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La charogne - Oral de Français

Fiche de lecture : La charogne - Oral de Français. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  3 Mars 2019  •  Fiche de lecture  •  1 512 Mots (7 Pages)  •  7 457 Vues

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UNE CHAROGNE

Ce poème « Une Charogne » est extrait de la section « Spleen et idéal » des Fleurs du Mal, écrit en 1861 par Baudelaire dans le mouvement du romantisme qui décrit la promenade d’un couple interrompue par une vision d’horreur : l’apparition d’un cadavre en décomposition. Ici c’est la charogne et non la femme aimée qui se place au centre du poème. TEXTE La problématique ici est : « Comment l’évocation macabre d’un cadavre en décomposition peut-elle être l’occasion d’un manifeste poétique ? ». Tout d’abord nous parlerons d’une poésie galante détournée sur un mode parodique ensuite un memento mori et pour finir une nouvelle allégorie de la création poétique

I. Une poésie galante détournée sur un mode parodique

1. Une reprise ironique des stéréotypes, la tradition lyrique

  • La 1ère strophe reprend un topo de la poésie galante, la promenade amoureuse romantique
  • Evocation d’images d’une nature bucolique qui rappelle la tradition de la poésie lyrique amoureuse « ce beau matin d’été si doux » «au détour d’un sentier » « sur un lit semé de cailloux » …
  •  Style précieux qui rappelle la poésie renaissante et baroque (16ème et 17ème s)
  • La forme hétérométrique : alexandrins et octosyllabes qui crée une musicalité très particulière
  •  Les périphrases qui idéalisent la femme aimée « ô ma beauté » « mon âme » « mon ange » « mon étoile » « divine » « reine des grâces » reprend le style pétrarquisant
  • L’emploi du passé simple = 1er P. P

2. Une parodie qui confine l’humour noir

  • Un décalage très fort entre la forme (la préciosité du style) et le fond (description de la charogne : cadavre en décomposition) ; véritable provocation entre la trivialité du thème et le registre de langue
  • Jeu des antithèses dans les mots à la rime « infection/passion » « âme/infâme » « divine/vermine » et la diérèse sur « infection » renforce esprit de provocation et d’humour noir  
  • Les expressions qui qualifient la femme sont des clichés creux « Etoile de mes yeux » « soleil de ma nature » alors de la description de la charogne est un véritable travail de création poétique, celle qui est mise en valeur, le blason de Baudelaire
  • Le spectacle qu’invite le poète est que la femme aimée n’est plus une rose mais un cadavre en décomposition
  • Les 3 dernières strophes, les expressions hyperboliques « reine des grâces » « étoile de mes yeux » « soleil de ma nature » devient parodiques par le jeu des antithèses avec les évocations macabres « ordure » « moisir parmi les ossement » « vermine » …

II. Un memento mori

1. Poème construit comme un apologue, un récit édifiant à visée morale

En mettant en scène l’apparition de la mort dans un endroit bucolique, ce poème rappelle le genre de vanité en peinture. Mais sa construction binaire se présente comme une fable, un petit apologue.

  • Strophes 1 à 9 : récit au passé qui présente une promenade bucolique et qui brusquement perturber par la découverte de la charogne, on a un effet de dramatisation puis un long développement descriptif qui suggère la fascination par la vue du cadavre en décomposition
  • Strophes 10 à 12 : « Et pourtant vous serez semblable à cette ordure » le connecteur d’opposition « pourtant » et le changement de temps verbal (du passé au futur) annoncent une rupture. Les 3 dernières strophes fonctionnent comme une morale qui est adressé directement à la femme aimée c’est une invitation à la réflexion, une méditation sur la mort et donc à la vanité de l’existence. Le poème s’achève sur une oxymore sombre et désabusée « de mes amours décomposés »

2. Un réalisme macabre dans la description de la charogne

C’est une description repoussante et provocatrice très réaliste qui accentue les détails répugnants.

  • Les adjectifs insistent sur le caractère abject insoutenable du spectacle « infâme » « horrible »
  • Evocation du cadavre dans ses aspects les plus réalistes à travers le lexique de la mort « charogne » « carcasse » « squelette » « ossement » « pourriture » « ventre putride » « exhalaisons »
  • Détails réalistes : les insectes grouillants sur la charogne « mouches bourdonnaient » « larves » « vermine » l’odorat comme « suant les poisons » « plein d’exhalaisons » « la puanteur était si forte »
  • Plaisir macabre pour le spectacle de la décomposition : le corps se désagrège et se liquéfie « de noirs bataillons » « larves, qui coulaient comme un épais liquide » ici la versification renforce le réalisme
  • L’hallucination de la scène est soulignée par des amplifications épiques (hyperboles) « noirs bataillons de larves » « tout cela montait comme une vague » « ce monde »

3. Une leçon provocatrice par son extrême cruauté

A partir du tiret, la femme aimée est d’une insolente cruauté dans les 3 dernières     strophes.

  • La femme est associée ironiquement à une perfection idéale par des périphrases précieuses 
  • Dans ces derniers vers, l’alliance oxymorique entre le vocabulaire de l’amour, idéal ou charnel et celui de la mort rappelle encore une fois le genre de vanités

III. La charogne : une nouvelle allégorie de la création poétique

 1.Idéalisation de la charogne

  • Jeu d’opposition : oxymore « carcasse superbe » antithèse « le soleil rayonnait/sur cette pourriture » antithèses dans les mots à la rime « vermine/divine »
  • Comparaisons inattendues « comme une femme » « comme une fleur » « comme une vague » « comme l’eau courante et le vent »
  • Mouvement contraire, l’image de la femme se dégrade pendant que la charogne accède à l’idéal

2. La charogne : une source de vie, principe de création   

  • Verbes de mouvement « tout cela descendait, montait comme une vague »
  • La charogne est animée de désirs comparaison à la « femme lubrique » « brûlante » « les jambes en l’air »
  • Elle est paradoxalement le lieu d’une fécondité merveilleuse, frénétique « rendre au centuple » « vivants haillons » « d’où sortaient de noirs bataillons »
  • « Sous l’herbe et les floraisons grasses/moisir parmi les ossements » image qui évoque le cycle de la mort et de la vie, il y a une création à partir de la mort, du mal, de l’horreur de la décomposition dans une sorte de mouvement circulaire
  • Le poète a un pouvoir, il est celui qui fait accéder l’éphémère, le mortel, le corruptible, à l’immortalité « j’ai gardé la forme et l’essence divine/de mes amours décomposés ! »

3. La charogne présentée comme un objet esthétique

La description de la charogne se construit sur des métaphores artistiques

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