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LE SERPENT QUI DANSE BAUDELAIRE

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Par   •  28 Janvier 2019  •  Commentaire de texte  •  1 985 Mots (8 Pages)  •  2 004 Vues

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LA n°3

Le serpent qui danse

Plan collectif à partir des problématiques :

En quoi ce poème révèle t-il l’ambivalence de la femme ?

En quoi la femme est-elle représentée comme une Fleur du Mal ?

I Eloge lyrique de la femme / portrait mélioratif de la femme

  1. Le poète nous propose d’abord le portrait lyrique mélioratif d’une femme
  •  Intimité poète-femme = Je (le poète se met en scène)  + temps présent de l’indicatif (présent de l’énonciation)pour s’adresser à un «  TU /ton/tes « => femme au cœur du poème (9 pp + Det poss)

  • Lexique affectif  « Que j’aime voir »  expression d’extase, de bonheur, qui ouvre le poème +( !) « chère v1, si beau v2, Belle »v 18 + « cœur »v 36 = intensité amoureuse (beauté magnifiée, intensif « si ») marquée aussi par les ( !) qui ouvrent et ferment le poème v 4-v 36
  • Description de la femme suivant le regard du poète qui semble assister à un spectacle : verbe « voir « v 1 + v17 : le corps v 2 puis la chevelure, les yeux , la démarche, la tête …puis le corps à nouveau  Effet de zoom avant puis zoom arrière  sorte de va et vient  qui évoque la « démarche »  du serpent qui se contorsionne pour avancer.

 De surcroit le rythme même du poème construit sur une alternance d’octo et de penta renforce son lyrisme par sa musicalité (en cela Baudelaire crée une poésie moderne : cf Verlaine= « de la musique avant toute chose et pour cela préfère l’impair ! ») et mime par ailleurs la démarche du serpent.( disposition typographique des vers (les pentasyllabes sont décalés par rapport aux octosyllabes)+ nombreuses allitérations en S : La forme rejoint alors le fond en un tout harmonieux.

Ici la femme est magnifiée par tout un réseau de comparaisons et de métaphores qui font d’elle une source d’évasion

  1. Qui est pour lui source d’évasion

Le poème est dédié à JD et nous retrouvons son univers grâce aux  Multiples comparaisons + métaphores mélioratives  qui évoquent

 un univers exotique (serpent 19/éléphant 24/ âcres parfums v6), la paresse (indolente v 1, abandon 18, paresse 21, mollesse v  23…)

  • Un univers maritime aux couleurs changeantes  v 7-8 (synesthésies) / 26-28 « un fin vaisseau qui roule de bord en bord »
  • Un univers luxueux, précieux (étoffe vacillante v 3/miroiter v5/bijoux v 15, or v 16 …)- vision kaléidoscopique de la femme qui se déploie en une myriade de paysages 
  • Un univers « animal »  serpent/éléphant
  •  La sensualité de la femme qui « ondule » se dégage de l’évocation de son « corps si beau »  qui v 25 « se penche et s’allonge « v 25. La polysyndète v 25 « et » x 2 + les enjambements semblent étirer le vers à l’image du corps de la femme qui semble élastique.  
  • Enfin On relèvera le quatrain n°5 qui reprend le titre du poème    « A te voir marcher en cadence, on dirait un serpent qui danse » les allitérations en (en) + (s) font entendre le glissement de la danse alors que les dentales « d +t » battent la mesure « la cadence ».
  • Ainsi => caractère hypnotique de la femme   qui permet  le voyage de l’âme du poète.
  1. Et qui lui permet d’accéder à un ailleurs rêvé

C’est la chevelure de la femme v 5  qui permet  le voyage de l’âme du poète « mon âme » est mis en exergue du v 11 et est sujet du verbe d’action.

 L’âme du poète subit une double comparaison, d’abord elle est comparée à un navire (symbole de voyage et d’évasion)  v 9 et ensuite ce même navire semble sortir de sa torpeur nocturne pour « s’éveiller au vent du matin » (personnification)→ Eveiller + matin => idée de renouveau, de re-naissance. On remarque que le départ se fait dans le calme comme en témoigne la construction du quatrain et son rythme :

D’abord la proposition sub relative qui contient la comparaison v 9-10 puis la proposition principale « mon âme appareille » ; enjambements.

On relève ici que  la comparaison maritime qui évoque l’âme du poète rejoint l’univers maritime de la femme v 5-8 « mer odorante et vagabonde aux flots bleus et bruns » (Correspondances entre la chevelure de la femme, la mer, le voyage )sur laquelle le poète vogue afin v 11 « d’appareiller pour un ciel lointain ». Le voyage du poète est un voyage de » l’âme », un « rêve » qui permet l’accès à un « ailleurs lointain » indéfini.
On retrouve ici le désir de fuite de Baudelaire qu’il évoque dans de  nombreux poèmes, ce désir de se retrouver « anywhere out of the world » pour fuir le Spleen.

Le Voyage immobile  procure ici l’enivrement « Je crois boire » : Correspondance finale « boire un vin de bohème ;ciel  liquide qui parsème mon cœur) L’enivrement provoqué par la figure de la femme qui danse « un serpent qui danse » procure l’évasion de l’âme du poète qui, ainsi, s’évade des miasmes morbides de la terre.

II Une femme néanmoins ambiguë

Si le poème « ressemble » par certains aspects à d’autres comme « parfum exotique ou la chevelure » qui évoquent  le voyage immobile du poète vers l’idéal, ici la femme revêt un caractère ambigu ;

En effet

  1. Elle apparait comme sensuelle et donc dangereuse

La comparaison avec le serpent est ici évidente : cf La genèse→ le serpent tentateur.

Il faut la garder à distance comme l’indique le v 20 « au bout d’un bâton » mais elle est attirante….

Ici la femme « charme » et envoute le poète par sa beauté sulfureuse « corps si beau » « l’eau de ta bouche » ; « chevelure profonde aux âcres parfums, mer odorantes, «  et sa danse hypnotique « un serpent qui danse au bout d’un bâton » corps puis tête qui « se balance » « se penche et s’allonge » »qui roule bord sur bord » ; Les comparaisons et métaphores  renvoient en creux à la relation charnelle notamment grâce à l’évocation du corps, mais aussi de la peau ou encore de la bouche : siège du désir et du plaisir. (Baudelaire écrira dans « Une passante » : la douleur qui fascine et le plaisir qui tue)

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