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Candidature pour une inscription en première année de doctorat

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Par   •  18 Septembre 2019  •  Chronologie  •  3 306 Mots (14 Pages)  •  564 Vues

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CANDIDATURE POUR UNE INSCRIPTION EN PREMIERE ANNEE DE DOCTORAT

Projet présenté par : Nabil MATI

Le Salafisme algérien entre le « local » et le « global » ; idéologie, acteurs, enjeux

Introduction

La mort récente, le 15 août 2018, à l’âge de 97 ans, de l’ouléma Abou Bakr Al-Jazaïri en Arabie saoudite et l’hommage qui lui a été rendu, sont venus rappeler l’importance du salafisme algérien à l’échelle internationale et son rôle oublié dans l’histoire contemporaine de l’islam politique. Ce cheikh était professeur à l’Université islamique de Médine et auteur d’un best-seller dans le monde musulman : Minhâj Al-Muslim (Le Guide du Musulman).

De son nom complet, Abou Bakr Jabir Ben Moussa Abdelkader Al-Jazaïri est né à Lioua dans le gouvernorat de Biskra en Algérie en 1921. Il a suivi des études coraniques avant de s’établir à Alger, alors sous administration française, à l’école d’Ibn Bâdis, haut lieu de la pensée réformiste à l’époque. Bien avant l’indépendance de l’Algérie, en 1953, il part poursuivre ses études en théologie en Arabie saoudite et obtient à l’Université de Riyad la maîtrise en droit musulman puis il est recruté comme enseignant : il sera professeur à l’Université islamique de Médine de 1960 jusqu’à sa retraite en 1986, et il est l’auteur de dizaines d’ouvrages dont 23 épîtres traitant de doctrine islamique.

Au Moyen-Orient en général et en Arabie saoudite en particulier, il est considéré comme le représentant du « salafisme maghrébin » issu de la pensée réformiste d’Abdelhamid Ibn Bâdis, fondateur de l’Association des oulémas musulmans algériens (mort en 1940). Il a notamment émis plusieurs fatwas appelant les jeunes à aller combattre en Afghanistan entre 1979 et 1989. Mais il a en même temps interdit la rébellion contre les gouvernants musulmans et il a émis des fatwas autorisant l’adoption du régime démocratique dans les pays musulmans et la tenue d’élections libres. Au sein de l’Union internationale des Oulémas musulmans, il fut une figure incontournable. Son parcours et son œuvre illustrent parfaitement l’évolution du salafisme algérien, héritier de la pensée d’Ibn Bâdis, qui oscille entre le « local » et le « global » depuis le début du vingtième siècle.

Le cheikh Abou Bakr Al-Jazaïri fait, en effet, partie d’une lignée d’oulémas qui ont marqué de leur empreinte durable le salafisme algérien, à l’instar d’un autre personnage non moins connu qu’est le cheikh Ahmed Sahnoun (1907-2003), surnommé le « Doyen de la prédication islamique ». Il est également issu de l’école d’Ibn Bâdis et fut élu, après la mort de ce dernier, au Conseil d’administration de l’Association des oulémas algériens. C’est ainsi qu’il devint, au fil du temps, l’une des références idéologiques majeures de plusieurs partis islamistes algériens. Bénéficiant d’une conjoncture politique favorable au lendemain des événements d’octobre 1988, il crée en février 1989 la Rabita (Ligue de la prédication islamique). Celle-ci avait pour objectif d’une part, de renouer avec « l’âge d’or de l’islam » sur le plan de la doctrine ; et d’autre part, de coordonner l’action des mouvements salafistes, sur le plan de la prédication et de l’action politique, afin de constituer un front d’opposition contre le pouvoir algérien, accusé de marginaliser les principes et les valeurs islamiques.

L’initiative du cheikh Sahnoun a permis l’émergence d’une nouvelle génération de leaders islamistes implantés au niveau local, en particulier à Alger. L’une des figures marquantes de cette génération est Ali Belhadj, ancien numéro deux du Front islamique du salut (FIS-dissous), convaincu que l’instauration d’un « État islamique » est constitué la seule alternative crédible pour sortir l’Algérie de la crise politico-économique.

Tous ces leaders partageaient un fond idéologique commun qui consistait en une idée simple : la nécessité d’un retour à « l’Islam des Pieux Salafs » (Islam Al-Salaf Al-Sâlih). Mais ils divergeaient d’une part, concernant la conception et le contenu doctrinal de ce retour au Salaf ; d’autre part, concernant les modalités pratiques de mise en œuvre de leurs idées sur un possible « État islamique ».

Il y avait également de nombreuses rivalités personnelles et des ambitions contradictoires parmi ces chefs, qui ont été exploitées par la sécurité militaire algérienne au cours des années 1990 pour mieux diviser et affaiblir la mouvance salafiste au profit de la mouvance concurrente des Frères musulmans, réputée plus pacifique.

À partir des années 2000, les courants salafistes changent de stratégie sous la présidence de Bouteflika. Ayant perdu beaucoup de leurs membres et de leurs soutiens dans les milieux populaires au cours de la décennie noire (1992-2002), ils délaissent progressivement l’affrontement direct et retournent aux sources en se concentrant sur la « prédication salafiste » (Al-Da‘wa). Ils ont été poussés dans cette voie par le pouvoir algérien lui-même qui avait mis en place une stratégie nationale pour la régulation du champ religieux, à travers une série de mesures visant notamment à contrôler la formation des imams et les prêches des mosquées, le discours religieux diffusé dans les médias, l’internet et les réseaux sociaux, etc.

C’est pourquoi le seul salafisme qui fut toléré et qui s’est rapidement diffusé en Algérie, à partir des années 2010, a été celui qui s’accommodait déjà d’un régime encore plus autoritaire, celui d’Arabie saoudite. En effet, le régime saoudien avait encouragé, après la guerre du Golfe (1990-1991), le développement d’un salafisme favorable au pouvoir en place, c’est-à-dire opposé à toute forme de rébellion ou de sédition (Al-Fitna), en avant le principe théologique selon lequel : « il vaut mieux un tyran qu’une sédition ». Le fondateur de ce salafisme pro-gouvernemental est un ouléma saoudien, Rabî‘ Al-Madkhali (né en 1931), qui a été favorisé et soutenu pour contrer les opposants au régime qui reprochaient aux Saoudiens d’avoir fait venir les Américains sur la terre sacrée de l’Islam et de s’être fait aider par des « mécréants » contre d’autres « musulmans » (le régime de Saddam Hussein).

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