Corpus : Hugo, Flaubert, Zola cas
Commentaire de texte : Corpus : Hugo, Flaubert, Zola cas. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar SamCrdl • 28 Septembre 2016 • Commentaire de texte • 1 809 Mots (8 Pages) • 1 738 Vues
Ces trois extraits d'œuvres romanesques du xixe siècle mettent en scène des soulèvements populaires contre le pouvoir en place. Dans Les Misérables de Victor Hugo, il s'agit des émeutes parisiennes de juin 1832 pour tenter de renverser la monarchie de Juillet de Louis-Philippe. Au livre XII de la quatrième partie, le personnage de Gavroche vient prêter main-forte aux insurgés pour construire la barricade de la rue Saint-Denis. Dans L'Éducation sentimentale de Gustave Flaubert, au chapitre premier de la troisième partie, le héros Frédéric Moreau assiste avec son ami Hussonnet au saccage, par la foule des Parisiens, du palais des Tuileries au cours des journées révolutionnaires de février 1848, qui conduiront à l'abdication de Louis-Philippe et à l'avènement de la IIe République. Au début de La Fortune des Rougon, Émile Zola évoque les insurrections républicaines suscitées en Provence, par le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte du 2 décembre 1851, qui instaurent le Second Empire : Silvère et Miette, deux jeunes provençaux amoureux et pleins d'espoir voient arriver dans la campagne près de Plassans (Aix-en-Provence ou Flassans dans le Var ?) la bande des insurgés que veut rallier Silvère.
Mais ces trois extraits donnent trois visions très différentes du peuple.
Victor Hugo choisit le personnage de Gavroche, un gamin des rues de Paris plein de vitalité, pour incarner la vision qu'il en a. C'est donc un tout jeune enfant qui le représente de manière positive et touchante puisqu'il semble être là « pour l'encouragement de tous », avec un « aiguillon », « sa misère » et « sa joie » qui lui donnent « des ailes ». Son comportement comme ses paroles sont donc représentatifs du peuple des « Misérables » qu'il incarne. Ce qui est mis en avant tout d'abord, c'est sa joyeuse vitalité, son enthousiasme, perceptibles dans « le mouvement perpétuel », « la clameur perpétuelle » qui l'animent. La répétition de l'adjectif « perpétuel », tout comme la longue énumération de verbes d'action (de « Il gênait les flâneurs […] » à « […] l'immense Coche révolutionnaire. » ), insistent sur son activité extraordinaire, incessante et communicative : « […] il ranimait les fatigués […] mettait les uns en gaieté, les autres en haleine […] tous en mouvement, piquait un étudiant, mordait un ouvrier ; se posait, s'arrêtait, repartait, volait au-dessus du tumulte et de l'effort, sautait de ceux-ci à ceux-là, murmurait, bourdonnait, et harcelait tout l'attelage ; mouche de l'immense Coche révolutionnaire. » La référence à « l'ouvrier », comme à « l'étudiant », souligne que le peuple présent sur ces barricades est composé de classes sociales différentes. La métaphore finale de la « mouche du Coche », qui fait allusion à la célèbre fable de La Fontaine « Le Coche et la Mouche », savamment filée depuis le début du passage avec les termes « envolé », « aiguillon », « ailes », « piquait », « volait, « bourdonnait », « harcelait », met en évidence la redoutable efficacité de l'enfant qui, à lui seul, joue un rôle de premier plan dans cette révolution en marche d'une grande ampleur. Si on le voit à l'œuvre, on entend aussi sa voix, rapportée au discours direct (de « Hardi ! […] » à « […] une porte vitrée. » ). Sa « clameur », est illustrée par ses paroles d'encouragement à dresser des barricades plus hautes, avec des verbes à l'impératif et une ponctuation exclamative : « Hardi ! encore des tonneaux ! encore des machins […] il faut que ça monte. Mettez-y tout, flanquez-y tout, fichez-y tout. Cassez la maison. Une barricade, c'est le thé de la mère Gibou. » On y entend bien le parler populaire avec toute sa gouaille, sa familiarité, ses propos imagés, comme la métaphore du thé de la mère Gibou pour évoquer le caractère hétéroclite des matériaux composant la barricade. Son discours est aussi révélateur de la simplicité de son savoir, puisqu'il ne connaît pas le mot « tubercules » que lui adressent les insurgés et qu'il prend le mot « Hercules », qu'il croit entendre, pour une injure ! Cela révèle aussi qu'il ne se laisse pas démonter et conserve son sens de la répartie. Enfin, il illustre assez bien la débrouillardise populaire quand il propose d'utiliser « une porte vitrée » comme repoussoir efficace au sommet de la barricade. Gavroche symbolise parfaitement le peuple des « Misérables » qui mobilise sa vitalité, sa vivacité d'esprit dans ce mouvement de révolte. Dans le célèbre tableau allégorique de Delacroix intitulé La liberté guidant le peuple, il semble avoir inspiré le peintre, qui représente un gamin des rues figurant en bonne place aux côtés de la Liberté porte-drapeau en tête du cortège populaire !
Dans les extraits de L'Éducation sentimentale et de La Fortune des Rougon, le peuple est représenté par un personnage collectif déchaîné, une foule en mouvement qui chante avec une même fougue la Marseillaise, l'hymne national aux accents révolutionnaires ; « La Marseillaise retentit », dans la bouche du « peuple » parisien qui fait entendre son « long mugissement » dans les Tuileries comme elle « emplit le ciel » provençal de son « rugissement ». L'importance de la foule formant une masse compacte est soulignée dans les deux textes par des termes collectifs, « une masse grouillante » dans le texte 2, « la bande » ou encore des « masses noires » dans le texte 3 ; la notion de mouvement ininterrompu et irrésistible est traduite par l'image d'une eau impétueuse, sous forme
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