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Le Malade imaginaire, acte I scène 5 / Molière

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Par   •  10 Janvier 2022  •  Commentaire de texte  •  1 453 Mots (6 Pages)  •  960 Vues

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Représentée en 1673, Le Malade imaginaire est la dernière pièce de Molière ; elle met en scène Argan, un père de famille hypocondriaque et tyrannique. Dans le passage qui nous est proposé, extrait de la scène 5 du premier acte, Argan va annoncer à sa fille Angélique qu’il lui a choisi un mari, alors qu’elle, de son côté, est amoureuse de Cléante, et ce n’est pas le jeune homme choisi par son père ! L’intensité dramatique est forte dans cet extrait puisque chacun des deux personnages doit annoncer à l’autre une information d’importance, et en apprendre une autre pour le moins inattendue… Nous montrerons ainsi que l’intérêt du public est entretenu tout au long de ce passage, par la découverte tout d’abord des relations entre Angélique et son père, celui-ci se montrant particulièrement égoïste ; puis par le quiproquo qui naît du malentendu entre eux, source de comique.

I) Quelles sont les particularités des relations entre Angélique et son père ?

1) Des relations empreintes de distance

Les relations entre Argan et sa fille sont faites de distance et de respect : on note le vouvoiement respectif : « je vais vous dire » (ligne 5, Argan) ; « tout ce qu’il vous plaira » (ligne 9, Angélique). Ce vouvoiement était courant à l’époque et n’était pas en usage uniquement parmi les classes les plus aisées de la société. De plus, on relève l’appellation « ma fille », et « mon père » (lignes 5 et 9 également), qui va dans le même sens et souligne encore davantage la distance entre sa fille et son père. Enfin, de tout l’extrait, jamais Argan n’appellera sa fille par son prénom.

2) Une fille obéissante et soumise… en apparence

En plus de cela, Angélique apparaît totalement soumise à son père : elle accepte tout ce qu’il lui annonce car elle pense qu’il va lui proposer d’épouser Cléante, le jeune homme dont elle est amoureuse. Elle manifeste sa joie quand Argan lui parle de mariage : « On vous demande en mariage. Qu’est-ce que cela ? Vous riez ? » (Ligne 6) Elle force ainsi son obéissance dans la suite du passage, ce qui est source de comique pour le public, qui connaît la situation véritable ; et Argan ne se doute de rien, il apparaît ainsi naïf et crédule. Il se réjouit que « les choses soient de la sorte » (lignes 28-29). Angélique affiche son “obéissance” à plusieurs reprises : « Je dois faire tout ce qu’il vous plaira de m’ordonner » (ligne 9) ; « C’est à moi, mon père, de suivre aveuglément toutes vos volontés » (ligne 12). Quelqu’un de plus avisé qu’Argan aurait sans doute noté le côté exagéré de toutes ses protestations d’obéissance, mais il n’y voit que du feu, et se félicite « d’avoir une fille si obéissante » (ligne 10). Pourtant, la docilité apparente d’Agnès cache un projet qui va la confronter à son père.

3) Un père “tout puissant” qui impose un mari à sa fille : le mariage arrangé

De l’obéissance en effet, il en faudra à Angélique pour accepter ce que son père va lui annoncer : il lui a trouvé un mari sans la mettre au courant. Il s’agit de « Thomas Diafoirus », fils de médecin, et lui-même futur médecin. Ce choix sert uniquement les intérêts d’Argan, qui est un personnage fortement égoïste : se croyant gravement malade, ce dernier souhaite avoir un gendre médecin pour économiser les frais de ses diverses consultations et bénéficier de soins constants. Cet extrait développe ainsi un thème très souvent présent chez Molière : le mariage arrangé. Au XVIIe siècle, il était fréquent que les mariages soient conclus par les parents des futurs époux, sans que ceux-ci soient consultés. L’affaire « est donc conclue, et je vous ai promise » (ligne 10) ; «mais  je l’ai emporté, et ma parole est donnée » (lignes 16-17) ; « Je n’ai point encore vu la personne » (ligne 21). L’emploi du passé composé ou du présent passif met l’accent sur des actions de sens accompli, c’est-à-dire qu’elles sont achevées, elles ne sont pas en cours de réalisation : cela montre que c’est le projet qu’Argan a mené et fait aboutir, et il ne semble pas vouloir revenir sur sa décision : il apparaît ainsi comme un père de famille tyrannique.

Transition :

Le moment de l’annonce de l’identité du futur époux va engendrer un malentendu, car Angélique croit qu’il s’agit de Cléante. Ceci va donc créer un quiproquo, source de comique et moyen de maintenir l’intérêt du spectateur.

II) Le quiproquo

Rappel :

Définition d’un quiproquo : Situation de méprise, de malentendu, lors de laquelle les personnages pensent parler de la même chose/personne, alors qu’il n’en est rien. Très fréquent dans les comédies, le quiproquo est une forme de comique de situation.

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