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Dissertation "Elsa au miroir", Louis Aragon

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Par   •  3 Mars 2021  •  Dissertation  •  1 513 Mots (7 Pages)  •  1 153 Vues

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Elsa au miroir est un poème écrit par Louis Aragon, un poète qui évoluait dans les cercles surréalistes et dada du XXᵉ siècle. Il a servi dans l’armée, et a été fortement touché par les horreurs des deux guerres mondiales. Il a également été résistant durant la seconde guerre mondiale avec sa femme, Elsa Triolet, dont il est question dans ce poème. Composé de quatre quintils et de cinq distiques, il évoque ce que le poète retient de 1942, avec comme élément déclencheur de son souvenir, la chevelure d’Elsa. Nous allons voir quel est le rôle du miroir dans ce poème, tout d’abord en étudiant comment Aragon représente la femme aimée dans son intimité, puis comment il représente la guerre.

Comme l’indique le titre du poème, « Elsa au miroir », la femme aimée est représentée en train de se peigner, devant son miroir. On l’imagine assise devant sa coiffeuse. L’alexandrin : « Pendant tout ce long jour assise à son miroir », fait mention de cette posture assise. La répétition de ce vers dans le poème semble étirer dans le temps l’action de la coiffure et en faire un acte cyclique.

Ainsi, le poème apparaît d’abord au lecteur comme la peinture d’un moment intime, celui de la toilette de la femme. Il peut être rapproché de ce qu’on appelle les « scènes de genre » en peinture. La scène de genre est une peinture qui capte un instant du quotidien. De nombreuses scènes de genre représentent une femme faisant sa toilette, ou se peignant devant un miroir, comme ici : « Elle peignait ses cheveux d’or » (vers 3). On peut penser par exemple au tableau « Femme devant un miroir » d’Edgar Degas.

Cependant, le poème, contrairement au tableau, introduit celui qui regarde la scène. Il s’agit du poète, présent à travers le pronom « je » : « Je croyais voir » (vers 3), « j’aurais dit » (vers 11), « sans que je les aie dits » (vers 27).

Dès le début du poème, on devine qu’il s’agit d’un couple. L’homme et la femme sont liés à travers le déterminant possessif « notre » : « notre tragédie » (vers 1). Non seulement ils vivent en même temps les événements terribles de la guerre, que désigne ici le terme « tragédie », mais aussi, il semble y avoir comme un lien télépathique entre eux. La femme ne parle pas, le verbe « dire » apparaît toujours dans des phrases négatives quand la femme est sujet : « Sans dire ce qu’une autre à sa place aurait dit », « peigner sans rien dire ». Pourtant, le poète semble deviner ses pensées : « J’aurais dit/ Qu’elle martyrisait à plaisir sa mémoire ». Le verbe « dire » est mis en valeur, en fin de vers, au sein de l’enjambement. C’est la parole du poète qui résonne, tentant de deviner les pensées de la femme. Cette dernière est au centre du poème mais apparaît donc mystérieuse. Le poète, qui la connaît, interprète ses gestes et devine ses pensées.

La femme est au centre de la scène car elle se regarde dans un miroir et le poète la regarde se regarder. Il y a donc un jeu de réflexion, de regards croisés, qui convergent vers la femme.

Alors que le poète, regardant la femme, devine ses pensées, il projette sur ses gestes son propre imaginaire, qui peut renvoyer aux événements extérieurs, en l’occurrence à la guerre qui fait rage au moment où le poème a été écrit. Aux vers 3 et 4 : « Je croyais voir/ Ses patientes mains calmer un incendie », on constate qu’on plonge dans l’imagination du poète. Ce dernier, à force de regarder la chevelure que sa femme peigne, y voit bientôt des flammes. Cet imaginaire relie la scène intime à la violence extérieure. La femme est donc au centre de la scène décrite car au centre du jeu de regard, mais aussi, sa chevelure sollicite l’imagination, comme le suggère le groupe verbal « je croyais voir ». Le contre-rejet permet un enchaînement rapide entre la scène vue de la coiffure et la scène fantasmée de l’incendie, confondant réalité et évocation.

C’est plus particulièrement sur la chevelure de la femme que l’attention est portée : c’est la chevelure qui est peignée, la chevelure qui est regardée avec fascination par le poète et qui lui évoque des images plurielles.

Cette chevelure est qualifiée par des termes mélioratifs : « cheveux d’or », « moire ». D’autre part, la longueur hyperbolique du jour peut renvoyer à la longueur de la chevelure que la femme peigne pendant des heures : « Et pendant un long jour assise à son miroir ».

Cette longue chevelure fait

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