Explication linéaire des 32 premiers vers de « Zone » et lecture de « Vendémiaire » d'Apollinaire
Commentaire d'oeuvre : Explication linéaire des 32 premiers vers de « Zone » et lecture de « Vendémiaire » d'Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar LRonco • 26 Novembre 2019 • Commentaire d'oeuvre • 4 429 Mots (18 Pages) • 3 839 Vues
Séance 4: explication linéaire des 32 premiers vers de « Zone » + lecture « Vendémiaire »
= points de grammaire : la négation, les propositions juxtaposées,coordonnées et subordonnées
= expression écrite : ponctuer un texte
INTRODUCTION : l'auteur : Apollinaire est d'origine polonaise né en 1880 et mort en 1918 de la grippe espagnole. Il est l'héritier de la poésie symboliste et le précurseur du mouvement surréaliste dont il invente le nom.Auteur inclassable, influencé par le cubisme et le futurisme (Marinetti) il dit qu'il « émerveille » en proposant u regard nouveau sur le monde contemporain.
L’œuvre « Alcools » (titre inspiré du poème de Baudelaire « Enivrez-vous) paraît en 1913 : recueil de poèmes écrit sur une dizaine d'année. Il surprend par l'absence de ponctuation, l'originalité des images, la diversité des formes poétiques. La modernité et la tradition s'y rejoignent à travers par exemple des thèmes nouveaux (la poésie du quotidien, l'éloge de la modernité, la ville) et des thèmes plus traditionnels (l'amour blessé, la religion, les légendes....)
Le texte « Zone » : appelé d'abord « Cri » (voir le tableau d'Edvard Munch « Cri » 1893/1917), c'est le poème liminaire (le premier) qui ouvre donc le recueil. Toutefois ce n'est pas le premier poème écrit, c'est même le dernier avant la publication d' « Alcools » .Il est placé au début car Apollinaire veut que le ton, la forme poétique, ses thèmes soient annoncés dès le premier poème. Ce qui frappe le lecteur, c'est effectivement la forme poétique libre : alternance de vers réguliers et de vers libres, l'absence totale de ponctuation, des strophes inégales...
Nous étudierons les 31 premiers vers sur les 156 vers qui racontent la déambulations (promenade) du poète à la fois dans la ville et dans ses souvenirs. Il fait écho au dernier poème « vendémiaire » célébrant la ville, Paris et sa modernité et mettant ainsi en évidence le côté « circulaire » (boucle) du recueil
Intérêt et enjeux du texte : c'est un poème important, sorte de manifeste, puisque Apollinaire donne à son lecteur des pistes de lecture du recueil : désir de modernité sans pour autant rejeter totalement la tradition.
Questions : comment ce poème associe-t-il nouveauté et tradition pour rendre la réalité quotidienne poétique ?
En quoi est-ce un manifeste poétique ?
Rappel : un manifeste : Un manifeste est une déclaration écrite et publique par laquelle un gouvernement, une personne, une organisation politique ou un courant artistique expose un programme ou une position, le plus souvent politique ou esthétique.
C'est un moyen pour les artistes de lancer par exemple un mouvement littéraire.
ICI : « Zone » ressemble à un manifeste car le poète montre, expose ce qui suivra dans ses thèmes, sa manière d'écrire...
Explication linéaire :
= le titre : 1) « Zone » : déconcertant, déstabilisant
- mot d'une syllabe, sec et dont les sonorités ne sont pas forcément agréables.
- Sens étymologique : « zone » en grec = « ceinture » (qui entoure, cercle)
= sens moderne : bande de terrains vagues qui entourent Paris, entre les murailles de la ville et le début de la banlieue. Espace où il était impossible de construire mais où se trouvaient des habitations « misérables ». lieu en marge, marginal socialement.
= Remarque : la zone naît avec l'urbanisme ( urbanisme veut dire « art, science et technique de l'aménagement des agglomérations, villes »)
2) Pourquoi ce titre ?
- Poème au thème moderne
- « cercle » car le recueil « Alcools » est circulaire (voir cours sur la structure du recueil) et « Zone » renvoie au dernier poème « Vendémiaire ».
- sens symbolique : le recueil « Alcools » est aussi en marge (à part, sur le côté) de la poésie traditionnelle.
= vers 1 à 3 : on remarque tout de suite la forme libre du poème : 3 vers isolés par des blancs (strophe de 1 vers : un monostiche), un mètre irrégulier, absence de ponctuation, des ries certes mais par deux (suivies).
L'absence de ponctuation permettra une liberté de lecture au lecture car pas de logique formelle ni syntaxique imposée.
vers 1 : une interpellation « tu », retrouvée notamment au vers 3 : qui est ce « tu » ? pour le moment, l'interlocuteur est inconnu : est-ce le lecteur ? Le poète lui-même ? (réponse plus loin aux vers 9 à 11 et au vers 15)
: le ton est dès le début accablé, affligé (chagriné, attristé) : « à la fin », « las », « tu en as assez » : saturation face à un monde passé, face à une époque révolue : « monde ancien » v1, « antiquité » v3
Remarque : le premier poème du recueil commence paradoxalement par « A la fin »
: un niveau de langue varié : soutenu « tu es las » et familier « tu en as assez » un langage nouveau
: au niveau du mètre utilisé : v1 : diérèse « anci/en » qui renforce le mot, l'accentue et utilisation de l'alexandrin dit traditionnel pour renforcer le monde dont il parle : un mètre traditionnel pour parler d'un monde ancien
: les v2 et v3, en revanche sont modernes :16 et 17 syllabes : par l'utilisation d'un vers moderne, A revendique sa propre modernité ? Les vers s'allongent et se rapprochent de la prose (on ne leur donne d'ailleurs pas de noms)
vers 2 : un monde insolite : éloge de la modernité par : - une renaissance : indice temporel « ce matin »
: une apostrophe à la tour Eiffel symbole de la modernité « ô tour Eiffel »
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