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Baudelaire, La Cloche fêlée

Commentaire de texte : Baudelaire, La Cloche fêlée. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  5 Juin 2023  •  Commentaire de texte  •  1 389 Mots (6 Pages)  •  212 Vues

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Baudelaire, La Cloche fêlée, commentaire linéaire

Introduction

Publié en 1857, Les Fleurs du Mal est l’œuvre le plus célèbre de Charles Baudelaire, poète majeur de la littérature française. L'univers de Baudelaire est marqué par la tension entre le spleen, qui exprime l'angoisse et le mal-être du poète, et l'Idéal qu'il cherche à atteindre.

La cloche fêlée est un sonnet en alexandrins qui se situe dans la section « Spleen et Idéal » et témoigne de cette tension permanente qui tiraille le poète.

Ce sonnet fait la transition entre la douceur mélancolique de certains poèmes, et l'horreur croissante du spleen qui envahit le poète.

Problématique :

Comment ce sonnet fait-il l'éloge d'une cloche pour mieux souligner le spleen du poète ? 

Annonce du plan linéaire :

Nous pouvons distinguer quatre étapes dans ce sonnet correspondant aux quatre strophes. Baudelaire exprime au premier quatrain des souvenirs heureux (1). Dans le second quatrain, il fait l'éloge d'une cloche personnifiée (II). Puis, il s'assimile à une cloche fêlée dans le premier tercet (III), et à un blessé agonisant dans le second (IV).

I - Un moment de plaisir (Vers 1 à 4)

Ce sonnet s'ouvre sur deux adjectifs antithétiques, « amer » et « doux » qui inscrivent l'ambiguïté au cœur du poème.

Cette ambiguïté se poursuit : le complément circonstanciel de temps « pendant les nuits d'hiver » ancre le poème dans l'obscurité et le froid, mais est cette atmosphère est rapidement réchauffée par le contraste réconfortant avec le « feu qui palpite et qui fume » au vers 2.

La phrase est lente au rythme du feu et des souvenirs qui s’élèvent. De plus, le poème a lieu en Hiver, saison favorable au Spleen ou encore la nuit qui l’emporte sur le jour. Ces éléments sont propices à la mélancolie

Mais le poète est près du feu, qui introduit un bruit, un son comme le montre L'assonance en « i » et l'allitération en « f » et en « p » restituent les chaleureux crépitements des flammes : « Il est amer et doux, pendant les nuits d'hiver / D'écouter, près du feu qui palpite et qui fume ».

L’attention du poète est intérieure, il passe du regard à l’écoute, lentement il s’élève ;

Dans ce cadre agréable, le poète aime à « écouter [...] Les souvenirs lointains lentement s'élever / Au bruit des carillons qui chantent dans la brume. » (v.3-4).

Ces carillons sont des cloches assemblées dans les clochers, et dont la musique provoque une mélodie harmonieuse qui résonne chez Baudelaire, puisque le son des carillons lui permettent « d'écouter » des « souvenirs ».  Mais sans étouffés puisque les sons sont adoucis par la brume.

L'atmosphère de ce premier quatrain est donc douce et sacrée, avec la personnification méliorative des cloches qui « chantent dans la brume » et l'adverbe « lentement ».

Le présent de l'indicatif et les deux verbes à l'infinitif (« d'écouter », « s'élever » ) donnent l'impression d'un moment hors du temps. Les cloches n'ancrent pas le poète dans un moment précis, mais le bercent dans une sorte de mélancolique éternité.

Ce quatrain dépeint donc un rare état de plaisir. L'unité du quatrain, constitué d'une seule phrase, renforce cette agréable stabilité.

II - L'éloge de la cloche énergique (vers 5 à 8)

Le quatrain suivant fait l'éloge de « la cloche » (v.5) personnifiée par l'adjectif « Bienheureuse » et l'évocation de son « gosier vigoureux » qui chante.

Le rejet au vers 6 du pronom relatif « Qui » restitue le balancement musical de la cloche.

Le poète salue l'énergie de la cloche, préservée « malgré sa vieillesse » (v. 6). Si cette cloche est celle du titre, « fêlée », elle reste « alerte et bien portante ». L'emploi du verbe « jeter » insiste également sur l'énergie de la cloche.

Elle peut ainsi être perçue comme l'allégorie de la poésie, dont le chant sacré se maintient malgré le passage du temps.

La personnification filée assimile la cloche à une pieuse fidèle, avec l'adverbe «fidèlement » : « Jette fidèlement son cri religieux » et le verbe « veiller » au vers 8 qui la rapproche d'un chrétien traversant une épreuve.

Cette cloche peut ainsi représenter la foi chrétienne qui protège le poète, « Ainsi qu'un vieux soldat qui veille sous la tente ! » (v.8).

La comparaison avec « un vieux soldat » fait songer aux « grognards » de l'Empire napoléonien, dont la légende auréole encore la France (Les grognards étaient les soldats de la Vieille Garde de Napoléon Bonaparte, ainsi appelés car ils se plaignaient souvent de leurs conditions de travail).

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