Alcools Apollinaire

                                Dissertation français

Introduction:

        Au cours du XXème siècle, des poètes comme Apollinaire ou les surréalistes ont révolutionné l’art poétique en renouvelant ses formes avec une grande liberté. Afin d’amorcer cette idée révolutionnaire, Guillaume Apollinaire publie en 1913 Alcools, ce recueil, qui de par ses poèmes et de sa forme emmène aux prémices d’un nouveau genre. On peut alors se demander si pour aspirer à la modernité, un poète doit indispensablement mettre à l'écart toute forme de poésie traditionnelle. Pour cela, dans une première partie, nous étudierons Alcools comme étant un recueil tourné vers la modernité. Puis dans une deuxième partie, nous montrerons comment Apollinaire à travers son recueil rend hommage au passé et à la tradition.

I- Alcools , un recueil tourné vers la modernité:

        Depuis le XXème siècle, la poésie repose effectivement sur une  recherche de modernité, aussi bien dans les motifs et les thèmes, que dans la manière d’écrire. Apollinaire renouvelle les thèmes poétiques et la poésie prend non seulement pour cadre un paysage urbain, mais elle se fait aussi témoin de nombreuses innovations techniques de son temps. Ainsi, la ville, les usines, les avions(...) deviennent des sujets de fascination pour les auteurs de XXème siècle. Pour Apollinaire, la poésie doit refléter le nouveau monde issu de la deuxième révolution industrielle. Par le biais de “Zone” (premier poème du recueil), Apollinaire parvient à évoquer l’univers urbain avec la Tour Eiffel comme symbole de la modernité. Dans le vers 2 ("bergère ô Tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin”). Apollinaire fait l'éloge de la vie en ville ainsi que de ce qui s’y lit: “T’y lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut"(vers 11). Le thème de la ville est également abordé à travers le poème “Le voyageur” où le poète se désigne comme étant le témoin de ces villes. Nous pouvons le voir au vers 30 lorsqu'il écrit “Les villes que j’ai vues vivaient comme étant folles”. Apollinaire emploi aussi de nombreux thèmes tels que : la présence du réalisme dans la vie quotidienne du monde moderne, bruyant trépidant “Zone” nous en fournit de multiples exemples: “sonneries électriques des gares chant des moissonneuses”. La pauvreté, la prostitution et l’alcoolisme sont aussi intégrés dans le paysage urbain.

             De plus, Apollinaire renouvelle la poésie dans sa manière d’écrire. Tout d’abord, nous pouvons constater que Apollinaire fait l’usage des vers libres dans “Zone”: "Bergère ô Tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin”(16 syllabes)ou encore des vers à métrique rare et originale tels que l’instabilité des vers impairs de mauvaise augure dans “la Loreley”, la femme fatale: “Je flambe dans ces flammes ô belle Loreley/Qu’un autre te condamne tu m’as ensorcelé” (13 syllabes, 13 étant un chiffre maléfique adapté au sujet de l’amour fatal). L’hétérométrie caractérise plusieurs poèmes de ce recueil tel que “A la santé”, le deuxième poème de ce recueil, qui se distingue par ses vers très court: “moi-même”. La modernité réside aussi dans l'écriture d’Apollinaire, dans la syntaxe avec la suppression de la ponctuation. Cette nouveauté oblige le lecteur à construire la phrase à sa guise quitte à la reprendre plusieurs fois pour choisir sa structure ou la comprendre ( le lecteur devient alors actif et co-créateur du poème). C’est le cas par exemple dans “Le pont Mirabeau”: “Sous le pont Mirabeau coule la seine/Et nos amours/Faut-il qu’il m’en souvienne”. Apollinaire place son recueil sous le signe de la modernité, néanmoins, il conserve une part de son inspiration dans la tradition poétique et le passé.

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