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Corpus : Honoré De Balzac, Victor Hugo, Émile Zola, Marcel Proust: Dans quelle mesure ces portraits prennent-ils appui sur le réel, dans quelle mesure le transposent-ils ?

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Par   •  16 Avril 2015  •  540 Mots (3 Pages)  •  1 946 Vues

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Dans quelle mesure ces portraits prennent-ils appui sur le réel, dans quelle mesure le transposent-ils ?

Les extraits du Chef-d'œuvre inconnu de Balzac, de L'Homme qui rit de V. Hugo, de L'Assommoir d'É. Zola et du Temps retrouvé de M. Proust ont en commun de présenter tous quatre un personnage, d'en faire un portrait qui, tout en prenant appui sur le réel, transpose celui-ci.

D'une part, les quatre portraits jouent sur des effets de réel. Ces personnages n'appartiennent pas directement à un univers merveilleux ou idéalisé : ils sont présentés dans leur dimension physique, dans la réalité d'un corps parfois vieilli comme c'est le cas pour le personnage de Balzac ou celui de Proust, mutilé comme Gwynplaine ou déformé par l'effort comme Goujet. Les descriptions sont précises et détaillées. Elles reposent souvent sur des énumérations, présentant les différentes parties du corps, comme dans le dernier texte avec « des aspects de nuque, de joue, de front », et sur la mention de couleurs comme dans le premier texte avec « une barbe grise », « des yeux vert de mer » ou le « pourpoint noir ». Enfin, ces textes ancrent leur personnage dans le monde réel ; Balzac mentionne Socrate et Rembrandt, alors que Zola utilise des termes populaires comme « bastringue » ou « guibolles » appartenant au langage des ouvriers et donc en adéquation avec le milieu du personnage.

D'autre part, au-delà de cet aspect réaliste, les quatre textes prennent leurs distances par rapport au réel et transfigurent celui-ci sans se contenter de le calquer. Ainsi, Frenhofer a une dimension nettement mystérieuse voire fantastique : il apparaît dans une atmosphère de clair-obscur inquiétante, dans « le jour faible de l'escalier », il a même « quelque chose de diabolique ». Il est finalement comparé à une « toile de Rembrandt », il est donc vu à la fois comme un être surnaturel et comme un sujet pictural. Hugo utilise lui aussi une image pour décrire Gwynplaine, celui-ci est associé métaphoriquement à « une tête de Méduse gaie ». Il prend ainsi une dimension légendaire et révèle son caractère contradictoire, tout le texte étant fondé sur une série d'antithèses comme « sa face riait, sa pensée non » ou « s'il eût pleuré, il eût ri ». Par le biais de la personnification du marteau nommé « Fifine », Zola associe, en une longue métaphore filée, l'ouvrage de Goujet à une danse : « les talons de Fifine tapaient la mesure ». En outre, l'auteur offre une image quasiment épique de son héros, en recourant à des images et des hyperboles : son cou était « pareil à une colonne », ses bras « paraissaient copiés sur ceux d'un géant, dans un musée », véritable démiurge, il est même comparé à un « Bon Dieu ». Enfin, le duc de Guermantes est associé dans une vision tragique à un « rocher dans la tempête » s'effritant sous le poids des ans, la métaphore du « promontoire » assailli par les flots, par « les vagues […] d'avancée montante de la mort » étant filée tout au long du texte. Ainsi, les quatre textes transposent le réel, notamment en recourant à des images qui leur permettent de dépasser un registre purement réaliste.

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