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Ballade des pendus de Villon

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Par   •  6 Janvier 2021  •  Commentaire de texte  •  3 853 Mots (16 Pages)  •  3 309 Vues

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Analyse de textes littéraires :

« Ballade des pendus » de François Villon

Le poème « La Ballade des Pendus » est un des poèmes les plus connus de son auteur, François Villon (1431- après 1463), poète français de la fin du Moyen-Âge. Il aurait été écrit en 1462. Cette ballade fait partie des pèces non-recueillies dans le livre « Œuvres complètes » de Villon, édité et traduit par Jacqueline Cerquiglini-Toulet, aux éditions Folio classique (2020). C’est sur cette traduction que nous baserons cette analyse littéraire, la « Ballade des pendus » est la neuvième pièce, page 272. La ballade est un poème lyrique, d’abord chanté puis destiné à la récitation, composé de strophes avec un refrain et terminant par un envoi, c’est-à-dire une demi-strophe. Cette ballade est plutôt longue : elle est composée de trois dizains, c’est-à-dire de trois strophes de dix vers, et d’un quintil qui constitue l’envoi, composé de cinq vers. Tous les vers sont décasyllabiques, ils comportent dix syllabes. Le dernier vers de chaque strophe est le même, ce qui forme le refrain qui est une des caractéristiques de la ballade poétique. Les rimes reviennent à chaque fois aux mêmes endroits dans chacune des strophes, elles sont croisées, le schéma des rimes des dizains est ababbccdcd et on y retrouve de nombreux enjambements.

Cette forme si caractéristique de la ballade se prête parfaitement à la construction d’une évolution linéaire. En effet, en lisant ce poème, on peut y voir une évolution de la vie, ce qui nous amène à poser notre problématique : « Comment cette ballade représente-t-elle le sens de la mort selon Villon ? De quelle manière se présente-t-il en tant que porte-parole ? ». Nous répondrons à ces questions en faisant une analyse linéaire : premièrement nous analyserons le premier dizain avec l’expression de la vie avant la mort, puis dans un second temps nous analyserons le deuxième dizain avec la mort du corps et la demande de prières, et enfin dans une troisième et dernière partie nous analyserons le troisième dizain et l’envoi, de ces images macabres à la vie de l’âme face à Dieu.

Nous allons donc voir dans une première partie le premier dizain, avec les sentiments des pendus qui est un des thèmes principaux et leur nostalgie de la vie laïque, tout en faisant le rapprochement avec le contexte probable dans lequel cette ballade a été écrite.

Cette ballade est écrite au présent et est narrée par les pendus, qui s’expriment comme s’ils ne formaient qu’une seule et même personne, avec les mêmes sentiments. Il est dit dans le cinquième vers qu’ils sont cinq ou six. L’énonciateur est évoqué grâce au pronom « nous » qui désigne soit les pendus soit leurs os (vers 8). Ils s’adressent dans cette longue complainte à leurs « Frères humains » (v1), on peut penser à la foule de spectateur qui contemple les corps, mais cette appellation permet aussi au lecteur du poème de se sentir impliqué, et même de ressentir une sorte de compassion pour quelqu’un qui l’appelle « frère », qui se place comme son égal. Le premier vers, « Frères humains qui après nous vivez » souligne une forme de discours universel puisque les pendus s’adressent aussi aux futurs hommes. Ce vers peut aussi refléter une forme de nostalgie de leur vie passée. Cet appel aux spectateurs comme au lecteur pose dès le début une hésitation. Le tire étant « Ballade des pendus », on peut s’attendre à une description des corps par un narrateur extérieur, mais là ce sont les pendus qui parlent. Cela prête donc à confusion : sont-ils morts ou encore vivants ? On retrouve en effet un vocabulaire de la vie avec « vivez » et « humains » au vers 1, « chair que nous avons trop nourrie » au vers 6, qui s’opposera avec le vocabulaire morbide du troisième dizain, nous y reviendrons plus tard. Ce premier dizain est un appel à la pitié de ceux qui entendent les pendus, une prière de ne pas se moquer de leur malheur, eux qui sont en mauvaise posture. On a une description de leur état aux vers 6 et 7, leurs chairs sont « depuis longtemps dévorée et pourrie, et nous, les os, devenons cendres et poussières ». De là, le lecteur hésite moins quant à leur état de mort.

Tout le dizain forme une plainte, une demande des pendus aux spectateurs de faire preuve de pitié, de leur pardonner, ce qui serait à leur avantage car cela leur permettrait de s’attirer plus rapidement les bonnes grâces de Dieu. L’appel des pendus à la compassion est puissant, ce qui poursuit l’hésitation sur leur état vivant ou mort, et qui rend la frontière entre la vie et la mort très fine, car ce sont bien les pendus qui parlent aux vivants comme s’ils en étaient. Ces deux groupes sont évidemment proches, tous les vivants finiront eux-mêmes par mourir. Les deux mondes sont rapprochés. La raison de leur condamnation à mort n’est pas explicitée, on peut faire une hypothèse à partir du vers 6 « la chair que nous avons trop nourrie », qui peut faire penser à deux des sept péchés capitaux de l’Eglise Catholique : la gourmandise ou la luxure. Ils auraient trop profité des plaisirs de la chair, négligeant par là leur âme. Mais nous n’avons pas d’autres informations, ce n’est pas l’essentiel. Le dizain se conclue sur un dernier vers qui deviendra un refrain récurrent à la fin de chacune des strophes de la ballade, « Mais priez Dieu qu’il veuille tous nous absoudre ». C’est une des caractéristiques de cette forme poétique. Le « tous » recouvre d’abord les pendus, puis tous leurs frères, soit l’Humanité entière, les morts comme les vivants. Le verbe « absoudre » signifie exempter de peine l’auteur d’une infraction. Dans la religion catholique, cela signifie le fait de remettre les péchés d’un catholique, on absout un pénitent. Ce refrain récurrent guide la ballade en lui donnant son ton de complainte lyrique. La religion catholique est largement dominante dans la France du XVème siècle, étant liée avec la monarchie française, ce poème reflète la tendance religieuse de l’époque où il a été écrit. Le XVIème siècle sera lui marqué par des guerres de religions entre le catholicisme et le protestantisme, né de la division de la chrétienté.

François Villon, lui, est de religion catholique, son poème est une prière à Dieu. On retrouve d’ailleurs la mention de plusieurs personnages divins, « Dieu » aux vers 4, 10, 20, 30 et 35, « Prince Jésus » au vers 31 et « fils de la Vierge Marie » au vers 16, qui a le pouvoir de maîtriser les hommes. Les hommes sont appelés « frères humains » au vers 1, « ses frères » au vers

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