De quelles ressources spécifiques la littérature dispose-t-elle pour mener un combat en faveur de l’égalité ?

Sujet : De quelles ressources spécifiques la littérature dispose-t-elle pour mener un combat en faveur de l’égalité ? 

Lorsque Olympe de Gouges écrit en 1791 sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle pose un geste fort au cœur de l’ébullition révolutionnaire : elle répond à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 en la pastichant et en la réécrivant pour appeler ses membres de l’Assemblée à aller au bout de leurs revendications égalitaires, sans abandonner les femmes sur le bord du chemin. Par ce texte visionnaire, Olympe de Gouges dénonce vigoureusement les inégalités d’une société française qui ne reconnaît pas pleinement aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes, et elle propose des axes de réflexion susceptibles de guider une action émancipatrice. Elle se présente à la fois comme autrice, oratrice et guide. La littérature lui permet de mener son combat en faveur de l’égalité. Il convient dès lors de se demander comment se déploie chez elle et dans la littérature en général un tel projet. On abordera dans un premier temps l’idée selon laquelle combattre en littérature c’est dénoncer avant d’analyser la façon dont Olympe de Gouges et d’autres auteurs s’y prennent pour légitimer le combat pour l’égalité. Enfin, nous  montrerons que prendre la parole c’est également la voie pour permettre un monde plus égalitaire.

Partie 1 : Combattre par la littérature, c’est dénoncer 

a. Identifier le(s) responsable(s).

– Gouges s’adresse à l’homme qu’elle met en accusation.
– Choderlos de Laclos, à travers le personnage de Mme de Merteuil liste les embûches que des hommes ont imaginées pour entraver l’accès des femmes à l’égalité des droits.

b. Fustiger les méfaits des pratiques inégalitaires.
– Gouges décrit la situation des femmes séduites puis abandonnées par des hommes peu scrupuleux.
– Simone de Beauvoir déplore que les femmes brillantes soient cantonnées au seul bonheur du mariage.
c. Exhiber les mécanismes à l’œuvre dans la domination et l’exclusion.
– Gouges s’attaque à l’esclavage en mettant au jour la persécution par les maîtres d’esclaves de leur propre sang.

– Christine de Pisan déplore le fait que les femmes soient considérées comme peu intelligentes. Cela permet aux hommes de garder leur supériorité sur elles.

Partie 2 : Mener un combat littéraire en faveur de l’égalité, c’est légitimer le combat.

a. Permettre de s’identifier aux victimes par le recours à la fiction (argumentation indirecte).
– Voltaire au travers le personnage de la Maréchale de Grancey montre à travers le regard d’une observatrice compatissante comment les femmes sont malmenées par une éducation indigente et par une justice peu soucieuse de les protéger des abus de certains maris.

b. Montrer les bénéfices de l’émancipation des individus pour la collectivité.
– Gouges prévoit les retombées positives de son « contrat social ».

c.  Autoriser les lecteurs à entrer dans la lutte.
– Gouges met en pratique ce qu’elle préconise : sa force est un exemple.
– Beauvoir figure les rapports femmes-hommes par l’imaginaire des castes, et fait percevoir l’urgence d’établir des rapports de réciprocité.

Partie 3 : Mener le combat en prenant la parole.

a. Interpeller avec force.

– Gouges dit « je », interpelle (« tu / vous »), crée une communauté solidaire (« nous »).

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