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Dissertation Bac Littéraire Français 2008: comment croire à ces bergers et ces bergères des romans que lisaient les précieuses de Molière ?

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Par   •  21 Mai 2013  •  3 061 Mots (13 Pages)  •  1 194 Vues

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Attention ! les indications en couleur ne sont qu’une aide à la lecture et ne

doivent pas figurer dans votre rédaction.

Introduction

(Amorce) À l’origine méprisé, le roman a mauvaise « réputation » : c’est un

genre destiné « aux femmes », qui inspire aux lecteurs des idées folles,

« romanesques »… et qui leur tourne la tête. Cervantès met très tôt en

garde contre ce fléau en se moquant de la folie imaginative de Don Quichotte

qui l’amènera à sa perte, Flaubert peint les dégâts causés par la

lecture des romans sur l’esprit d’Emma Bovary. C’est que le roman met en

scène des héros parfaits, idéalisés ou extravagants et rocambolesques,

souvent si imaginaires qu’on ne saurait y croire, empêtrés dans des intrigues

incroyables qui rendent difficile l’identification du lecteur et créent un

© H A T I E R

écart entre fiction et réel : comment croire à ces bergers et ces bergères

des romans que lisaient les précieuses de Molière ?

Dans quelle mesure – et pourquoi – le romancier doit-il gommer la part imaginaire

de ses personnages ? N’y a-t-il pas un certain risque à vouloir que

ses personnages deviennent de véritables personnes et soient totalement

imités du réel ? Quel parti le romancier peut-il en fait tirer de ce mélange de

réalité et de fiction qu’est inévitablement le personnage romanesque ?

I. Pourquoi et comment le romancier chercherait-il

à effacer les marques de fiction dans la création

de ses personnages ?

1. La fiction toute-puissante dans le roman : le mythe du héros

Le mot « héros » vient du mot grec qui signifie « demi-dieu » : le héros, dans

l’épopée antique, est un intermédiaire entre les dieux et les humains ; de

cette origine, le personnage de roman a longtemps gardé cette sorte

d’auréole qui suscite l’admiration par son courage, sa force de caractère ou

sa grandeur d’âme que l’on ne saurait rencontrer que dans la fiction. Le

roman, comme le théâtre avant lui, s’est approprié ce type de personnages

admirables, tels que la vie n’en présente que très rarement, et dont le

lecteur ne saurait se rapprocher : qui pourrait se mesurer à Jean Valjean ? à

Edmond Dantès, capable de s’évader de façon pour le moins… extraordinaire

de la prison du château d’If ?

Parfois même, le personnage romanesque devient fantastique et prend la

forme d’une créature totalement imaginaire, tel le Grenouille du Parfum de

Suskind.

Cependant, les romanciers se sont progressivement démarqués de l’épopée

et ont eu pour souci d’effacer les traces de fiction dans leur personnage de

façon à se rapprocher du réel, à faciliter au lecteur l’identification avec le

personnage pour qu’il « y croie ».

Pourquoi cette volonté de réduire au minimum, voire de faire disparaître

cette part de fiction du personnage ?

2. Diminuer la fiction pour donner l’illusion d’un monde réel,

en dévoiler les secrets au lecteur

Réduire l’écart entre l’imaginaire et le réel dans la création du personnage, c’est

rendre plus aisée l’adhésion du lecteur à « l’histoire ». Il ne dira plus : « c’est du

roman », mais « c’est un roman ». Le lecteur ressent alors de la curiosité pour

ce personnage dont, tel un voyeur, il est tenté de connaître la vérité intime.

C’est pourquoi des romanciers, comme Marivaux, s’efforcent, par des subterfuges

variés, de faire croire à la réalité du personnage : dans le

préambule à La Vie de Marianne, le narrateur se présente comme un simple

© H A T I E R

intermédiaire qui aurait découvert un manuscrit « authentique », une autobiographie

dont l’auteur – pourtant fictif – souligne le pacte

autobiographique : Marianne dira toute la vérité. Marivaux gomme alors

toute trace de fiction et, par là, invite le lecteur à entrer dans l’intimité de la

jeune femme. Philippe Claudel procède de même dans les Âmes grises.

3. Faciliter l’identification : offrir un miroir de soi et inviter

le lecteur dans un monde qui ressemble au sien

et dont il peut/pourrait faire partie

Ce désir d’approcher la réalité répond aussi à la volonté du romancier

d’offrir à son lecteur un miroir de lui-même. De nombreux lecteurs de

romans se trouvent désemparés une fois leur lecture finie, parce qu’ils ont

l’impression d’avoir quitté un autre soi-même. Si les lecteurs du XVIIIe siècle

se sont laissé prendre par le roman de Marianne, c’est parce que son intimité

ressemblait à la

...

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