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En quoi le double portrait dressé par Phèdre est-il un aveu involontaire ?

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Par   •  12 Novembre 2018  •  Dissertation  •  1 713 Mots (7 Pages)  •  1 000 Vues

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Introduction

Vous ferez le commentaire de cet extrait en montrant que le double portrait que Phèdre dresse ici constitue en fait un aveu involontaire de sa passion interdite pour Hippolyte, et que son fantasme la fait rompre avec la réalité.  

Théâtre

Ecrite en 1677 par jean racine, Phèdre, est une tragédie grecque en cinq actes. Cette pièce inspirée de la mythologie grecque, traite des conséquences désastreuses que peux causer la passion amoureuse.

L’action se déroule en Grèce, Phèdre, femme de Thésée, est rongée par l’amour qu’elle porte à son beau-fils, Hippolyte.         

Dans la scène 5 de l’acte II, Phèdre croyant son époux mort, et ne maitrisant plus son amour pour Hyppolite, fini par avouer à ce dernier ses sentiments.

En quoi le double portrait dressé par Phèdre est-il un aveu involontaire ?

Et comment son fantasme reflète une rupture avec la réalité ?

Après avoir montré que cette scène 5 de l’acte 2 opère un renversement crucial dans la pièce : l’aveu involontaire, nous verrons en quoi y est présentée comme une héroïne tragique (II), témoignant des influences classiques et jansénistes de l’auteur (III).

Nous étudierons comment cette déclaration d’amour involontaire est tragique. Nous mettrons donc en avant en quoi l’aveu de Phèdre est involontaire mais aussi le rêve qu’elle se crée et la pitié que cela suscite au lecteur.

Premièrement, cette scène est construite autour d’un aveu involontaire. En effet alors que Phèdre, apprenant la mort de Thésée, vient solliciter la protection d’Hippolyte pour son fils, celle-ci se laisse peu à peu déborder par ses sentiments, « Je m’égare » ou encore « Ma folle ardeur malgré moi se déclare » illustre ainsi le fait qu’elle tente de canaliser ses sentiments pour Hippolyte.

Mais, malgré tous ses efforts sa passion prend le pas sur sa détermination et Phèdre n’arrive pas à la contrôler, tel que le montre les vers huit à quatorze de sa long tirade. Dans ces vers, Phèdre commence par dresser le portrait de Thésée en mettant en avant ses vices : « Volage adorateur de mille objets divers / Qui va du dieu des morts déshonorer la couche. » Puis substitue Thésée par Hippolyte en exposant ses qualités « Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche / Charmant, jeune traînant tous les cœurs après soi » et en le voyant tel un dieu : « Tel que l’on dépeint nos dieux, ou tel que je vous vois. ». Cela renforce l’impression que Phèdre est éperdument amoureuse d’Hippolyte.

De plus, Phèdre se laisser totalement emporter par sa passion, comme en témoigne la longueur de ses tirades par rapport à celle d’Hippolyte. Les tirades de Phèdre occupent 33 des 38 lignes de cet extrait, tandis que les tirades d’Hippolyte n’en occupent que 5, Phèdre domine donc ce dialogue par son flot de paroles lié à la perte de contrôle de sa passion, cette dernière l’amenant à rêver.

Deuxièmement, Phèdre bascule dans un rêve impossible, marqué par l’utilisation des temps du passé, provoquant ainsi une rupture avec la réalité, en effet Phèdre se met à évoquer sa rencontre avec Thésée et déplore l’absence d’Hippolyte à ce moment-là, comme le met en avant : « Que faisiez-vous alors ? », Phèdre modifie alors l’histoire dans son rêve et remplace le père par le fils, l’affirmation : « Par vous aurez périt lemonstre de la Crête » ayant pour rôle de le mettre en avant et de permettre ainsi à Phèdre d’essayer de s’attirer les faveurs d’Hippolyte en le complimentant.

De plus, Phèdre se projette dans cette aventure en se substituant à sa sœur Ariane comme le montre : « Ma sœur du fil fatal eût armé votre main. / Mais non, dans ce dessein je l’aurais devancée ». Elle s’attribue ainsi le rôle d’adjuvant d’Hippolyte, de compagne d’aventure : « Et Phèdre au labyrinthe avec vous descendue / Se serait avec vous retrouvée ou perdue. » et même de protectrice : « Moi-même devant vous j’aurais voulu marcher ». Phèdre va donc au-devant de l’histoire même en modifiant le rôle initial d’Ariane dont elle a pris la place.

Ainsi Phèdre perd toute retenue, elle ose avouer ouvertement son « amour » comme le...

I - Aveux de Phèdre

Dans cette scène, l’aveux de Phèdre apparâit comme une libération.

Trop longtemps retenue, la parole de Phèdre se libère : notre héroine interrompt précipitamment Hippolyte avec une tirade de quarante vers.

« Et je vais…

Phèdre

Ah / Cruel, tu m’as trop entendue ! »

Elle confronte Hippolyte à l’amour qu’elle éprouve pour lui, passant brusquement à la deuxième

Elle se croyait jeune. Vers 8 : la perspective du départ d'Hippolyte l'amène à se réveiller. Elle passe du vous au tu, cette transition marque le début de ses aveux. Elle qualifie Hippolyte de "cruel" parce qu'elle lui affirme un amour impossible, celui qu'on aime fait souffrir. Le terme "cruel" fait parti du vocabulaire galant. L'exclamation "tu m'as trop entendue !" appartient au vocabulaire de la révélation, entendre est à prendre au sens littéraire, c'est à dire celui de comprendre, vouloir dire. "Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur" (vers 9) : pour te dire la vérité, il a tous les éléments pour comprendre. Vers 10 et 11 : le terme "fureur" désigne sa passion amoureuse, "connais donc Phèdre" = saches qui est Phèdre, elle passe de "J'aime !" à "je t'aime" : c'est un aveu qui lui est comme arraché : vers 32 : "cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire ?". Phèdre elle-même a un fils : "tremblante pour un fils" (vers 33). Elle vient d'apprendre la fausse mort de Thésée et elle a peur qu'Hippolyte appelé à succéder à son père l'écarte de la succession. En fait, ses "faibles projets" (vers 35) de parler de son fils ne sont pas faibles : elle ne tient pas : "un cœur trop plein de ce qu'il aime" (vers 35). Son aveu est involontaire, c'est une passion qui la domine et qui est plus forte que son amour maternel. Passion vient du latin patium qui signifie souffrir, et cette souffrance est plus forte qu'elle et elle destructrice d'abord pour elle-même. Le terme "fureur" au vers 10 désigne cette passion. Au vers 28 : le verbe languir ("j'ai langui") montre combien elle est déprimée et accablée, "j'ai séché" montre son assèchement, la perte de sa vie et le terme "feux" est l'image du feu qui la brûle, le terme "larmes" opposé à "feux" montre bien que son feu intérieur l'assèche complètement. Son bouleversement intérieur qui est aussi bien physique que moral montre qu'elle est en dépression. Le vocabulaire de la folie au vers 13 montre que la passion l'emporte sur la raison. Vers 18 : "le feu fatal" désigne ici l'amour, le feu de la passion : vocabulaire précieux, galant du 18e siècle. Au vers 37 : le terme "odieux amour" est a relié à la haine. La réaction de Phèdre c'est la fuite : vers 22 et 23 : la gradation entre les verbes "fui" et "chasser" montre qu'elle a voulu s'éloigner le plus possible de son fils. La gradation de "odieux", "haine", "inhumaine" marque qu'elle veut se mettre à côté de l'humanité. "J'ai voulu" le marque bien. Mais même dans cette volonté : elle est réduite à néant : au vers 25 : "inutiles soins" montre l'inutilité de ses efforts. Sa volonté elle-même est réduite à néant, elle ne peut pas. Racine fait une analyse extrêmement fine sur ce que produit la passion dans le cœur humain et sur ce à quoi peut mener la passion.

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