le même titre : Spleen. Notre poème ouvre donc cette série et, à ce titre, il est celui qui indique, qui met en place les différentes caractéristiques du style baudelairien.
LECTURE A VOIX HAUTE
Annonce de problématique et plan :
I- Le spleen baudelairien
II- La dépersonnalisation
Développement :
I- a) La liquéfaction
- Pluviôse : terme mis en valeur par la situation et sa diérèse (u, i, o) = mois du calendrier révolutionnaire (20/01-20/02) situé entre nivôse et ventôse
- Ouverture du sonnet sur l’humidité, humidité envahissante : « entière » v1
- Ame du poète erre dans la gouttière avec le vers 7
- La gouttière vers 7 permet de filer ce thème (humidité), tout comme l’eau parcourt la gouttière
- Elément liquide introduit jusque dans l’appartement : « la pendule enrhumée » v.10.
- Hydropisie qui est une accumulation de liquide à l’intérieur du corps : « d’une dame hydropique » v.12
- Humidité qui pénètre jusque dans l’intériorité de l’être
I- b) La maladie
- Maladie créée par l’humidité mal saine de pluviôse
- Pluviôse déverse le froid propice avec l’humidité pour créer la maladie : « De son urne à grands flots verse un froid ténébreux » v.2
- Impression que toutes les être présents sont malades : « chat galeux » v.5/6, « âme frileuse du poète » v7/8 et « d’une dame hydropique » v.12
- Etres malades mais aussi les objets : « pendule enrhumée » v.10 = contagion généralisée
I- c) La mort
- « Urne » v.2 évoque l’urne funéraire
- « Pluviôse » semble être une divinité ne prodiguant pas la vie mais la mort
- Structure du sonnet avec le dernier mot « défunts » = réponse circulaire au premier mot « Pluviôse » (divinité mortifère)
- Déversions funèbre avec « urne » v.2 qui déverse sur le « cimetière » v.3 puis déverse « la mortalité » v.4
- Règne total de la mort
- Personnages eux-mêmes morts : « héritage fatal d’une vieille hydropique » v.12
- Déversions auditive de la mort : « le bourdon se lamente » (glas lors des enterrement) v.11
Nous venons de caractériser la nature du spleen, nous allons désormais nous intéresser à son effet principal : la dépersonnalisation
II- a) Une progression de la mort vivante à la vie morte
- Dans les vers 3 et 4, Pluviôse verse le froid au cimetière et la mort aux faubourgs : on s’attendait à l’inverse.
- Le poète nous informe donc que les morts sont les seules personnes et que les vivants sont déjà absents.
- Dans le dernier tercet, on assiste à une discussion entre une dame de pique et un valet de cœur : les objets semblent vivants tandis que les vivants sont traités comme morts.
II- b) La dépersonnalisation du poète
- Centre du poème aux vers 7/8 : place centrale du poète
- Seule son âme est évoquée, dissolution de sa présence corporelle : « l’âme du vieux poète erre dans la gouttière » v.7
- Mise au ban de son existence puisqu’il est hors de chez lui, il hante une gouttière
- Présence de son attribut principal : « avec la triste voix » v.8
- Voix du poète qui ne chante pas la poésie car c’est celle d’un non vivant : « avec la triste voix d’un fantôme frileux » v.8
- Mort définitive, dépersonnalisation éternelle avec la comparaison de son âme et du fantôme
II- c) La division du sujet
- Quelqu’un ressent le spleen et perçoit toutes les évocations du poème : il s’agit du « mon » v.5 qui est utilisé pour le chat, le seul être animé du poème.
- Aucun lien entre les sujets (personnages), le chat, le fantôme, la pendule et les cartes sont autant d’image du poète.
- Les images sont des images dépersonnalisées, le seul être animé, le chat n’est as animé car les animaux ne sont pas des êtres animés.
- Les seules voix du poème sont ceux de la discussion entre le valet de cœur et la dame de pique mais c’est une discussion de non vivants qui porte sur des morts v.13/14.
Conclusion :
Le règne du spleen semble donc total dès ce poème qui ouvre la série des « Spleen ». La météo et le temps de l’horloge s’associent pour créer une atmosphère hostile porteuse de morts à tel point que les vivants semblent déjà morts et ne plus exister. Le poème suivant doublera ce thème de la dépersonnalisation par celui de la pétrification : « Désormais tu n’es plus, ô matière vivante, qu’un granit entouré d’une vague épouvanté » Spleen XXVI (26).
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