Hernani, révolution par le fond et la forme

Hernani est une pièce théâtrale écrite en 1829 par Victor Hugo et qui s’inscrit dans le romantisme, que cette pièce initié début XIXème. Représentée en 1830, la pièce connaît une forte polémique durant sa représentation car ouvre un nouveau mouvement, le romantisme. Ce mouvement se veut plus réel, plus proche des hommes, moins abstrait, mettre au centre de l’attention l’homme et ses sentiments. Nous verrons donc pourquoi Hernani suscite une telle animosité entre la jeune France et les classiques ? Tout d’abord nous commencerons par voir en quoi cette pièce est-elle révolutionnaire sur son fond et ensuite pourquoi l’est elle aussi par sa forme.

Hernani se détache du corps théâtral classique en adoptant des caractéristiques propres, comme l’adresse plus proche au peuple. En effet, dans l’acte IV scène II, Don carlos fait un long monologue sur son rôle en temps que souverain et éventuel futur empereur. Dans ce dernier il avoue son devoir de bien agir envers son peuple, qui devrait être au centre des préoccupations du souverain. Victor Hugo inscrit ainsi son oeuvre dans ce mouvement romantique déjà entamé. Il souligne le fait que le roi a des obligations envers ce peuple auquel il doit beaucoup: “D'une foule d'états l'un sur l'autre étagés/ être la clef de voûte” (1280). La clé de voûte symbolise ce peuple, bien plus important aux yeux de Victor Hugo que le souverain. En faisant référence à cette clé de voûte dans son oeuvre il fait ici une adresse plutôt directe au peuple, car les états se forment à partir des peuples qui les habitent et rien ne peut se faire sans eux, quoi qu'en pense les royalistes. Victor Hugo, est un romantique assumé dès la préface de Cromwell, dans cette préface VH définit ce qu’est le drame romantique, un drame qui n’a pas à suivre les règles classiques et qui tend à montrer la réalité de l’homme, être plus proche de sa véritable nature, son côté grossier également, le grotesque fait partie entièrement d’une oeuvre romantique. L’importance du peuple dans son oeuvre est primordiale, il occupe une place extrêmement forte car occupe toute la pensée de Don Carlos dans son monologue notamment. Pour Don Carlos le peuple et son bien être est au dessus de son propre trône. Autre que cette adresse directe, Victor Hugo utilise à plusieurs reprises des mots du langage familier de l’époque comme “bandit”, scène II, acte I, utilisé vulgairement à l'époque et qui choque le public classique a pour but de donner au théâtre un côté plus réaliste, en utilisant un vocabulaire réel et utilisé par la majorité de la population quotidiennement. Cependant il s’agit d’un geste envers le peuple français que fait ici Victor Hugo, il montre le changement qui s’opère dans le théâtre français et le renouveau qui commence ainsi que la place du réalisme dans le romantisme. Ce renouveau s’inscrit non seulement dans les arts mais également plus largement au sein de la société.

Ce changement au sein de la société, VH le souligne en présentant Charles Quint, i.e Don carlos avant son élection, comme le monarque idéal qui prend l’intérêt de la majorité de son peuple en compte. A l’instar de ce que fait Charles X au même moment en France en privilégiant les Ultra et les partisans de la monarchie plus largement et en lésant le peuple, majorité de la population qui trouve cette monarchie parlementaire inégale et injuste. VH le dénonce en présentant Charles Quint comme un souverain qui a conscience de sa position et de ses pouvoirs mais aussi de ses devoirs envers son peuple: “onde sans cesse émue, / Où l'on ne jette rien sans que tout ne remue! /Vague qui broie un trône et qui berce un tombeau! /Miroir où rarement un roi se voit en beau!”. Il a conscience qu’il n’est qu’un homme sur lequel une “onde” porte ses yeux, attend beaucoup de lui.

Le peuple est bien dans l’esprit du nouveau souverain qui se demande à juste titre s’il est capable, dans l’avenir, de gouverner justement ses sujets: “Gouverner tout cela! /Monter, si l'on vous nomme, / A ce faîte! / Y monter, sachant qu'on n'est qu'un homme.” “Tout cela” représente l’empire qu’il va peut être gouverner et cette tâche qui lui semble immense.

La place du peuple, comme dit plus haut est extrêmement importante pour VH, toujours dans ce monologue de Don Carlos: “Ah! le peuple! océan! /onde sans cesse émue”. Le peuple occupe la place principale dans les premières lignes du monologue, montrant ainsi son importance. Il occupe l’esprit du monarque, “empire” ou “monde” le montrent bien, ces derniers sont l’unité supérieure du peuple que le souverain se doit de bien diriger. Directement ou indirectement, le peuple est présent tout au long de l’oeuvre. Démontrant que les Etats ne sont pas seulement des territoires mais également les hommes qui les peuplent, Hernani est réellement romantique dans sa proportion a investir le peuple pleinement dans le rythme de l’oeuvre. De plus, Charles Quint, humble face à tant de responsabilité s’en remet aux conseils de Charlemagne qui pour lui est le seul souverain qui pourrait l’idée à guider une telle masse d’hommes: “Apprends-moi tes secrets de vaincre et de régner, / Et dis-moi qu'il vaut mieux punir que pardonner!”. VH souligne le fait que l’empereur n’est qu’un homme

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