Mon ressentie de mon voyage à Berlin
Mémoire : Mon ressentie de mon voyage à Berlin. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Hugo Bertrand • 24 Février 2019 • Mémoire • 1 244 Mots (5 Pages) • 580 Vues
« Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer : liberté. »
1942 . Paul Éluard.
Dans ce matin frais de janvier, je suis descendu d’un bus chauffé et confortable ; tel un être sorti d’un cocon mais je n’étais plus tout à fait le même.
L’on gravit la colline des Eparges ….
La colline des Eparges fut le théâtre de plusieurs offensives entre février et avril 1915, ainsi que de la guerre des mines que se livrèrent les deux camps en 1916 et 1917.
Au loin, vers l’est, la ligne bleutée de la Moselle, allemande en 1914. En contrebas, la plaine de la Woëvre trouée d’étangs. Au sud, un long ruban de villages alignés au pied des collines boisées. Sacré point d’observation que ces hauts de Meuse, premier relief sur lequel on bute en arrivant de Metz.
Dès 1914, les Allemands s’en emparent, provoquant les assauts répétés des Français pour reconquérir ces sommets stratégiques. Combats acharnés sous la forêt, le long de la tranchée de Calonne, où l’auteur du "Grand Meaulnes", Alain-Fournier, trouva la mort le 22 septembre 1914; folles offensives, de février à avril 1915, qui embrasent la crête des Éparges où la tuerie atteint son paroxysme; guerre des mines en 1916 et 1917.
Environ 50 000 soldats des deux camps seront tués autour des Éparges et de Saint-Rémy-la-Calonne. Et les restes de 10 000 d’entre eux sont enfouis à jamais dans les entrailles de la colline martyre.
En son point culminant, on s’arrête et je prends ce cliché d’un paysage hivernal, paisible blanchi par ces premières neiges…On distingue difficilement l’horizon, le brouillard et la brume accentuent une sensation étrange en moi…
Cet horizon que je vois au loin dans ces brumes matinales a dû être le bleu de tant de combattants…
Le bleu à l’âme, le bleu de la vie, le bleu de l’air que l’on respire mais aussi le rouge de tout ce sang versé, de ces chairs meurtries et de ces âmes pillées…
L’espace d’un instant, dans la douceur de la brise hivernale, je me propulse au cœur de la cruauté. Je fais face au tombeau à ciel ouvert de cette plaine.
J’imagine ce soldat aussi jeune que moi dans cette nature aujourd’hui harmonieuse, glissant son corps dans la boue des tranchées et scrutant l’horizon.
Horizon de barbelés, de tranchées, de corps et de sang entre mêlés … espace-temps tragique qui me glace. Ce paysage poétique qui a accueilli tant de cœurs, de souffrance, de cris de douleur, de morts aujourd’hui laisse place à l’apaisement, au calme et au recueillement.
L'horizon qui me semble si calme et si paisible aujourd’hui a été le témoin de toutes les atrocités mais aussi celui de tous les espoirs.
Pendant toutes ces périodes de souffrance d’horreur ces soldats, ces prisonniers, ces survivants avaient encore de la place pour la créativité l’écriture et laisser ainsi une trace de ce que l’humain est capable de faire par cupidité. Garder une part de créativité laissait place à l’espoir de sortir un jour vivant de ces épreuves.
L’horizon aura rassemblé. Bon nombre de combattants auront scruté l’horizon pour y voir l’ennemi ou apercevoir l’espoir d’une fin à cette guerre cruelle et barbare.
Le « bleu horizon » n’est pas sans rappeler le symbole de nos poilus au cours de la Première Guerre mondiale, il symbolise les anciens combattants et le nationalisme d’après-guerre.
Aujourd’hui « le bleu horizon » se retrouve au travers des bleuets afin de faire honneur à nos poilus lors des commémorations.
Cet horizon, ce paysage je le regarde en pensant à ceux qui l’ont regardé comme seul espoir de le revoir un jour. Ces prisonniers de guerre qui ont gardé la force le cœur et l’amour de leur pays comme remède aux sévices corporels et psychologiques.
Cette vue de leur cellule leur offrait l’horizon pour toute perspective d’avenir. Le regard de l’ancien prisonnier de guerre apparaît à mon esprit, si pétillant de vie et si humble d’avoir survécu à l’enfer de la Stasi…
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