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Dissertation Dora Bruder et Pas pleurer

Étude de cas : Dissertation Dora Bruder et Pas pleurer. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  16 Septembre 2019  •  Étude de cas  •  806 Mots (4 Pages)  •  1 583 Vues

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Nés dans la même génération, après la guerre et dans une atmosphère familiale difficile. Patrick Modiano et Lydie Salvayre publient deux romans, Dora Bruder (1997) et Pas pleurer (2014), respectivement. Pour ces deux narrateurs, la mémoire est quelque chose d’inestimable. Ils entreprennent l’écriture de ces ouvrages dans l’intention de redonner vie à ce qui est voué à s’effacer. D’une certaine façon, c’est aussi un hommage à ces gens qui ont vécu la Guerre civile d’Espagne et la Deuxième Guerre mondiale. Ce texte abordera d’une part ce qui rapproche ces deux romans et d’une autre ce qui les distingue.

Tout d’abord, ces deux auteurs ont une intention commune, ils s’engagent à perpétuer l’histoire de ceux qui ne le peuvent plus. Dora Bruder est un roman où Modiano fait l’enquête privée de sa vie. « Peut-être, sans que j’en éprouve encore une claire conscience, étais-je sur la trace de Dora Bruder et de ses parents. Ils étaient là, déjà en filigrane. » (p. 26) On peut en comprendre que durant près de 8 ans, l’auteur était tourmenté par cet article de journal, dû à quelques traits communs avec Dora. Ils ont tous deux fugué à l’âge de 15 ans, eu un manque paternel, vécu dans le même quartier. C’est ce qui poussera Modiano à faire une enquête méticuleuse sur sa vie, tout en s’imaginant les partis dont il n’a pas accès, dans le seul et unique but d’arriver à ses fins et ainsi pouvoir donner une existence entre ses pages, à cette jeune fille. Pour ce qui est de Salvayre, elle est habitée par la même motivation que Modiano. Dans l’incipit, elle révèle ses intentions face à ce roman, qui sont de permettre de garder des traces impérissables de ce qu’a été la vie de sa mère. « Ma mère s’appelle Montserrat Monclus Arjona, un nom que je suis heureuse de faire vivre et de détourner pour un temps du néant auquel il était promis. » (p. 14) Modiano et Salvayre ont la même visée pour l’écriture de leur roman, donner une existence infinie à une personne qui leur est chère.

Par ailleurs, ces deux narrateurs ont chacun leur façon de raconter l’histoire des deux héroïnes. Modiano opte pour l’utilisation accrue de modalisateurs étant donné les vagues traces qu’a laissées Dora. « Il est probable que », « Sans doute », « J’ignore », « Je me demande ce qui s’est passé » (p. 137). Parallèlement, le paradoxe suivant est un excellent exemple de ce que Modiano tente de faire « Peut-être – mais j’en suis sûr s'est-elle promenée là, dans cette zone… » (p. 48). Il imagine les moindres faits et gestes de l’adolescente, qui deviennent pour lui des événements certains. Il se convainc de ses intuitions, en superposant des hypothèses. C’est ce qui lui permet de donner une mémoire au personnage éponyme. Comme le dit si bien Modiano « Si je n’avais pas été là pour l’écrire, il n’y aurait plus aucune trace de la présence de cette inconnue… Rien que des personnes – mortes ou vivantes – que l’on range dans la catégorie des « individus non identifiés ». » (p. 88) De plus, le narrateur remplit les vides de l’existence de Dora avec des épisodes autobiographiques de son passé avec son père et des souvenirs, dans le but de se rapprocher d’elle. Pour ce qui est de Salvayre, elle se base sur le témoignage de sa mère, atteinte d’Alzheimer, puis du livre Les grands cimetières sous la Lune, écrit par Bernanos. Elle entre-lit les deux histoires, puisque Montse, sa mère, n’a pratiquement que de bons souvenirs par rapport à cet été de 36. Il y a une forte opposition entre Montse et Bernanos. Alors, que Montse découvre, en quelque sorte, la liberté, lui, dénonce l’église qui se ferme les yeux sur des crimes horribles. Salvayre s’appuie uniquement sur des faits et non des hypothèses. La clé pour avoir accès aux souvenirs de sa mère, c’est de boire une boisson alcoolisée à base d’anis qui se nomme l’anisette. « Je sers à ma mère un petit verre d’anisette et me rassieds près d’elle. Et tout à coup, enchaîne-t-elle avec des frissons rétrospectifs… » (p. 92) Salvayre tresse un portrait de ce qu’a été la guerre civile d’Espagne, en s’appuyant sur ces deux témoignages. Modiano et Salvayre ont chacun leur façon de donner une vie à ce qui est condamné à être oubliée, mais de façon tout aussi émouvante.

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