Dissertation "correction des moeurs"

Sujet : Comment la comédie corrige-t-elle les mœurs du temps ? Vous répondrez dans un développement structuré qui s’appuiera aussi bien sur les textes du corpus que sur vos lectures personnelles.

Introduction :

De tout temps et dans la plupart des civilisations, la comédie fut au théâtre le principal moyen de divertissement culturel. Cependant, Horace, poète latin de l’Antiquité considérait qu’au-delà du simple divertissement, la comédie corrige les mœurs par le rire. Souvent, en effet, les dramaturges choisissent d’utiliser leurs œuvres pour condamner les défauts de la société et de l’humanité sans altérer leur aspect comique. Il faut donc étudier les moyens par lesquels les auteurs de comédie renforcent leur blâme moral en faisant rire.

1. La comédie corrige les mœurs du temps

1. Les dramaturges expriment leurs avis.

 D’une part, la comédie dénonce des défauts humains. Les dramaturges utilisent leur verbe acéré et leur humour subtil pour exprimer leur avis. Par exemple, dans Tartuffe de Molière, Orgon qui se renseigne de la situation familiale, répète quatre fois « Et Tartuffe ? […] Le pauvre homme ! » alors que Dorine, qui l’informe insiste sur la maladie de sa femme. Ici, le comique de répétition met en évidence l’obsession d’Orgon par Tartuffe et le faible cas qu’il porte à des êtres qui doivent lui être chers. La littérature se met alors au service de la morale.

1. Le but argumentatif des dramaturges.  

De plus, les auteurs comiques possèdent une arme redoutable dont ils usent dans un but argumentatif : l’ironie. Dans cette même scène quatre de l’acte un de Tartuffe, Dorine, après qu’Orgon avait, tel une machine, répété son attachement à Tartuffe, dit qu’« [elle va] à Elmire annoncer par avance la part qu’[Orgon prend] à sa convalescence ». L’ironie est flagrante, vu qu’Orgon ne porte aucune attention à sa femme, et permet d’accentuer la dénonciation de la dévote et absurde admiration du maître de maison pour l’hypocrite. De même, Dorine déclare que « Monsieur Loyal porte un air bien déloyal, » le langage ironique du personnage invitant cette antithèse qui brise la crédibilité de l’huissier. L’ironie possède une force argumentative maximale et constitue souvent un facteur comique, corrigeant ainsi les défauts par le rire.

1. L’utilisation de personnages idéaux.

Enfin, l’utilisation de personnages idéaux d’un défaut est courante pour ridiculiser et dénoncer Tartuffe. Ainsi, Tartuffe est le portrait de l’imposteur : dans la langue française, un tartuffe est une personne hypocrite. En outre, Dorine dit à Mariane : « Vous serez tartuffiée », nouveauté qui montre que Tartuffe est l’illustration presque fictif de la manipulation et de l’imposture. Les dramaturges ont souvent recours aux modèles : Marivaux, dans l’Ile des esclaves, utilise deux personnages de nobles stéréotypés et les réconcilie avec leurs valets dans une harmonie qui, une fois de plus, admet les défauts tout en divertissant.

1. L’effet inverse de la correction des mœurs.

1. La comédie déconsidère des personnages

Si la comédie permet de critiquer les mœurs de la société, elle produit parfois l’effet inverse, car l’injustice est souvent parfois amusante. En effet, la comédie déconsidère parfois des personnages dont la droiture et la raison bien que ce soit l’idéal, sont véritables. Dans Tartuffe, Madame Pernelle est rendue ridicule alors qu’elle montre parfois un bon sens, certes rigide, mais raisonné : dans la scène d’exposition, elle critique chaque personnage, par exemple Dorine, qu’elle dit être « un peu trop forte en gueule, et fort impertinente, » ce qui est exact. Cependant, l’allitération en [t] annonce la sévérité de la mère d’Orgon et la sympathie du spectateur se porte sur la servante. L’objectif et la correction des dramaturges sont alors discréditées, bien que le rire soit présent.

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