La gestion de crise Christophe roux-dufort, un enjeu stratégique pour les organisations
Commentaire d'arrêt : La gestion de crise Christophe roux-dufort, un enjeu stratégique pour les organisations. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lydiajjj • 8 Février 2023 • Commentaire d'arrêt • 1 109 Mots (5 Pages) • 342 Vues
La gestion de crise Christophe roux-dufort
Un enjeu stratégique pour les organisations
Chap1 la crise comme évènement processus
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1 L'APPROCHE ÉVÉNEMENTIELLE
OU SYMPTOMATIQUE DES CRISES
En considérant la crise comme l'analyse d'un événement brutal et ponctuel, l'appro-
che événementielle lui confère plusieurs caractéristiques: la surprise, l'imprévisibilité
et l'improbabilité. Elle concentre aussi l'attention sur les symptômes ou sur les
événements précis qui ont déclenché la crise.
Hermann (1963), par exemple, définit la crise comme une situation qui menace
les priorités de l'organisation en
surprenant les décideurs, en restreignant leur temps
de réaction et en générant de fortes doses de stress. Il ajoute que les crises sont
généralement des événements imprévus. Bien que cette caractéristique soit souvent
acceptée dans la littérature, elle a fait aussi l'objet de discussions critiques. Forgues
(1993) explique qu'il faut éclaircir ce point en posant la question de la surprise
provoquée par les crises :
« Si l'on entend la surprise dans le sens où l'événement n'est pas du tout prévu, les
crises sont effectivement très rares et Tchernobyl ou la chute de l'Airbus à Bangalore
ne sont pas des crises, dans la mesure où il était envisageable et même prévisible, que
de tels accidents surviendraient un jour ou
l'autre. Si par contre, le sens est celui de
l'impossibilité de connaître précisément la date d'occurrence de ces accidents, alors
on peut en effet parler de surprise. Voilà pourquoi ce point est fréquemment omis dans
les caractéristiques d'une crise » (Forgues, 1993, p. 9).
Lagadec (1991) préfère utiliser le concept d'incertitude et d'inconnu pour exprimer
l'idée qu'une crise peut survenir à tout moment dans l'organisation sans que l'on puisse
planifier son occurrence.
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Première partie Vers une compréhension lucide des crises
L'approche événementielle se retrouve aussi dans les définitions qui privilégient
la fréquence et les conséquences. Les crises sont définies comme des événements dont
très importantes pour la survie de l'organisation (Reilly, 1993; Mitroff, Pauchant et
la probabilité d'occurrence est faible mais dont les conséquences sont potentiellement
Shrivastava, 1988: Weick, 1988). Cette définition circonscrit la crise à un événement
faible et un certain degré de surprise. Un boycottage de produit, un accident industriel
précis qui, pris isolément, peut effectivement revêtir une probabilité d'occurrence
qui peuvent surprendre considérablement les dirigeants d'une organisation. C'est
ou la circulation d'une rumeur diffamatoire
sont effectivement des événements rares
pourquoi les travaux qui adoptent cette perspective rapprochent la crise de l'événe
ment déclencheur et vont parfois jusqu'à les confondre.
Les tenants de l'approche événementielle laissent aussi une place importante à
d'autres caractéristiques des crises. D'une part, la rapidité, la compression du temps
de décision et le mouvement brownien des événements associés à la surprise sont
souvent privilégiés pour décrire la crise (Pearson et Clair, 1998; Lagadec, 1991:
Billings, Millburn et Schaalman, 1980). D'autre part, partant de l'événement déclen
cheur, ces auteurs privilégient l'analyse des conséquences pour définir les crises. Ils
s'en tiennent à évoquer fréquemment l'idée de menace sérieuse pour la survie de
l'organisation (Pearson et Clair, 1998;
Kovoor-Misra, 1995).
Comme le lecteur l'aura compris, l'approche événementielle est une étude de la
crise ex ante, c'est-à-dire dès que celle-ci s'est déclenchée sous l'impulsion d'un
événement. Le dirigeant ou le chercheur ne peut donc se prononcer sur la crise qu'à
partir du moment où celle-ci s'est déjà produite. En matière de gestion des crises.
l'approche événementielle conduit à favoriser une posture essentiellement réactive et
peut dans certains cas maintenir l'organisation dans une position attentiste. Le terme
de gestion des crises s'apparente alors aux méthodes et aux outils de gestion destinés
à gérer la crise lorsque celle-ci s'est déjà déclenchée. Le caractère improbable,
imprévisible ou surprenant d'une crise conduit les organisations à concentrer leurs
efforts sur la limitation des dégâts plus que sur une démarche d'anticipation et de
prévention.
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L'APPROCHE PROCESSUELLE DES CRISES
Si l'approche événementielle associe les caractéristiques d'une crise à la surprise,
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