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Cloche fêlée de Baudelaire

Analyse sectorielle : Cloche fêlée de Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Avril 2022  •  Analyse sectorielle  •  2 532 Mots (11 Pages)  •  638 Vues

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                                       La Cloche Fêlée

Introduction

        Charles BAUDELAIRE, a publié en 1857 son principal recueil de poèmes, intitulé Les Fleurs du mal, qui retrace le parcours initiatique du poète qui cherche à échapper au spleen en recherchant la beauté, l'idéal. Il y développe une opposition, notamment dans le premier livre (« Spleen et Idéal ») entre deux aspects du poète: d'un côté l’élévation de son esprit le mène vers l'idéal, vers l'or, et de l’autre le spleen incarne le mal-être, la déchéance de l’Homme, la misérable condition humaine qui le plaque au sol, au niveau de la terre et de la boue. « La cloche fêlée » est un sonnet extrait de cette section 1, « Spleen et idéal »,  qui exprime cette contradiction inhérente au poète et à tout homme en général. Alors que la cloche devrait symboliser l’élévation du cri de l’Homme vers Dieu ou vers l’Idéal, celle du poète est « fêlée », comme son âme, et le son de sa voix ne peut pas s’élever. (LECTURE) 

Problématique : Comment la figure de la cloche fêlée symbolise-t-elle la défaite du poète et la victoire du spleen sur l’idéal ?

Annonce des axes :

  • v.1 à 8 : description de la cloche
  • v9 à14 : rapprochement explicite avec le poète.

ETUDE   LINEAIRE

- ANALYSE DU TITRE: « la cloche fêlée » : La cloche est associée à l'église, c'est un instrument de l’appel de l’Homme vers Dieu ou vers l’Idéal, mais ici elle est fêlée, ce qui signifie que l'idéal lui aussi est abîmé

-ANALYSE DE LA FORME DU POEME : c’est un sonnet (2 quatrains et 2 sonnets) mais au lieu  de suivre le modèle de Pétrarque en optant pour des rimes régulières, parfaites: ABBA / ABBA (embrassées) /CC  (suivies) et D/ E E D (embrassées), Baudelaire va opter pour des rimes irrégulières ABAB/ ABAB (croisées) puis CCD/ DEE (plates), qui sont celles d'un sonnet libertin. Les libertins ne croyaient pas en Dieu. Le choix de ce type de ce sonnet est déjà d'emblée une forme de dissonance et une façon d'exprimer la perte de foi, que cause la perte de l'idéal. Avant même que le sonnet débute, on voit que l'idéal est présent mais qu'il est déjà abîmé et entraîné vers le spleen.

PREMIER QUATRAIN :

- v.1 : « Il est amer et doux, pendant les nuits d’hiver... »

- la forme impersonnelle : « Il est... » permet au lecteur de s’identifier au poète et de ressentir aussi  l’amertume et la douceur. L’article défini « les » désigne des « nuits d’hiver » que tout le monde connaît et que tout le monde peut imaginer.

- « amer et doux » annonce déjà une dualité qui marquera tout le poème : le plaisir, la douceur, vient de l’amertume et de la froideur de l’hiver. Le plaisir, chez Baudelaire, est associé à la mélancolie.

-v.2 : « D’écouter près du feu qui palpite et qui fume,

-Le verbe exact, pour un feu, serait : « crépite » (et non « palpite »). En employant ce verbe inapproprié, le poète personnifie le feu en l’associant au coeur, qui « palpite » pour le rendre humain, rassurant. Le « feu » s’oppose à « l’hiver » et au froid, il est doux.

-v.3 : Les souvenirs lointains lentement s’élever... »

- « les souvenirs lointains » appartiennent au passé mais « s’élève(nt) » donc ils prennent de la hauteur, ils se rapprochent de l’Idéal. On a donc un poème placé dans la nostalgie, qui idéalise le passé. L’atmosphère crée ici dans les deux premiers vers mêle donc la tristesse et le bien être, c’est une atmosphère ambivalente.

-l’allitération en [l] allonge la diction du vers et permet d’insister sur l’élévation progressive, lente, du souvenir

v.4 : « au bruit des carillons qui chantent dans la brume. »

Les carillons sont des tintements de cloches joyeux, qui dénotent la fête, la joie. De plus ils sont personnifiés car ils « chantent » (verbe habituellement employé pour des personnes), ce qui marque aussi la joie.

-Cependant, « dans la brume » et « qui fume », sont des éléments négatifs qui symboliquement, s’opposent au bonheur et à la clarté en le cachant. On voit donc que dès le début du poème, l’idée de souvenir heureux est mitigée, atténuée par des détails sombres.

CONCLUSION DU PREMIER QUATRAIN :

-Dans ce premier quatrain, le poète décrit l’ambiance des nuits d’hiver au cours desquelles chacun a pu entendre les cloches chanter. Les cloches sont un élément central de ce décor ambigu. On peut remarquer que les cloches sont décrites à travers de multiples sensations ambivalentes qui se mélangent et se rejoignent : le son (« écouter », « carillons », « chantent »), les images (« qui fume », « s’élever »), le toucher (« doux ») et le goût (« amer »), etc. Ce mélange de sensations, caractéristique de la poésie de Baudelaire, se nomme « synesthésies ». Grâce aux synesthésies, Baudelaire fait plus que raconter les sentiments, il les fait « sentir ». C’est un langage symboliste qui met en accord le mot et la chose.

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