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Commentaire Paul Verlaine, Ariette Oubliée VI

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Par   •  10 Mars 2021  •  Commentaire de texte  •  1 105 Mots (5 Pages)  •  2 122 Vues

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  En 1874, Paul Verlaine publie son recueil de poèmes intitulé Romances sans Paroles qui est le fruit d’un voyage de 2 ans en compagnie d’un de ses amis poètes Arthur Rimbaud avec qui il partit en Angleterre et en Belgique. Ce recueil se distingue par la musicalité de certains de ses poèmes telles les Ariettes oubliées qui sont des chants poétiques écris en 1874. Parmi ces ariettes la sixième se démarque des ariettes précédentes par sa taille et sa forme ; elle est composée de huit quatrains d’octosyllabes en vers libres et en rimes croisées. Aussi, Verlaine fait rimer rimes féminines et rimes masculines durant tout le poème, dérogeant ainsi aux règles du poème classique. De plus, deux thèmes sont omniprésents dans cette ariette à savoir la littérature, par l’évocation de chansons populaires et de pièces de théâtre, et la misère exprimée par le manque de vertu des différents personnages évoqués dans le poème. Mais, en faisant différentes références littéraires et sociales de son époque, quel était le but de Verlaine ? Analysons les deux thèmes évoqués ci-dessus pour le découvrir.

  Premièrement ce poème s’apparente à un centon, c’est à dire un morceau de musique fait de fragments empruntés à d’autres œuvres. En effet, Verlaine y fait référence à de nombreuses œuvres littéraires de son époque telles des chansons et pièces de théâtre qui sont deux formes de littérature que l’on associe plus au domaine oratoire qu’à la lecture. Par ailleurs, ce rappel de la voix accompagné des chansons populaires insiste également sur l’aspect mélodieux du poème qui est une ariette. Pour en revenir aux chansons populaires, ce poème en est un pot-pourri, il les mélange et les rassemble bien que ces dernières n’avaient rien en commun telles Au clair de la Lune, La Mère Michel, François-les-bas-bleus ou encore La Boulangère a des écus qui fait aussi référence au théâtre puisqu’elle a été adaptée en pièce tout comme Médor et Angélique qui, à l’origine, n’étaient que les héros du roman Roland furieux. On y retrouve même un vers tiré d’une célèbre pièce de théâtre de Molière, Les femmes savantes, dans la sixième strophe faisant une fois de plus référence à la littérature « orale ».

  Mais qu’en est-il du sens ? Pourquoi rassembler toutes ces références dans un seul et même poème ? A vrai dire il est difficile de déceler un sens dans l’ensemble du poème car les strophes racontent chacune une histoire avec ses propres personnages. Par exemple la première strophe met en scène quatre personnages dont trois qui font références à des chansons populaires : le chien de Jean de Nivelle, le chat de la mère Michel et François-les-bas-bleus. Or aucun d’entre eux n’apparaît ni dans la strophe suivante, ni dans le reste du poème sauf François-les-bas-bleus qui clos l’ariette. Cependant, il y a tout de même un personnage qui revient pendant trois strophes consécutives : la boulangère. En effet cette dernière apparait dans la quatrième strophe jusque dans la sixième où Verlaine écris qu’elle possède tant d’écus qu’ils forment une bosse. Pour autant aucun message n’apparait clairement sur la question des références littéraires, peut-être Verlaine a-t-il dissimulé son message dans un autre aspect de son poème ?

  Pour résumer, Verlaine nous fait dans ce poème un recueil de la littérature particulièrement en rapport avec la voix et la mélodie. Les nombreuses références nous replonge en enfance et constitue une sorte de jeu où il faut reconnaître l’œuvre citée. Néanmoins certains passages paraissent moins bienveillants et nous font découvrir des personnages dont la moralité est douteuse, exprimant peut-être un message voire une critique.


 Revenons-en à la boulangère car il s’agit du personnage le plus décrit du poème. Elle est d’abord présentée comme une femme infidèle trompant son vieux mari le père Lustucru, qui fait référence à la chanson
La Mère Michel. Elle est aussi traitée d’impure dans la strophe suivante ce qui renforce l’aspect condamnable du personnage. Puis on apprend qu’elle vient d’un milieu aisé puisqu’elle porte une robe bleue en satin, qui est un tissage très précieux, et qu’elle possède tant d’écus, qui signifient ici des pièces de monnaie, que ces derniers forment une bosse. La boulangère est alors décrite comme une femme pingre et infidèle en plus d’être orgueilleuse et vénale comme il l’est dit dans la chanson populaire. De plus ces quatre défauts représentent trois péchés capitaux du christianisme encore très ancrés dans les mémoires à cette époque à savoir l’orgueil, la luxure et l’avarice ce qui provoque chez le lecteur de l’époque, pour sûr, de l’indignation.

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