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Plan détaillé de commentaire sur le poème « Mon rêve familier » de Paul Verlaine, Poèmes saturniens, 1866.

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Par   •  6 Février 2018  •  Commentaire de texte  •  1 034 Mots (5 Pages)  •  3 818 Vues

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Plan détaillé de commentaire sur le poème « Mon rêve familier » de Paul Verlaine, Poèmes saturniens, 1866.

        Paul Verlaine est un auteur de la 2ème moitié du XIXème siècle. Il est perçu comme un des principaux inspirateurs du courant symboliste. Il définit son écriture comme une musique où « l’indécis au précis se joint » (in « Art poétique », Jadis et Naguère). Sa poésie se caractérise donc par une grande fluidité associée à une atmosphère où la force de suggestion des images l’emporte sur la description précise. Nous allons donc voir comment cet art de l’écriture se met en place dans le sonnet en alexandrins rimés « Mon rêve familier », en étudiant comment ce poème crée une atmosphère douce et mélancolique à travers le portrait de la femme aimée. Pour cela, nous étudierons d’abord l’image d’une femme idéale avant de voir comment le poète fait un portrait désincarné de celle qu’il aime.

        I – Le rêve d’une femme idéale

  1. Une présence obsédante
  • Le poème se caractérise d’abord par son rythme lent et envoûtant, ce qui est dû à une série d’enjambements : les 2 quatrains ne sont composés que d’une seule phrase.
  • D’autre part, ce poème donne une impression de ressassement entêtant, comme si nous partagions le retour obsessionnel des pensées du poète : cette impression repose notamment sur le retour du verbe « aimer » (3 occurrences entre les vers 2 et 3) et sur l’anaphore de l’expression « elle seule » (vers 6,7 et 8), assortie d’une allitération en « s » (« seule », « cesse », « transparent »…)
  • Il ressort de la description de leur lien l’image d’une relation exclusive, qui isole le poète du reste du monde.
  1. Une relation fusionnelle
  • La femme occupe tout l’espace du poème, comme elle occupe l’espace mental du poète : on relève ainsi les images très fusionnelles des vers 7 et 8 « … et les moiteurs de mon front blême / Elle seule les sait rafraîchir en pleurant. » : on remarque qu’elle se pose comme un miroir du poète, son émotion reflétant la sienne. C’est le partage du chagrin qui les unit. L’allitération en « m » qui scande le 1 er quatrain (« femme », « j’aime », « m’aime », « même », « m’aime », « me ») évoque à la fois la présence de la mère, le bercement (le chant est suggéré par l’assonance en « an » du vers1) et le murmure qui convient à une atmosphère douce et intime.
  1. Une atmosphère douce et intime
  • Dès le titre, le ton est donné : « mon rêve familier » : le poète nous fait entrer dans son intimité et nous prend à témoin, directement (sens du démonstratif « ce rêve » dans le vers1), le ton est celui de la confidence.
  • Les sonorités douces du texte, le balancement produit par la répétition des mêmes mots produisent un sentiment apaisant, comme le nom de la dame : « je me souviens qu’il est doux et sonore » v.10. Ce nom n’est pas donné, il ne s’agit pas de dire mais de suggérer, de garder un certain mystère, une certaine opacité.
  • Le poète est en quête de musique, de légèreté, comme son art poétique le demande : son vers est « plus vague et plus soluble dans l’air / Sans rien en lui qui pèse ou qui pose » ( cf. « Art Poétique », vers 3 et 4), les phrases semblent devenir des souffles. L’ensemble du poème mime l’aspect léger et presque fantomatique de la femme aimée.

II – une présence désincarnée

  1. Une femme impossible à représenter
  • Verlaine aime l’opacité des êtres et le souvenir de cette femme semble voilé par une brume : « Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore » v.9 : une série de question sans réponse, et au fond sans importance, se substitue à la description attendue.
  • Cette femme n’a aucun contour précis, elle est réduite métonymiquement à un regard inexpressif ( « son regard est pareil au regard des statues » v.12) ce qui accentue son côté inatteignable.

  1. Une femme lointaine
  • De la même manière, le poète s’attache à évoquer des éléments non concrets : son nom, réduit à un son, et sa voix. Dans les deux cas, cette évocation est associée à des images de la mort. Néanmoins les deux expressions sont des euphémismes (« ceux que la Vie exila » v.11 et « voix chères qui se sont tues. »v.14) : le poète évoque la mort avec la même douceur atténuée que la façon dont il évoque sa souffrance, comme s’il trouvait une forme de plaisir et de réconfort à invoquer le sommeil éternel, comme un repos ultime.
  1. Mélancolie et solitude du poète
  • Dès le vers 6, le poète se présente sous un jour souffrant et maladif : « les moiteurs de mon front blême » v.7.
  • Il est par ailleurs réduit par une métonymie à son « cœur »v.5, siège des affections et de l’attente amoureuse, mais que les autres femmes ne voient pas, puisque ce cœur ne cesse d’être « transparent » (v.5) que pour cette femme sans réalité physique. C’est donc bien toute la solitude du poète qui est exposée ici.
  • La fin du poème donne le sentiment que le voile de douceur du poème va s’achever et qu’il va de nouveau s’éveiller seul et triste. Cette femme est sacralisée, comme une forme de présence rassurante qui l’attend dans l’au-delà, ce qui explique pourquoi le poème s’achève sur la mention rassurante de la fin de la lecture du texte, et peut-être de la vie « voix chères qui se sont tues. » v.14

Ce poème est donc une illustration parfaite de l’art de l’écriture chez Verlaine, en forme de musique, de désincarnation et de rêve. Verlaine nous montre que la poésie est capable de réunir toutes les femmes en une seule, unique et inatteignable, si ce n’est par l’art et les vers. On pourrait établir le parallèle avec le poème « La Beauté » de Baudelaire, où l’image de la femme est également celle d’une muse lointaine et inspiratrice.

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