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La Bruyère, Les Caractères, Livre VI, « Des Bien de Fortune », remarque 83 (extrait)

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Par   •  21 Juin 2022  •  Commentaire de texte  •  1 857 Mots (8 Pages)  •  2 886 Vues

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La Bruyère, Les Caractères, Livre VI, « Des Bien de Fortune », remarque 83 (extrait)

14ème lecture linéaire

Introduction

Jean de La Bruyère fait paraître une première édition des Caractères en 1688. Il s’agit d’abord d’une traduction des Caractères de l’écrivain grec Théophraste, suivie des Caractères ou Mœurs de ce siècle de La Bruyère. L’auteur revendique ainsi son appartenance au camp des Anciens dans la querelle des Anciens et des Modernes, car il considère que les Anciens sont des modèles indépassables qu’il s’agit d’imiter et d’adapter au goût des lecteurs du XVIIème siècle. Son ouvrage a un tel succès qu’il connaîtra neuf éditions successives jusqu’en 1696. Dans cet ouvrage, La Bruyère veut représenter les mœurs de son temps en ayant recours à des formes brèves, comme la sentence, la réflexion ou encore les portraits, qui font défiler devant les yeux du lecteur l’ensemble des spécimens humains dont se compose la société de l’époque. Les livres V à X évoquent successivement différents milieux sociaux : le cercle restreint du salon mondain et de la conversation, la ville, la cour, et enfin l’ensemble de la nation française dans le Livre X. L’extrait que nous allons étudier se situe dans le livre VI, intitulé « Des biens de fortune ». Dans ce livre, LB s’intéresse aux biens qui n’ont pas été acquis par le mérite personnel, mais par le concours de la « fortune » qui signifie ce qui nous est donné et que nous n’avons pas acquis par notre mérite : la naissance, la chance ou le rang social. D’une manière plus générale, le mot « fortune » renvoie à l’argent qui acquiert en cette fin de XVIIème siècle une importance croissante dans le monde social. Dans cet extrait, La Bruyère fait le portrait d’un homme riche, Giton, et met en scène les attitudes que sa richesse le conduit à adopter en société.

Par quels procédés La Bruyère donne-t-il vie à ce caractère et à son entourage pour nous permettre de mieux comprendre le jeu qu’il joue ?

LECTURE

C’est à quoi nous tenterons de répondre en nous intéressant tout d’abord au portrait d’un personnage énigmatique au comportement ostentatoire (l. 1-6). Nous verrons ensuite que LB étend sa critique à l’entourage qui fait preuve d’une complaisance coupable (l. 6-11) avant de nous intéresser à la façon dont LB nous donne la clé de l’énigme en décrivant un personnage qui imite les attitudes d’un roi (l. 11-16)

  1. Le portrait d’un personnage énigmatique au comportement ostentatoire

l. 1-2 : La première phrase du texte propose en quelques touches un portrait physique du personnage de Giton dont le lecteur ne sait encore rien.

juxtaposit°/accumulat° + parataxe (Ø outils de liaison) grp nominaux COD : constituent chacun un élément du portrait > portrait rendu énergique > 7 GN tous COD du vb « avoir »

> ce personnage se définit d’emblée par l’« avoir » que par l’« être »

champ lexical physionomie adj attributs du COD “marges” “fermes” : désignent caractéristiques physiques  

parallélisme syntaxique + parataxe : écrivain veut peindre Giton, > imitat° coups de pinceau du peintre > esquisse rapide

« pendantes », « larges », « délibérée » : adj qui renvoient à mvmt ou forme

« frais » & « plein » : adj renvoient à idée de santé

« ferme » & « assuré » : personnage qui a confiance en lui.

description descendante “visage” “épaule” “estomac” “jambes” : portrait suit regard du peintre du haut vers le bas > visage, buste, jambes (démarche)

l. 2-3 : Après l’esquisse du portrait physique, la deuxième phrase montre Giton en action dans ses manières quotidiennes.

phrase courte & asyndétique : style coupé > donne rythme au portrait

 « avec confiance » : complément de manière > confirme idée de confiance en soi

« il fait répéter celui qui l’entretient » : ajout nv trait > vb « entretenir »=converser/parler avec…

périphrase “celui qui” : interlocuteur indéfini > représentat° tt interlocuteur possible de Giton

> impression que Giton s’amuse à faire répéter son propos à celui qui lui parle > signale qu’il ne l’écoute pas vraiment> il s’en sert comme outil de distraction qu’il peut manipuler à sa guise

 il « ne goûte que médiocrement » les propos de son interlocuteur : négation restrictive > pvr que G exerce sur autrui doublé de mépris > personnage imbus de lui-même & sentiment supériorité

anaphore « il » : style coupé avec progression à thème constant > personnage au centre de son monde > procédé étendu à l’ensemble du texte

l. 4-6 : Le portrait dynamique se poursuit, tjrs au présent à valeur d’habitude. Les actions décrites par les vb  ne renvoient pas à un fait précis/anecdotique, mais à des manières répétitives, signe d’un caractère clairement défini qu’à la fin du texte.

« il déploie » : vb “déployer”= grand geste/ostentatoire > manières très théâtrales

« il déploie un ample mouchoir, et se mouche à grand bruit »

polyptote « mouchoir/mouche » + adj « ample » & « grand » : mise en scène de soi > action ds sa succession.

« se mouche », « crache », « éternue » : personnage accomplit bruyamment gestes répugnants qui relèvent du bas corporel

parallélisme « il crache fort loin, et il éternue fort haut » & adj « loin », « haut » + adv intensité « fort » : spatialiat° scène > semble vouloir qu’on le voie & qu’on l’entende > obscénité

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