La Ballade des pendus, François Villon
Dissertation : La Ballade des pendus, François Villon. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ilies cd • 2 Janvier 2020 • Dissertation • 1 000 Mots (4 Pages) • 1 017 Vues
La Ballade des pendus, François Villon
La Ballade des pendus est un poème de Francois Villon, extrait du recueil poétique « Le testament », écrit vers 1460. Ce poète du 15ème siècle, inspirateurs des auteurs de la Pléiade, a été condamné à mort pour avoir tué un notable. On suppose que c'est dans l'attente de sa condamnation à mort que ce poème a été écrit puisque l'on trouve les thèmes de la mort, de la souffrance et du pardon. C'est donc à travers un registre lyrique et pathétique que l'auteur exprime sa douleur et sa peur face à la mort. Villon espère ainsi éveiller la compassion des lecteurs, tout en les invitant à ne pas faire d'actes criminels. Nous pouvons ainsi nous demander quel effet le poète cherche à produire sur le lecteur ? Tout d’abord, nous verrons le réalisme macabre de l’œuvre. Puis, nous analyserons le discours argumentatif de l’auteur.
Ce poème de François Villon nous présente une description réaliste et macabre de la mort, qu’il tourne ensuite en dérision. C’est un tableau assez pittoresque qui fait référence aux mœurs de l’époque. La tradition qui voulait qu’on laisse les pendus sur le gibet révèle une réalité cruelle, présente dans le poème à travers les champs lexicaux du corps et de la décomposition, associés dans les vers 6 à 8. De plus, les expansions du nom sont nombreuses et les adjectifs sont très précis ce qui accentue le réalisme de la description. Enfin, on remarque des indications de lieu qui dirigent le regard du lecteur : « ci attachés » v. 5. En effet, cette Ballade donne à voir le spectacle du gibet grâce à des éléments descriptifs. De la première à la troisième strophe : éléments descriptifs à caractère macabre. Ce ne sont même plus des cadavres, ce sont des squelettes : « et nous les os… », squelettes en décompositions. Le texte souligne ce qui arrive à la chair, la corruption de la chair. Au Moyen Âge, on distinguait le motif de la danse macabre qui sert à rappeler la condition mortelle des hommes : « Rappelez vous que vous devez mourir », dans le poème, on distingue un grand nombre de ces détails macabres et répugnants, les pendus transmettent un message. Cependant, si à travers son poème, François Villon exprime la réalité macabre que subissent les pendus, celle-ci est aussi tournée en dérision. En effet, le champ lexical de la nature : «pluie» ; «soleil» ; «vents» ; «oiseaux» met en avant la métamorphose des corps à travers des images grotesques : le lessivage, le séchage, l’épilation... Les comparaisons sont dégradantes : « plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre», et déshumanisantes : «comme le vent varie [...] nous charrie». Cette image mise en évidence par la rime évoque celle de pantins suspendus à des fils. Pour finir la tournure ironique « jamais nul temps nous ne sommes assis » vient ajouter encore au cynisme de l’auteur.
Nous pouvons remarquer que dans ce poème l’auteur utilise une énonciation particulière. En effet, le poète écrit à la première personne du pluriel : «contre nous», ce qui montre qu’il s’inclut dans le groupe de pendus. Il y a là une situation paradoxale qui permet à un mort de s’exprimer. Par ailleurs, les thèmes sont peu traditionnels pour une ballade même si la forme est respectée (dizains + dernière strophe carrée, refrain). On peut également observer que l'auteur fait dans sa ballade un appel au lecteur. En effet son premier vers comporte une apostrophe «Frères humains» qui malgré l'exclusion sociale des pendus fait appel à la fraternité chrétienne. On trouve aussi de nombreux impératifs qui montrent qu'il s'adresse aux lecteurs. D’ailleurs, dès le vers 5 : «vous nous voyez ci attachés», Villon suggère l'idée que le destinataire est spectateur, qu’il est un membre de la foule. On remarque donc que l'auteur cherche à faire réfléchir le lecteur. En fait, l’ensemble du poème repose sur une stratégie argumentative bien ficelée. Un plaidoyer du condamné. Effectivement, notre condamné semble faire son propre plaidoyer tout d’abord par l’utilisation d’un registre pathétique qui cherche à attendrir le lecteur : il insiste longuement sur son état physique et sur son statut de mort : «transis» ; «occis» ; «mort». Il reconnaît sa faute, mais il invoque la religion pour obtenir l’adhésion du lecteur : «Vierge Marie». Puis il adopte dans la troisième strophe un ton plus léger, usant d’ironie et d’images triviales avant de revenir à un solennel dans la dernière, où il change de destinataire (il interpelle Jesus) et s’adresse directement à la justice divine, qu’il oppose à la justice des hommes.
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