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L’ALIÉNATION FAMILIALE DANS LES ŒUVRES DE KEN LOACH

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Par   •  30 Septembre 2021  •  Dissertation  •  6 069 Mots (25 Pages)  •  350 Vues

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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

PHASE 2 DU DOSSIER FINAL

L’ALIÉNATION FAMILIALE DANS LES ŒUVRES DE KEN LOACH

TRAVAIL PRÉSENTÉ À

DAVID NADEAU-BERNATCHEZ

DANS LE CADRE DU COURS

APPROCHES ANTHROPOLOGIQUES DES MÉDIAS

EDM1008-20

PAR

MARIANE BRETON

BREM12589608

13 DECEMBRE 2016

1. Présentation générale

Dans le cadre de ce présent travail, j’analyserai une œuvre du réalisateur britannique de cinéma et de télévision : Ken Loach. Mon choix s’est arrêté sur le film Family Life[1], puisqu’il constitue selon moi, l’un des films les plus riches de ce réalisateur. Dans le style de l’entre documentaire et fiction, la maitrise de ce parfait équilibre met en valeur de façon exceptionnelle les thématiques de la révolte et de l’indépendance ainsi que les problématiques parentales et psychiatriques. Family Life est une histoire un peu sombre de l’abus de pouvoir parental et de la destruction d’une jeune femme par la structure psychiatrique. Janice Baildon est une adolescente constamment en conflit avec sa famille. Contrainte d’avorter, Janice perçoit l’avenir de manière pessimiste, s’enfonce dans la folie et passe de plus en plus de temps à l’hôpital sous une emprise parentale et médicale de plus en plus forte. Elle se retrouve entre les mains de médecins incapables de comprendre l’origine de ses troubles. Family Life propose un mélange complet d’analyse politique, sociologique et de drame humain ; un équilibre que le réalisateur n’atteindra que rarement par la suite.  Ainsi, le film Family Life  a un caractère unique et distinctif de sa filmographie.

2. L'auteur

Réputé comme l’un des cinéastes des plus engagés du cinéma britannique et du cinéma européen, Ken Loach est l’un des rares réalisateurs contemporains à avoir consacré la quasi-totalité de son œuvre à des sujets à caractères sociaux. Né le 17 juin 1936 à Nuneaton dans le Warwickshire en Angleterre, ce fils d'ouvrier et petit fils de mineur a grandi au cœur de l'Angleterre industrielle. Après avoir étudié en droit pour devenir avocat au St Peter's College à Oxford, c’est finalement à travers ses films qu’il témoigne son indignation et fait ses dénonciations : tout est question de politique dans le cinéma de Ken Loach.  En 1966, il réalise son premier télé­film, Cathy Come Home[2] et en 1969, il réalise son premier long-métrage, Kes[3], puis enchaîne avec plusieurs autres films. Avec plus d’une trentaine de films à son actif aujourd’hui et une toute nouvelle palme d’or avec le film Moi, Daniel Blake[4] au festival de canne en 2016, ce réalisateur a su faire sa place à  l’international.  Il s’est fait reconnaitre par sa méthode de travail et par son style narratif et visuel très différent de la culture hollywoodienne.

3. Le message et le médium

Family Life se déroule dans les années ’70 au Royaume-Uni. Janice Baildon, une jeune femme un peu troublée et au comportement parfois étrange, n’est aucunement appréciée par ses parents. Ces derniers sont inquiets de la nouvelle génération et des changements de valeurs telles la libération sexuelle qui vient chamboulés leur pensée conservatrice. Persuadés que le caractère de Janice est d’origine psychiatrique, les parents décident de la placer dans une institution de traitement. Le personnage de Janice est tout simplement déchirant, puisqu’il est écorché vif et écarté du monde. Janice oscille entre la recherche éperdue d’amour de la part de ses parents et l’incompréhension totale de ceux-ci face à sa jeunesse, sa personne entière. 

Avec peu de moyens financiers, Ken Loach opte pour une esthétique réaliste. Le réalisme au cinéma consiste à se démarquer de la standardisation, à chercher une plus grande impression de réalité par rapport au cinéma traditionnel et au modèle des genres. Il a pour but de faire plonger le spectateur dans un cadre, une atmosphère qui paraissent cohérents. Le cinéma reste de la fiction, mais les films réalistes essayent de contourner cette vérité pour tendre vers une réalité crédible.[5] Ainsi, le cinéma social vise le réalisme en interprétant la réalité plutôt qu’en la dramatisant comme dans le cinéma classique. Les moyens utilisés dans l’œuvre de ce réalisateur britannique sont forts intéressants. Ken Loach cherche à préserver la langue et la culture, la diversité, l’identité ainsi que la spécificité du genre humain. Toujours en restant centré sur l’individu, il dresse un tableau des problèmes sociaux, des politiques imposées et de la lutte pour la reconnaissance des droits. Il ne cherche pas à dénoncer, juger ou à culpabiliser ceux qui sont responsables des difficultés vécues par les protagonistes tant dans leur milieu social que familial. En effet, il met en scène les problématiques comme elles sont tout simplement. Son seul but est d’amener le public à une prise de conscience. C’est pourquoi il utilise une mise en scène extrêmement simpliste dans Family Life, afin de démontrer la réalité sans artifice. Par exemple, il travaille en lumière naturelle, les lieux de tournage se déroulent dans le véritable quartier et il utilise des acteurs non professionnels issus généralement du milieu social souhaité. De plus, ce réalisateur tourne les scènes du film en ordre chronologique afin que le jeu des acteurs soit le plus véridique possible. Il refuse de leur donner le scénario complet afin de capter leurs propres réactions ; il préfère la spontanéité ainsi la place à l’improvisation est acceptée. Le rythme est plus lent, mais plus vrai.  Dans le même ordre d’idée, Ken Loach fait encore le montage de ses films à la main. Il considère que prendre le temps de réfléchir et ne pas adopter un rythme de « machine » favorise le réalisme. Peu de réalisateurs placent au grand écran des minorités comme Ken Loach le fait. Certains pensent qu’il serait plus facile d’essayer de les oublier, de faire comme si la société se portait bien et que tout le monde était heureux. Ken Loach, lui va plus loin que ces préjugés. Lorsqu’il tourne, la caméra est toujours à une distance respectable de l’acteur. La caméra se veut comme un œil humain, ainsi il n’y a aucun gros plan sur un visage, etc. Il a opté pour un mode de travail extrêmement humain et respectueux.[6] Sa manière de filmer, ses budgets restreints et son refus de la perfection témoignent d’une humanité complètement libérée du style hollywoodien. Les décors sont d’une grande simplicité afin d’attirer les regards sur la situation sociale de la société et de mettre en valeurs les personnages et les dialogues. Il n’y a aucun effet spécial irréaliste, que des plans significatifs.  Rejetant la valeur de la perfection, sa façon de fonctionner est à l’opposé du géant de l’industrie cinématographique. Ainsi, il n’est pas surprenant que plusieurs des œuvres de ce réalisateur furent hautement critiquées. Dans les années ’80, sous l’ère Thatcher, Ken Loach voit pour la première fois une période creuse. Ses films sont difficilement financés pour des raisons politiques et il n’est pas étonnant de constater que ses documentaires sont privés de diffusion. La censure fut imposée à certains de ses films, car il n’hésite pas à dénoncer ! Ses films s’adressent généralement à la population Britanniques. Il utilise cet excellent médium pour faire circuler des messages politiques et sociaux dans le but de l’avancement de sa société. Selon moi, il réussit avec brio à présenter ses valeurs idéologiques à travers ses films tout en restant hautement respectueux des individus dans leurs particularités.

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