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Commentaire composé : la Bruyère, les caractères

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Par   •  25 Mars 2021  •  Commentaire de texte  •  2 824 Mots (12 Pages)  •  2 426 Vues

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Commentaire composé : la Bruyère, les caractères

            La Bruyère est un moraliste du XVIIème siècle, il est né à Paris en 1645 dans une famille de la petite bourgeoisie. Les caractères sont publiés par la Bruyère en 1688 qui qualifie de « Revanche du talent et de l’esprit sur la naissance et la fortune », se présente comme un recueil de maximes et de portraits, destinés à dépeindre les mœurs de l'époque. C’est aussi un auteur classique français, entre 1688 et 1696 à partir des Caractère de Théophraste. Dans ce texte, l’auteur aborde le contraste entre deux personnages, et dépeint les différences que la richesse peut occasionner. Ainsi le texte pousse à la réflexion sur la place et l’influence de l’argent dans la société. Et il fait un éloge discret du personnage le plus « faible » qui semble être victime de sa pauvreté, et dépendant des personnages représentés par Giton. Comment une morale implicite peut-être révélée                     par une élaboration astucieuse ?  A travers Giton et Phédon, La Bruyère dresse deux portraits en mouvement puis des portraits avec des dissemblances et pour finir la visée des deux portraits.

Tout d’abord, le moralisateur conjure leur comparaison.

            L’auteur évoque la construction des deux portraits de manière de comparaison à l’aide des deux propositions conclusives comme « répéter celui qui l’entretient » (l.2) et « tout ce qui lui dit » (l.3) venant trancher par leur brièveté avec la syntaxe précédente. Elles invitent à un jeu d’écho entre les détails comme la forme du corps, la façon de parler et la taille du mouchoir au point que le lecteur pourrait anticiper le portrait de Phédon. L’ensemble repose sur un système simple et apparent d’opposition, l’un étant l’envers de l’autre avec le vocabulaire du plein contre le vocabulaire du vide. L’auteur aborde les groupes binaires pour Giton et les groupes ternaires pour Phédon. Cela devient systématique et poussé aux extrêmes. Ce qui peut les réunir est justement cette tendance à l’excès. Au-delà des apparences différentes, les deux portraits sont marqués par un vocabulaire sans nuance soit avec l’emploi de termes sans appel comme « tout » (l.6) et « tous » (l.7). Ainsi l’emploi d’adverbe d’intensité « fort » (l.4) et « profondément » (l.5). La Bruyère conjure les comparatifs de supériorités avec « médiocrement » (l.3) et « plus de » (l.4). Ils sont sans doute difficilement dissociables ainsi le jeu d’écho rapproche les situations et Phédon fait partie de l’auditoire de Giton avec « il croit peser à ceux qu’ils parlent » (l.8) parce que Giton « redresse ceux qui ont la parole » (l.5), et l’on pourrait recomposer les scènes qu’ils constituent à deux avec « à table » et « dans les cercles de conversation » (l.9).

Ensuite, La Bruyère passe de deux portraits parallèles aux procédés satiriques.

             Giton est la caricature du riche, gros et sûr de lui, auquel la société passe tout avec les procédés d’exagération qui insiste sur le fait qu’il ne se gêne pour personne grâce aux hyperboles « fort loin » (l.4) « fort haut » (l.4), « il dort le jour » (l.4) ou encore « il dort la nuit » (l.4). On remarque aussi des anaphores comme « ronfler en compagnie » (l.5) ou « abaisser son chapeau sur ses yeux pour ne voir personne » (l.10). Mais ce n’est pas tous, on conjure les parallélismes et les jeux de dissymétrie à l’intérieur du paragraphe montrent comment tout le monde agit passivement avec lui avec « il s’arrête » (l.6) et « on s’arrête » (l.6). Giton agit comme s’il était le centre du monde mais même ses égaux le laissent « tenir le milieu » (l.6). La cause de ce comportement du « on » qui inclus le lecteur par la force du présent de narration qui se superpose au présent de vérité générale, repose dans la richesse du personnage et non son esprit. Alors que Phédon est la caricature du pauvre, maigre et fantomatique, qui fait tout pour paraitre inaperçu et qui de fait n’existe pas pour les autres. La longueur du paragraphe et la structure un peu plus complexe que pour le traitement de Giton indique un caractère plus complexe. Phédon « a de l’esprit » (l.13) a « des connaissances » (l.12) mais ne sait pas se mettre en valeur, il est serviable et attentif aux autres mais à l’excès grâce à « il court » et « il vole » qui sont des hyperboles. Contrairement à son opposé, il est rendu responsable de ce qui lui arrive pour cela La Bruyère utilise la tournure réfléchie comme « il ne se fait pas écouter » et non la tournure avec le pronom avec « on ne l’écoute pas » (l.8). Il semble mal à l’aise quand « on le prix de s’asseoir » (l.7), c’est un geste de bonne volonté. Les jeux de parallélismes avec les premiers paragraphes sont nombreux comme la manière de dormir, la manière de s’asseoir, d’abaisser son chapeau, de prendre une place dans un groupe ou encore d’éternuer.

De plus, l’auteur amène l’attitude sociale sur les deux personnages.  

              La Bruyère évoque dans le texte deux parties (dytique). La première partie souligne un homme riche, Giton, la deuxième un homme pauvre, Phédon, mais leur statut social n'est indiqué qu'à la toute dernière ligne de chaque partie du dytique. Les deux portraits se présentent donc comme des énigmes, obligeant le lecteur à se poser des questions. Les deux phrases finales sont "Il est riche" et "il est pauvre" (l.32), n'ont pas seulement une valeur descriptive, comme les portraits qui les précèdent, mais aussi et surtout une valeur explicative de tout ce qui précède. L’auteur évoque également le comportement des flatteurs et des parasites qui l’entourent qu’ils n'ont pas d'existence propre, ils se règlent sur le comportement de Giton, si bien que la satire d'un type humain se double d'une satire sociale En plus, Phédon a plus d'esprit que Giton, mais ne sait pas se mettre en valeur car il n'a aucune confiance en lui. La Bruyère montre comment le "siècle" (l.29) comme la civilisation et l'ordre social,  favorise l'influence de l'avoir et de l'apparence sur l'être avec "et « il a avec de l'esprit un air stupide » (l.20), en effet  il oublie de dire ce qu'il sait , ou de parler d'événements qui lui sont connus  et s'il le fait quelquefois, il s'en tire mal, il croit peser à ceux à qui il parle, il conte brièvement, mais froidement, il ne se fait pas écouter, il ne fait point rire. Il a, lui aussi, ses défauts comme "complaisant" (l.19), "flatteur" (l.19), "empressé" (l.19), "quelquefois menteur" (l.20), ou encore "superstitieux" (l.20), "scrupuleux" (l.20) et "timide" (l.20). Enfin, le vous " (l.très implicatif : c'est une apostrophe directe au lecteur comme " S'il s'assied, vous le voyez ” qui appartient au cercle social. Ainsi le changement de focalisation avec la mutation des pronoms.

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