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Don Juan et le baroque

Dissertation : Don Juan et le baroque. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  23 Mars 2019  •  Dissertation  •  2 034 Mots (9 Pages)  •  1 857 Vues

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Peut-on dire que Dom Juan est une pièce de style baroque ?

En 1665, Une pièce mettant en scène un héros éponyme, Dom juan (où le Festin de Pierre), est publiée. Cette œuvre rappelons-le, a été écrite par Jean-Baptiste Molière, dramaturge du XVIème siècle, suite à la censure de « Tartuffe ». Molière évolue dans un mouvement littéraire appelé le classicisme, faisant opposition au mouvement du baroque. Cependant, nous pouvons nous demander si Dom Juan est vraiment considéré comme une pièce appartenant au classicisme. À travers cet article, nous explorerons différents arguments qui, à mon avis, vous convaincront que Dom Juan est une pièce baroque, aussi certainement que notre excessif héros estime que deux et deux font quatre, et quatre et quatre font huit! En premier lieu, rappelons ce qu’est le baroque. Ce mouvement littéraire prenant place au XVI siècle et s’étendant jusqu’ au milieu du XVIIème, pourrait être défini comme l’exact opposé du classicisme, qui lui succèdera. On lui associe de nombreuses caractéristiques comme le rejet de la distinction entre comédie et tragédie ainsi que des règles établies. Le héros baroque est inconstant, il change d’avis en permanence. C’est le contre-exemple de l’honnête homme du classicisme, il ne vit que pour l’excès. Nous pourrons voir tout au long de cet article que « Le festin de pierre » présente en effet toutes ces caractéristiques et que Dom Juan est l’incarnation même de ce personnage.

Tout d’abord, nous verrons que les règles établies par le classicisme n’ont pas été respectées. En effet, comme je l’ai mentionné ci-dessus, le baroque se traduit par le non-respect des règles théâtrales du classicisme. Or, ici, elles ont toutes été bafouées. Commençons par la règle d’unité de lieux. Tout le long de l’intrigue, l’action se déroule dans différents lieux distincts tels que la forêt, la campagne ou encore l’appartement de Dom Juan. Les fréquents déplacements des personnages rendent impossible le respect de l’unité de lieu : l’Acte I se situe dans un palais, l’Acte II se passe à la campagne, au bord de la mer, l’ Acte III dans une forêt, l’ Acte IV chez Dom Juan, et enfin, l’Acte V se déroule dans la campagne, aux portes de la ville. L’unité de temps n’est pas non plus respectée, mais elle l’est un peu plus que celle de lieu. La règle veut que l’action dure 24 heures, ici elle dure 36 heures : la première journée va jusqu’à l’invitation de la Statue (acte I à IV) alors que Dom Juan dîne ; on retrouve ensuite dans l’acte V Dom Juan qui a accepté l’invitation à souper le lendemain soir. Molière n’a donc pas rejeté la notion d’unité de temps; il s’est contenté de l’aménager. Pour l’unité d'action, Molière ne la respecte pas non plus : chaque acte, chaque scène parfois, a sa propre unité, raconte une histoire à elle seule (on peut prendre pour exemple l’acte II avec la scène du Pauvre) À tel point que certaines scènes ont pu être censurées entièrement sans que la pièce perde de sa valeur ni de sa logique. Nous avons également tous pu constater que la règle de vraisemblance est également bafouée, puisque le surnaturel fait irruption à plusieurs reprises. Ainsi, dans l’Acte V scène 5 et 6, le dénouement deus ex machina permettra l’apparition d’une statue censée représenter un homme que Dom Juan a tué, ainsi qu’un spectre, allégorie de la Mort et symbole du ciel. (Dans l’Antiquité, le dénouement deus ex machina consistait à faire intervenir un Dieu pour résoudre le conflit. Ici, ce dénouement fait apparaitre un personnage extérieur à l’intrigue qui permettra la résolution du problème). Enfin, la règle de bienséance, reposant sur l’absence de violence, de grossièreté et d’offense à la morale est transgressée avec la mort de Dom Juan, ainsi que les diverses insultes faites par Dom Juan au mariage, à l’honnêteté, à la tempérance, et ses recours à des procédés comme l’hypocrisie, le mensonge, la séduction ou le blasphème pour arriver à ses fins. On peut également noter ses diverses tentatives de mariage avec plusieurs femmes comme les paysannes Charlotte et Camille. La transgression des règles strictes et rigoureuses du classicisme montre que nous avons bien affaire à une pièce baroque. Mais les raisons ne s’arrêtent pas ici !

Dom Juan, le héros de la pièce est un personnage manipulateur, excessif et hypocrite. Ce personnage éponyme va à l’encontre des principes du XVIIème siècle, et manifeste tout au long de la pièce son libertinage d’esprit et de mœurs. Maintenant, que sont ces types de libertinages me direz-vous ? Au 17ème siècle, le libertin est celui qui ne suit que son plaisir. Le libertin est donc fantaisiste. Il est également synonyme d’indiscipliné. C’est un libre penseur qui néglige ses devoirs religieux qui s’affranchie des croyances. Le libertinage d’esprit concernera donc le rejet des croyances et de la religion, et le libertin de mœurs, lui, aura une attitude non-conformiste et va braver les coutumes de la société. Surtout dans le domaine amoureux. Ils souhaitent de la diversité et de l'inconstance dans leurs conquêtes. Maintenant que nous avons vu le libertinage dans un cas général, appliquons-le au cas de notre cher héros. Selon lui, « la constance n’est bonne que pour les ridicules » (Acte 1 scène 2). Il essaiera de prouver cette thèse à de nombreuses reprises, ainsi, cela peut nous évoquer l’homme baroque rejetant les idées classiques. Il ne respecte pas les règles de la moralité, et se sert de la religion pour atteindre son but. Il est rationnel et matérialiste, il « ne croit ni Ciel, ni saint, ni Dieu » et « traite de billevesées tout ce que nous croyons » (Acte I, scène 1). Il dit également qu’il : « croit que deux et deux sont quatre et que quatre et quatre sont huit » (Acte III, scène 1). Mais non content de ne pas croire, il transgresse et profane valeurs et sacrements. Ainsi il ne respecte pas le mariage, sacrement religieux qui est pour lui un moyen de séduire les femmes

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