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Commentaire la tête de Paul Verlaine

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Par   •  9 Juin 2017  •  Commentaire de texte  •  1 711 Mots (7 Pages)  •  2 614 Vues

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Commentaire définitif

Introduction

Ecrivain et universitaire, Jean-Michel Maulpoix (né en 1952), est l'auteur d'ouvrages poétiques, parmi lesquels Une histoire de bleu,  L'Écrivain imaginaire,  Domaine public, et Pas sur la neige, publiés au Mercure de France. Il a également fait paraître des études critiques sur Henri Michaux, Jacques Réda René Char, Rainer Maria Rilke et Paul Celan, ainsi que des essais généraux de poétique Son écriture, où dialoguent sans cesse prose et poésie, se réclame volontiers d'un « lyrisme critique il enseigne la poésie moderne et contemporaine à l'Université Paris III-Sorbonne. "Dans Domaine public, Maulpoix sort de sa réserve habituelle, et travaille à la manière des romanciers et des biographes sur ce matériau brut qu'est une vie. Ici, la sienne. Il fait sauter les barrières artificielles qui séparent l'écrivain, l'intellectuel et "l'homme"! Il pratique une sorte de nu intégral pudique, révélant avec le même frisson, la même intensité, l'enchevêtrement harmonieux de ses passions poétiques et de ses passions amoureuses."

Jean-Michel MAULPOIX poète et critique, s’interroge sur la place de la poésie dans le monde moderne et la considère comme essentiellement élégiaque, c’est-à-dire marquée par la déploration d’une perte.

Problématique : Ce poème est en prose constitué de versets dans lequel le poète se pose la question suivante : notre époque laisse-t-elle encore une place à la poésie ?

I La défaite de la poésie

1 La grandeur de la poésie détruite

Le poète débute par une date et une anecdote banale, voire provocatrice : « Le premier janvier à treize heures, un pigeon s’est posé/ sur la tête chauve de Paul Verlaine. » (L1-2). « un pigeon » (l’espèce la plus commune de ramier). Le poète est ici en quelque sorte rabaissé. On assiste à une mise à sac de la poésie !

Le poème enchaîne ensuite avec deux intertextes de Rimbaud : le premier est une parodie du « Dormeur du Val » Les lignes 5 et 6 reprennent les deux derniers vers de ce poème : « Il dort dans le soleil la main sur sa poitrine/ Tranquille. Il a deux tous rouges au côté droit. » Dès le début de ce poème, la Mort est présente : janvier est le mois d’une saison hivernale, l’hiver étant le symbole de la mort et la saison déclinante de l’homme. L’expression « image peinte » (L6) renvoie aussi au titre du recueil de Rimbaud, Illuminations, le sens anglais du mot signifie « enluminures », ce qui est peint sur les manuscrits.

L’autre  intertexte est contenu à la ligne 3 « il ne neigera pas » : l’évocation de la neige renvoie au « Dites-moi de la neige » prononcé par l’Esprit dans le poème « La Comédie de la soif », cette neige représentant pour le poète le désir de départ, d’un ailleurs et d’évasion poétique : ici, il ne neige pas, Rimbaud  «rase les murs» : le désir de partance semble impossible à assouvir pour le poète. (Contrairement à Rimbaud).

D’ailleurs, la parole du poète est associée désormais à un « hoquet d’ivrogne » (L24) : métaphore péjorative et cette parole « grince », c’est-à-dire combien la poésie ne ressort pas grandie de ces versets.

2 Le renoncement à la poésie

Le présent est responsable de cette envie de renoncer à la poésie : le présent est sinistre : l9 à 12, champ lexical de la violence, de la tragédie : « meurtre, bombardement, malheur ». Cette désastreuse réalité est rapportée par la presse, ici présentée de manière péjorative : « Mes journées sont à base de prose […] bombardements. » (L7 à 10). Ce malheur se « feuillette » (L11) comme on feuillette les journaux. A la lecture des articles, le poète n’est pas touché par le malheur d’autrui : l’écriture a perdu tout son pouvoir de conviction, de persuasion ; elle est morte et ne peut plus émouvoir. La comparaison sur l’image de l’herbier avec ses « plantes mortes » et ses « larmes séchées » souligne cette langue désormais, sèche, brutale, froide.

Le poète utilise des expressions toutes faites, des lieux communs : « des phrases sans queue ni tête » (L9), « c’est de l’histoire ancienne » (L14), « ça me reprend » (L15), « en vérité » (L17) : ici pas de travail d’orfèvre sur le langage, nous sommes loin de « l’ouvrage de dentellière » évoqué par Jaccottet.

Il semble alors renoncer à la poésie comme il nous le suggère dans les lignes (13-14) « Chaque fois je me répète la même chose : je n’écrirai plus de poème, c’est de l’histoire ancienne. » Il essaie de se le persuader, de se le répéter, (connecteur temporel d’habitude).  Il emploie dans cette phrase le futur de certitude, plus la négation, la poésie est renvoyée dans le passé : comme si le poète essayait de se persuader de laisser la poésie sur le bord du chemin. Le constat est-il aussi pessimiste sur la poésie et l’activité créatrice ?

II Espoir et modestie en poésie.

1 Espoir et aspiration irrépressible  à faire de la poésie

Le connecteur logique d’opposition  « pourtant » (L15), introduit l’idée que le désir d’écrire subsiste chez le poète, mais ce désir semble instinctif, inexplicable, souligné par les adjectif qualificatifs « bizarre » (L15) et « curieux » (L16). Mais il choisit sa forme d’écriture : l’énumération « de paroles hâtives, de discorde et de bruit » (L16) traduit le désir de présenter l’expérience du monde réel dans une écriture énergique, brutale, fragmentée. Il a la volonté de retrouver du sens « mais j’espère vaguement dans les mots » (L18) et pour le souligner il utilise un lexique de la compréhension «Le retour d’un peu de clarté, de justesse ou de sens » (L19). Il veut s’accrocher aux mots pour trouver du sens. Il veut croire encore  en une promesse d’un avenir porteur de nouveauté, de changement et d’écoute : « Comme si quelque chose de neuf pouvait encore se produire. Comme si quelqu’un allait venir » (L21-22). L’anaphore « comme », ainsi que le parallélisme de construction appuient cette idée. Le poète se libère aussi de toute contrainte, de tout rôle social que la société  pourrait lui conférer « Je ne prête cette fois aucune attention aux paroles que vous attendez de moi. » (L23-24).

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