Introduction Hugo- les contemplations

SUJET : Selon vous le roman de Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves condamne-t-il

la passion amoureuse ?

La question telle qu’elle est formulée par le sujet appelle une réponse nuancée.

1) Quelques connaissances et réflexions à mobiliser pour construire sa réflexion :

La réflexion sur les passions est au cœur du XVIIème siècle et Madame de Lafayette a lu le

Traité des Passions de Descartes qui s’interroge sur les caractéristiques des passions et la

possibilité de les maîtriser.

La passion est condamnée par les moralistes du XVIIème siècle (Molière/ La Bruyère/ La

Fontaine). L’honnête homme du XVIIème siècle est un homme qui sait dominer ses passions,

qui n’en est pas victime, et qui est guidé par sa raison. Madame de Lafayette s’inscrit dans

cette caractéristique du mouvement classique : peindre les passions, les représenter pour

mieux les condamner.

Madame de Lafayette, amie de La Rochefoucauld est proche du courant janséniste qui

condamne les passions qui éloignent de la vertu austère prônée par cette doctrine chrétienne

rigoriste. L’homme doit être avant tout préoccupé de son salut et ce qui l’en divertit (par

exemple ses passions) est l’objet d’une ferme condamnation.

Mais il ne faut pas oublier, non plus, que Madame de Lafayette a fréquenté les cercles des

Précieuses. Celles –ci, avant toute chose, sont préoccupées des choses de l’amour, et inventent

la fameuse Carte de Tendre pour décrire les différents états de la relation amoureuse. Sur

cette carte, la passion violente est à l’origine de tourments qui risquent d’entrainer la mort en

précipitant les amants contre des récifs meurtriers. Mais les Précieuses cherchent aussi à

définir l’amant parfait, vantent ses qualités et inventent un idéal amoureux, une sorte de

perfection de l’amour, proche des romans courtois du Moyen-Âge. (Penser à l’extrait de

Mademoiselle de Scudéry lu en classe).

L’héritage précieux de Madame de Lafayette et l’influence moraliste se conjuguent pour

proposer une analyse complexe du sentiment amoureux. La passion amoureuse est représentée

de manière négative, elle semble disqualifiée, et si elle fait l’objet d’une condamnation

morale (elle révèle d’autres vices des hommes, elle est rarement pure et ceux qui en sont

prisonniers sont présentés plutôt à la Princesse de Clèves comme des contre-modèles). Et la

passion amoureuse même quand elle est « pure » est davantage décrite comme une fatalité, un

sentiment tragique aux conséquences funestes : les amants qui ne peuvent s’aimer sont

pitoyables, celui qui aime sans être aimé en retour est dévoré par la jalousie et la passion

amoureuse semble alors en plein accord avec le sens étymologique du mot passion puisque

«

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