La poésie doit-elle montrer la réalité ou doit-elle la transfigurer ?

                La poésie        

 La réalité correspond à ce qui existe en fait, par opposition à ce qui est rêvé, imaginé ou fictif. Transfigurer signifie changer l’aspect de quelque chose, en lui donnant un attrait magnifique. Il existe plusieurs types de poésie, qui correspondent à des styles d’écriture différents. Certains auteurs préfèrent décrire avec réalisme, quand d’autres choisissent de transfigurer la réalité. On peut alors se demander comment al réalité doit-elle paraître en poésie ? Il serait alors opportun d’abord d’analyser la description de la réalité, puis ensuite d’analyser la cette réalité transfigurée.

La description de la réalité c’est fait surtout par les auteurs aux écrits appartenants au mouvement du réalisme. Il s’agit de montrer l’artiste face au réel, de chercher à représenter le plus fidèlement la réalité et de choisir des personnages issus de la classe moyenne ou populaire. Le réalisme s’est allié à la poésie à travers le roman, en témoignent les propos d’Aragon, poète et romancier : « Les Châtiments, c’est avant tout une merveilleuse leçon de réalisme dans la poésie. » Cet extrait illustre bien le lien créé entre réalisme, poésie et roman. Certains poètes comme Charles Baudelaire, dans le recueil Les Fleurs du Mal, n’hésitent pas à exposer une réalité parfois taboue à son époque comme la sexualité ou l’alcool. L’auteur étonne par la précision de certains détails comme dans le poème Une Charogne, il décrit une bête en décomposition, en effet : « les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride » dans ce passage, Baudelaire décrit sans filtre une scène affreuse. Ces détails sont énoncés car pour l’auteur, pour transformer la boue en or, il faut la dire dans toute son horreur. Ces passages « crus » permettent au lecteur de vivre les passages, et d’ainsi mieux comprendre les maux de l’auteur. De plus, certains extraits réalistes permettent au lecteur de réfléchir, de prendre une plus ample connaissance sur un sujet peu communiqué dans la vie courante. A travers les écrits, l’auteur peut passer un message, sensibiliser la population à une cause. Ce réalisme dans les poèmes marque une réelle modernité car très peu présent dans la poésie. En effet, Baudelaire est aussi décrit comme le poète de la modernité. Ces moments de réalisme en poésie peuvent parfois heurter la sensibilité des individus, comme à la sortie du recueil où l’œuvre a fait scandale auprès de la société conformiste de l’époque. Les propos réalistes sont parfois difficiles à entendre, surtout dans la poésie où la coutume est de célébrer, d’explorer, ce qui montre une réelle rupture entre deux univers différents. On pourrait marquer cette rupture entre célébration et réalisme, deux mots à tendance oxymorique, par un autre style d’écriture, le symbolisme.

La poésie peut aussi montrer une réalité transfigurée. Cette transfiguration se fait dans des styles d’écritures précis comme le romantisme ou le symbolisme. Par exemple Francis Ponge, auteur symboliste, dans Le Parti pris des choses , met en valeur des objets sans aucun charme ni intérêt, afin de les sublimer et de les rendre précieux. Charles Baudelaire, encore dans le recueil de poèmes Les Fleurs du Mal, raconte des moments de la réalité avec un discours laudatif, comme le poème Parfum Exotique, où l’auteur exprime un instant de paix intérieur et de sérénité, en alliance aux synesthésies. Le but de ces poèmes est de transmettre au lecteur cette joie, ce moment d’apaisement. Ces écrits sont donc appropriés aux lecteurs en quête de divertissement et non de réflexion. Transfigurer la réalité permet parfois de déceler le positif dans des éléments parfois simples et anodins. Le lecteur peut se laisser transporter dans les écrits. Il arrive que certains de ces poèmes ne plaisent pas à tous. En effet, ces œuvres peuvent être vues comme naïves ou hypocrites : les auteurs de ces transfigurations pourraient vouloir cacher une réalité négative, ou tenter de l’oublier. Certains lecteurs n’apprécient pas se laisser simplement guider par le livre, mais préfèrent que celui-ci apporte une réelle réflexion. L’intention de l’auteur diffère entre réalité pure et transfiguration de cette réalité. La première est une intension de dénoncer, de faire réflechir, tandis que la deuxième, une intension de laisser l’auteur être bercé. Dans les deux formes de réalité le lecteur est actif, dans l’une il réfléchit, dans l’autre il rêve.  

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