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Die liebe in côte d'ivoire

Rapport de stage : Die liebe in côte d'ivoire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Janvier 2016  •  Rapport de stage  •  26 046 Mots (105 Pages)  •  904 Vues

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L’art du conte

  1. Nature et diversité
  1. Oralité

Dans les sociétés africaines, il peut arriver que l’on n’y accorde pas de crédit particulier à la spontanéité de l’art. C’est pas pour autant que l’artiste, sculpteur ou conteur doive se retenir de toute recherche d’originalité ou condamner à reproduire sans cesse un modèle stéréotypé. Un cadre lui est prescrit qui constitue le patrimoine culturel du groupe et en dehors duquel l’œuvre perd son authenticité, cesse de signifier pour la communauté. L’art africain ne peut se concevoir à l’exclusion d’une signification immédiate. L’artiste ne peut s’embrasser de créer pour les « happy few », ni pour les générations futures, par-dessus les vivants.

Son œuvre n’est valable que dans la mesure où elle s’adresse à la sensibilité du groupe en empruntant les voies de pénétration intellectuelle de ce dernier. Dans ce milieu traditionnel et conservateur où l’art n’évolue que très lentement, il n’est permis à l’artiste de donner un plein essor à son imagination, à son esprit d’invention, que dans un cadre circonscrit. On s’en rend bien compte, d’ailleurs, lorsque l’on compare les diverses étapes parcourues par le conteur et le sculpteur dans leur apprentissage. Ils tiennent en définitive leur art de maitres reconnus représentatifs de l’art du groupe et il leur est demandé davantage d’assumer une succession ou de s’y préparer que de frayer des voies nouvelles. Cette réserve faite, et qui ne tend nullement à accréditer l’idée de l’uniformité de l’art africain ou de la limitation abusive de l’horizon de l’artiste, il convient de souligner que l’artiste est apprécié, comme le souligne J. Laude, pour l’originalité de son art, étant entendu que ce mot ne va pas sans les réserves formulées plus haut.

Le conteur, s’adresse à un auditoire qui, pour la plupart, connait parfaitement son répertoire. Toute sa renommée tient à son aptitude à agrémenter le récit. C’est dire, encore une fois que sa tâche est ardue, que son talent doit être réel pour lui permettre de tenir en éveil et de divertir son auditoire à partir d’une situation particulièrement défavorable. Il doit être à même de dissiper toute résistance et de tenir son public en haleine. Ce dernier peut parfaitement faire montre d’un remarquable esprit d’invention rarement par l’apport de thèmes nouveaux, ou la composition de récits nouveaux. Cette invention se borne presque toujours à la présentation, de la façon la plus personnelle possible d’un conte puisé dans le patrimoine culturel du groupe.

Dans les régions où les religions traditionnelles demeurent vivaces, le rôle du conteur est autrement plus difficile, qui dispense un savoir souvent ésotérique, une sagesse que l’on ne pénètre qu’à force de patience. Une séance de conte devient alors une véritable école de formation intellectuelle et morale.

On comprend ainsi le caractère « ouvert » des contes de Dadié qui, pour la plupart de la tradition culturelle du pays Baoulé et Agni. Cela ne veut pas dire, que certains contes de Dadié, ne se ressentent pas de l’hermétisme originel. Le public auquel s’adressent les contes de Dadié dispose de moyens de formations intellectuelle et morale qui l’amènent à rechercher presque exclusivement, dans cette œuvre, un délassement et une réimprégnation culturelle. En effet, cette œuvre pour une large part, vaut tant que témoignage sur la société traditionnelle. Dadié en étant conscient, met l’accent sur l’aspect esthétique en faisant la chair même de son œuvre des réalités culturelles des peuples ivoiriens, de la vie de tous les jours de ces derniers et de leur mode d’appréhension du réel. On touche ainsi l’essentiel du problème de l’art de Dadié et qui montre à souhait l’intérêt de cette étude. Il convient donc, une fois la nature et les caractéristiques du conte traditionnel définies, les intentions de Dadié établies, de rechercher comment il a mené son entreprise à bonne fin, autrement dit, comment il a réussi à assurer la cohabitation harmonieuse dans la même œuvre des données traditionnelles et des apports des littératures modernes européennes. Il faut souligner que dans la réalisation de l’entreprise de B. B. Dadié, il a été confronté aux difficultés inhérentes au conte traditionnel. Difficultés ressenties dans son entreprise de fixation et de dépassement par l’écriture. Mais l’analyse de la façon dont le conteur ivoirien surmonte ces difficultés montre une idée précise de son art et la mesure de son talent.

Le conte traditionnel se ressent de sa forme orale. C’est l’oralité qui en détermine la forme, les structures, les nombreux procédés qui en font le charme et qui heurteraient dans une littéraire écrite.

Le conteur ivoirien formé à l’école de la littérature écrite, adapte dans ses contes, des procédés littéraires tout à fait modernes. En outre, il use d’une langue étrangère, qui a son propre génie qui se manifeste quelle que soit l’ambiance culturelle où on recourt à elle. On voit le problème, Dadié étant loin de se borner à un rôle de traducteur ou de transcripteur, et manifestant partout le souci de donner une fidèle illustration de la spécificité de l’âme ivoirienne de ses contes, envisage de rien ménager dans la traduction fidèle du génie de son peuple. Il est évident que  génie est lié à la langue de ce peuple que tout y reflète, les intonations, les structures de phrases, les images et métaphores, les procédés de caractérisation. On sait dès lors la complexité du problème qui est d’ordre littéraire et linguistique. Les difficultés ainsi analysées sont multiples.

La première réside dans la volonté de l’auteur de fixer une tradition sans en trahir l’authenticité, tâche qui nécessite un long  contact avec cette civilisation, une connaissance approfondie de cette culture. Dadié jouissant d’une parfaite connaissance de son monde, des régions et des cultures alimentant son œuvre vont lui permettre d’éviter ce premier écueil, veut faire passer le génie d’un peuple dans une langue étrangère à laquelle l sauvegardait son originalité. Il s’agit là de la manifestation de la dualité culturelle dont B. Dadié se recommande. Son œuvre constitue l’une des illustrations les plus convaincantes de ce « métissage culturel » cher aux négritudiens  comme Senghor. Une autre difficulté, dont on trouve un écho dans le Pagne noir, c’est de redonner vie, d’adapter aux temps nouveaux les structures littéraires anciennes menacées d’anéantissement par le modernisme et l’expansion des cultures européennes liées à la civilisation technicienne. Au recours de cette littérature, Dadié apporte les formes de sensibilité modernes.

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