Étude de zone

Étude de zone

Dès le premier vers le poète exprime clairement une des raisons de son choix esthétique: il se dit las des formes d’art qui lui semblent dépassées. Il préfère le cubisme. Il est surtout passionné d’architecture: la simplicité épurée des lignes de certaines constructions industrielles la ferraille, la tour Eiffel peinte par Chagall et Delaunay. Cette tour Eiffel symbolise la bergère, les arches des ponts de la seine sont eux symbolisé par des moutons et les sirènes des péniches symbolises les bêlements des moutons. Cette poétisation de l’urbain fonde une pratique poétique nouvelle: l’usage du vers libre, l’absence de ponctuation, le mélange sur le plan de l’énonciation des personnes verbales. Le « je » désigne le poète lorsqu’il écrit, le « tu » désigne le poète et ses sentiments actuels, mais aussi l’auteur lorsqu’il est enfant. L’énonciation de l’enfance se fait au présent, dans une sorte de continuité chronologique assez déroutante. Le poète utilise aussi le « vous » qui désigne l’enfant accompagné de son camarade Dalize. C’est une mise à distance du passé, mais aussi rendue proche par l’usage du présent. Cela donne l’impression que le poète est tous les hommes à la fois. Apollinaire semble dédier ce poème à la ville, car il la sublime en parlant des rues. C’est dans les vers 31 à 40 que le poème adopte un ton singulier. Apollinaire y célèbre le christ par un style marqué par de nombreuses images et par le procédé de l’anaphore. L’anaphore repose ici sur le représentatif « c’est », répété huit fois. Cela crée une répétition de sons à valeurs incantatoire. Mais alors que l’adolescence est en général marquée par le gout de l’interdit, on a ici l’évocation du zèle religieux. Dans le vers « Ta mère ne t’habille que de bleu et blanc », on retrouve la religiosité du bleu, couleur de la vierge et du blanc couleur de la pureté. Il donne au Christ l’image d’un aviateur avec pour symbole la croix avec ses deux branches rappelant les ailes, figure de l’ascension de l’avion. Zone est le dernier poème qu’il a écrit, mais l’a tout de fois mis au début de son recueil « Alcools », car c’est le plus moderne de ses poèmes.

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