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May B, Maguy Marin

Dissertation : May B, Maguy Marin. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  16 Mars 2020  •  Dissertation  •  3 239 Mots (13 Pages)  •  763 Vues

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May B – Maguy Marin

May B, pièce la plus dansée dans l’histoire, entre chorégraphie et théâtre, à été créée en 1981. Parmi environ 700 représentations données à travers le monde entier, ce chef- d’œuvre intemporel a été joué le mardi 4 décembre 2018 à Albi, nous laissant la trace d’une œuvre bouleversante, remplie d’Humanité, si juste sur les mouvements de l’âme et du corps.

Maguy Marin, danseuse et chorégraphe française de danse contemporaine, voulait, en s’inspirant de textes de l’auteur Samuel Becket et de leur rencontre, émettre un regard artistique sur le caractère désœuvré de notre monde, sur un corps, le nôtre, lieu de gravité mais aussi d’entrave, évoluant dans ses contraintes, ses intentions.Chez elle, la danse n’est jamais un état donné, mais le résultat d’un arrachement, d’une lutte avec et contre l’informe. Nous suivons donc, durant 2 heures, l’aventure de 10 comédiens-danseurs sans réelle histoire, ni but sinon celui d’exprimer la grandeur et la misère, la beauté et la laideur de leur vie, miroir des nombreuses contradictions humaines. May B est une œuvre qui cherche, entre l’oppression du groupe et la difficulté d’être un individu parmi d’autres individus, l’essence même de la nature humaine,  instinctive, la rendant souvent animale et menant l’être-humain sur la trajectoire tragique de sa condition. Difficile pour nous, spectateur de ne pas se sentir concerné, ‘‘bousculé’’ par ces corps usés, se touchant, se repoussant, s’étreignant; par ces regards perdus, parfois moqueurs ou hagards supportés par des éléments de mises en scènes ‘‘épurés’’ mais ne rendant que plus exacerbée cette cohabitation violente, difficile entre un soi-même fait de déchirures et de failles, les autres.[pic 1]

Le rideau encore baissé, la pièce débute sur un lied de Shubert. Enfin, quelques minutes plus tard, le rideau s’ouvre pour nous faire découvrir 10 personnages, immobiles. Des personnages dont les visages, couverts d’argile, semblent effacer leur singularité physique au profit d’un aspect neutre, uniformisé. Tout comme leur costumes, tous blancs, certains rembourrés, leur donnant une apparence laide. Un coup de sifflet, strident, autoritaire précède les premiers mouvements: des marches saccadées, robotiques, coordonnées sur le même rythme. Ces premiers pas sont marqués par de la poussière de craie fixée à leur chaussure, laissant la trace de leurs chemins, tragiques car sans but ou motivation, se construisant au fur et à mesure de leurs avancées. On comprend alors que la ligne narrative, elle non plus, ne suivra aucun chemin et que le mot ‘‘morcellement’’ convient mieux à la forme voulue de l’œuvre. Des grognements, des toussotements se font entendre et donnent à ces personnages un aspect animal, sans filtre, archaïque.

[pic 2]

                                                                        Fragment de marches, de regards: d’INTENTION.

Enfin, ils se dispersent puis se réunifient et les premiers rapprochements physiques apparaissent, les mouvements deviennent de plus en plus frénétiques. Sur un air de carnaval, accompagné par des tambours, les corps rentrent dans un jeu de séduction. Les personnages, ici, comme tout au long de la pièce, fonctionnent beaucoup par couple, soulignant un certain dualisme, entre affection et violence. Par groupe de deux donc, les corps se cherchent, le jeu devient sexuel avec des mouvements de va et vient, des mains glissés près des parties intimes et alors les répétitions des gestes deviennent perturbants, entêtants. La frénésie va crescendo et atteint son apogée lorsque, au sol, les corps se tordent, s’exécutent à travers des expressions, semblant parfois aller contre la volonté de l’esprit (notamment au moment où les bassins s’élèvent puis chutent, très rapidement), socialement incorrectes car grotesques mais aussi maladroites. Maladroits, sont les mouvements, car, en effet, le corps semble être une entrave pour chaque individu mais aussi pour leur relation avec les autres, du fait de leur handicap physique: vieillesse, lourdeur, maigreur… Les expressions du visage en soulignent la gêne.

[pic 3][pic 4]

                                         Le carnaval grotesque.                                                     Frénésie horizontale.

         

Puis, un nouveau tableau apparaît, un trio formé de trois femmes, riant, par secousse, au gré des regards, des mouvements de tête, et si ici, pointe une dimension burlesque, le rire du spectateur se fait hésitant, dérangé par le fait que ces esclaffements semblent plus exprimer une certaine folie que l’expression d’une gaieté, d’un bien-être. De plus, cette figure triptyque, rompt avec les duos habituels et en est donc plus marquante pour le spectateur.

[pic 5]

                                                                                                                                                                                                                                                                 

                                                             Le trio.

La notion de duo est retrouvée, d’une certaine manière dans la scène suivante, scène de confrontation entre deux groupes de quelques personnes,  placés à deux extrémités de la scène. Tous les personnages partagent une même colère, rage et donc, de ces deux chœurs, s’exprime une intention semblable. Ils s’aident dans leur unité mais se déchirent face à l’Autre. Une intention qui crée l’illusion de deux entités formées de plusieurs personnes. Leur singularité, à travers les mouvements, les grognements ou les cris, s’exprime à travers une intention, qui existe et prend forme qu’à travers plusieurs individus, se nourrissant, paradoxalement, de la psychologie individuelle de chaque être.

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