Les grandes explications théoriques du chômage
TD : Les grandes explications théoriques du chômage. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar louisefrb • 20 Janvier 2020 • TD • 3 862 Mots (16 Pages) • 486 Vues
LES GRANDES EXPLICATIONS THÉORIQUES DU CHÔMAGE
L’économiste John Maynard Keynes écrivait, en 1936, dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie “Les deux vices marquants du monde économique où nous vivons sont le premier que le plein emploi n’y est pas assuré, le second que la répartition de la fortune et du revenu y est arbitraire et manque d’équité”. En 1936 déjà, le chômage était considéré comme un des principaux fléaux de notre société. La France, depuis la crise de 2007, ne cesse de voir son nombre de chômeurs augmenter. Le chômage a atteint son plus haut taux en 2015 avec 10,4% de chômage. Pour être considéré au chômage selon le BIT, le Bureau International du Travail, il faut être sans travail, c’est à dire ne pas avoir travaillé une heure durant la semaine de référence. Être disponible pour travailler, c’est à dire pouvoir commencer une activité dans les deux semaines. Et enfin rechercher activement un travail, c’est à dire avoir entrepris les démarches de recherches d’emploi au cours des quatre dernières semaines. Il faut ajouter à cette définition du BIT ce qu’on appelle le halo du chômage. Le halo du chômage représente pour Freyssinet, les personnes sans emploi qui voudraient travailler, mais qui sont comptabilisées comme inactives au sens du BIT. Ce sont généralement des personnes qui ne sont pas disponibles car elles poursuivent des études, suivent une formation, ou qui n’ont pas fait de recherches dans les quatre dernières semaines, parfois parce qu’elles attendent des résultats antérieurs. Le halo du chômage comprend également les “chômeurs découragés” qui souhaitent travailler et qui sont disponibles mais qui déclarent ne plus chercher d’emploi car la perspective d’y parvenir leur paraît trop faible.
Le chômage peut être découpé en trois causes distinctes : le chômage conjoncturel, le chômage structurel et le chômage frictionnel. Tout d’abord le chômage conjoncturel est un chômage lié aux fluctuations de la croissance économique et surtout à son ralentissement. La Loi d’Okun, proposée en 1962 par l’économiste nord américain Arthur Okun, met en évidence une relation linéaire factuelle entre la variation du taux de croissance mesurée par le PIB et celle du taux de chômage dans une économie donnée. Le chômage tend à augmenter en dessous d’un certain seuil de croissance et inversement. Il existe également un chômage qu’on appelle chômage structurel. Il s’oppose donc au chômage conjoncturel. C’est un chômage chronique qui traduit un déséquilibre profond et durable du marché du travail. Cela peut être lié à une production insuffisante ou à une inadéquation des qualifications des travailleurs aux besoins qualitatifs des entreprises, ou alors à cause de l’accélération du progrès technique. Enfin, on peut parler du chômage frictionnel, qui est un chômage incompressible caractérisé par l’abandon d’un emploi dans le but d’en trouver un meilleur. A travers ces trois principaux fondements, il sera question de voir dans quelle mesure les différentes explications théoriques du chômage permettent-elles de saisir les causes et d’expliquer celui ci ? Dans une première partie nous présenterons les théories plus traditionnelles caractérisées par les pensées économiques dominantes puis la prise en compte de nouveaux facteurs plus contemporains mais tout aussi explicatifs du chômage.
I - Les théories traditionnelles du chômage
A - La théorie néoclassique
Selon les néoclassiques, le marché du travail est un marché comme les autres et ainsi le salaire se détermine après la rencontre entre entre la demande et l’offre du travail sur le marché. On parle de taux de salaire réel ou de salaire nominal. Ce marché respecte donc selon les néoclassiques les règles de la concurrence pure et parfaite mais également deux autres hypothèses : la flexibilité des prix et la possibilité pour chaque agent de participer ou non à l’échange. Pour les néoclassiques, l’offre du travail est une fonction croissante du salaire réel et la demande de travail est une fonction décroissante du salaire réel. C’est à dire que plus le salaire augmente, moins les entreprises vont demander du travail, car embaucher leur reviendra plus cher. Au contraire, lorsque le salaire augmente, l’offre de travail va devenir plus importante car le revenu des travailleurs sera alors plus important. L’intersection des deux courbes détermine le taux de salaire réel d’équilibre et le niveau de travail d’équilibre. À ce point, l’offre et la demande de travail sont équivalents, c’est donc une situation de plein emploi. Dans l’analyse néoclassique, le marché permet une allocation optimale des ressources et permet l’autorégulation. Grâce à la flexibilité des salaires, le marché du travail doit s'autoréguler.
Selon l’analyse des néoclassiques, le marché du travail se dérègle lorsque le salaire en vigueur est supérieur au salaire d’équilibre. L’offre de travail devient alors supérieure à la demande et cause ce qu’on appelle du “chômage involontaire”. Les travailleurs souhaitent travailler mais la demande de travail disponible n’est pas suffisante. Si le salaire est flexible, cela causera une baisse du salaire jusqu’à ce qu’il retrouve son point d’équilibre. Grâce à la flexibilité du marché du travail et à son autorégulation, il n’est censé pouvoir exister qu’une situation de plein emploi. Les deux seules formes de chômage possibles selon les néoclassiques sont :
- le chômage volontaire : certains individus trouvent le salaire trop faible et se retirent donc du marché du travail
Il arrive que même lorsque le salaire est à son niveau d’équilibre, certains travailleurs ne souhaitent pas travailler. On parle dans ce cas-là de chômage “volontaire”. Arthur Cecil Pigou, économiste britannique classique du XIXe-XXe, fait partie des partisans de cette théorie. Les travailleurs se fixent un salaire de réserve, c’est-à-dire un salaire en-dessous duquel ils refusent la demande de travail.
- le chômage frictionnel : le chômage qui correspond au temps d’ajustement entre l’offre et la demande sur le marché du travail
Finalement, si le chômage perdure, les néoclassiques affirment que c’est à cause d’un manque de flexibilité du marché du travail, c’est à dire lorsqu’il est entouré par des mesures trop rigides. Ces mesures sont souvent prises par les pouvoirs publics, comme la mise en place d’un salaire minimum, notamment lorsque ce dernier se fixe au dessus du salaire d’équilibre. Ce salaire désincite donc les entreprises à embaucher. le chômage se caractérise donc par un coût du travail trop élevé, souvent supérieur à la productivité des salariés. Dans la même lignée, pour J. Rueff, les allocations chômage sont responsables de la rigidité des salaires réels et du chômage permanent car elles empêchent l’ajustement des salaires. De plus, ces allocations ont pour l’auteur un effet désincitatif car elle fixent le seuil du salaire de réserve.
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